Les environnementalistes ne sont pas contents de leur affectation dans les administrations paramilitaires des eaux et forêts. Réunis au sein du Syndicat national des environnementalistes de l’État (SYNAEE), ils ont rencontré ce mardi 28 mars 2023, le ministre de la fonction publique, du Travail et de la Protection sociale, Bassolma Bazié, à qui ils ont remis une plateforme contenant leurs revendications.
Pour le SYNAEE, il est inconcevable que la famille d’emplois « Gestion de l’environnement » soit affectée et maintenue dans les administrations sous le commandement du cadre paramilitaire des eaux et forêts, alors qu’ils ont été recrutés pour exercer leurs emplois permanents dans les administrations civiles de l’Etat. « Notre famille d’emploi gestion de l’environnement régie par la loi 081 est la seule de toute l’administration publique burkinabè à avoir une hiérarchie de type militaire dont les officiers nous affectent dans les administrations sous le commandement du personnel du cadre paramilitaire des eaux et forêts. Or la loi 081 nous destine à exercer les attributions de notre famille d’emplois dans les administrations à caractère civil», a fustigé devant le ministre, le porte-parole du SYNAEE, Paul Kibsa Lengane.
De ses explications, ses camarades du syndicat et lui ont maintes fois interpellé l’Etat burkinabè afin qu’il corrige cette « injustice » faite à leur égard, mais en vain. Et cela fait maintenant 17 années que le problème perdure. Par cette action chez le ministre de la Fonction publique, les militants du SYNAEE disent donc vouloir attirer l’attention des autorités de la transition actuelle afin qu’elles se penchent sur la question. Ils exigent principalement leur retrait des administrations paramilitaires des eaux et forêts et leur redéploiement dans des administrations à caractère civil. « Depuis 17 ans, nous exerçons dans des administrations paramilitaires des Eaux et forêts où nous sommes des subordonnés de façon systématique d’une hiérarchie paramilitaire. (..) Nous réclamons notre retrait urgent des administrations sous le commandement paramilitaires des eaux et forêts pour être redéployés dans les administrations civiles de l’État », a lancé Monsieur Lengane.
En recevant la doléance du SYNAEE, le Ministre d’Etat en charge de la fonction publique, Bassolma Bazié a fait remarquer aux militants de ce syndicat que le ministère de l’environnement n’est pas le seul département ministériel à avoir une administration paramilitaire. « S’il est vrai que la loi 081 régit les civils et qu’il y a une autre loi qui régit les militaires et les paramilitaires, le ministère de l’environnement n’est cependant pas le seul où il y a les paramilitaires. Au niveau du ministère de l’économie et des finances, il y a des douaniers. Ce sont des paramilitaires. Pourquoi il n’y a pas de crise au niveau du ministère de la justice, il y a la garde de sécurité pénitentiaire, pourquoi il n’y a pas de problème ? Au niveau de la police également, dans l’administration, il y a des civils mais pourquoi il n’y a pas de problème ? », leur a-t-il demandé. Pour Bassolma Bazié, il n’y a pas lieu de créer polémiques sur cette question car dit-il, « la loi qui régit tous les Burkinabè, c’est la constitution du 11 juin 1991». Il a ajouté que « c’est cette loi qui régit l’ensemble des Burkinabè » et que chacun doit servir le pays sur cette base.
« Servir le pays sous la base de calculs qui pourraient arranger tel groupe ou tel groupe, moi je ne rentre pas dans ces parenthèses. La question de l’organigramme qui a été évoquée ici, l’organigramme d’un ministère est une ossature, un squelette architectural d’un ministère pour qu’il puisse fonctionner. L’organigramme ne détermine pas qui doit être nommé à un poste de responsabilité et qui ne doit pas être nommé. Ça, c’est le fonctionnement et la mise en œuvre de l’organigramme. Maintenant, si quelqu’un prend l’organigramme qui est le squelette d’un ministère, pour en faire autre chose dans la fonctionnalité, cela ne nous engage pas. Il faut qu’on soit clair là dessus », a-t-il martelé.
Du reste, il a rappelé que ce dossier ne lui est pas étranger. Ayant été lui-même syndicaliste, il dit avoir déjà statué sur cette affaire et qu’il maîtrise par conséquent tous ses contours. « Sur ce dossier, j’étais déjà intervenu bien avant que je ne sois ministre, et même quand j’ai été nommé ministre, j’ai eu une rencontre au niveau du ministère avec l’ex-ministre du premier gouvernement et ce jour, il y avait non seulement les représentants des Eaux et forêts, mais aussi tous les représentants des environnementalistes. Ce jour, j’ai dit que je ne traite pas des questions de clans dans l’administration. Je ne traite pas des questions de groupuscules dans l’administration. Je traite des questions des Burkinabè dans l’administration » relevé dit Bazié. Il a néanmoins promis que la doléance du SYNAEE sera transmise à qui de droit pour une issue favorable.
Jean-François SOME (Stagiaire)
Minute.bf