dimanche 8 septembre 2024
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Burkina : « les réseaux sociaux peuvent devenir un outil de détricotage de notre processus démocratique » (Pr Augustin Loada)

Le Conseil supérieur de la communication (CSC) et le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) ont initié une conférence publique, ce samedi 15 juillet 2023 à Ouagadougou, en vue de d’inciter la jeunesse à une utilisation responsable des réseaux sociaux. Pour le Pr Augustin Loada, il est impératif de réguler l’utilisation des réseaux sociaux, au risque de les voir devenir des « sabres » pour les valeurs démocratiques.

L’organisation de cette conférence publique, selon le président du Conseil supérieur de la communication, Abdoulazize Bamogo, est d’inviter les utilisateurs à faire attention à ce qui est dit sur les réseaux sociaux. Cela, parce qu’ils constituent le principal outil de communication, d’information et d’expression des populations et des jeunes. « Si nous nous exprimons bien, nous pouvons aider notre pays à renforcer la cohésion sociale et créer les conditions d’un retour à la paix. Mais, si nous nous exprimons mal, c’est nous qui allons semer les graines de la discorde et créer des situations où les gens s’en veulent les uns les autres et rendre difficile le retour de la paix », a-t-il soutenu.

Abdoulazize Bamogo, président du CSC

À l’en croire donc, cette conférence avait pour but « d’interpeller les utilisateurs des réseaux sociaux à être responsables, à être des vecteurs de paix et d’éviter la désinformation, les discours de haine et l’appel à la violence ».

Justement, le Pr Augustin Loada, a exposé, à cet effet, sur le thème : « Comment mettre à profit les réseaux sociaux pour promouvoir les valeurs citoyennes dans un contexte de crise sécuritaire, de tension sociale et de transition politique? ». Pour cet enseignant de droit, « les réseaux sociaux peuvent devenir un outil de détricotage de notre processus démocratique, un sabre de nos valeurs démocratiques, si on laisse faire ». Des valeurs constitutionnelles, notamment, l’État de droit qui garantit l’exercice des droits collectifs et individuels, le pluralisme, les valeurs républicaines, la probité, le caractère démocratique du pouvoir, sont mises à rude épreuve par la mauvaise utilisation des réseaux sociaux, a déploré le Pr Loada. Malheureusement, en ce qui concerne la Charte de la transition actuelle, déplore le Pr. Loada, des valeurs comme, « la dignité de la personne humaine, le civisme, la citoyenneté, la vérité, la justice, la réconciliation, le respect des droits humains, la bonne gouvernance, le dialogue et l’inclusion, sont malmenées sur les réseaux sociaux ».

Pourtant, les valeurs qui sont à préserver et à encourager sont, « le dialogue , la communication, la non-violence et la résolution pacifique des conflits, qui impliquent de rejeter la violence comme moyen de résolution des conflits et promouvoir des méthodes pacifiques de négociation et de résolution des problèmes ; l’empathie et la compassion envers les autres, en particulier envers ceux qui souffrent des conséquences de l’insécurité et des tensions ; l’unité et la cohésion nationale pour faire face aux défis communs et promouvoir le bien-être collectif ; la liberté d’expression et la diversité des opinions, le débat ouvert et constructif, le rejet des discours de haine et la désinformation », a énuméré Augustin Loada.

« La prévention par la régulation et l’éducation »

Pour palier à ce problème, suggère Augustin Loada, il faut investir dans la prévention et l’éducation. Comme méthode alternative, propose l’enseignant de droit, il est possible d’envisager le renforcement de la régulation des réseaux sociaux « par le signalement, la détection automatique et l’invisibilisation ». Le Pr Loada encourage dans ce sens, toutes les OSC, des partis politiques, soucieuses des valeurs citoyennes à « encourager leurs militants et sympathisants, non seulement à faire un bon usage des réseaux sociaux, mais aussi à intervenir pour contrer de manière constructive les mensonges, les fausses informations, les dérapages ». Mieux, « quand vous voyez un message qui est faux, haineux sur les réseaux sociaux, il y a deux possibilités. Soit lire et passer. Soit apporter, rétablir les faits. Si vous avez l’information juste, régulez cette information et passez. Mais si vous ne dites rien, par votre passivité vous contribuez à répandre la fausse information alors que vous avez l’occasion de réguler », a pratiquement conseillé le Pr Augustin Loada.

Une vue du public présent à la conférence publique

« L’autre méthode préventive, c’est l’éducation des utilisateurs. L’éducation au “bon usage” doit porter notamment sur Internet, la messagerie, les réseaux sociaux, la circulation des images et leur contrôle, la protection de la vie privée, la capacité à distinguer les sources et à ne pas tomber dans les phénomènes de rumeur », a-t-il conseillé.

« Si la prévention échoue, on peut alors recourir à la répression judiciaire si l’on évolue dans le contexte d’un État de droit démocratique. D’ailleurs, la sanction est parfois plus instructive, plus éducative qu’un simple discours », a-t-il envisagé.

À sa suite, Simon Yaméogo, Chargé de mission au CSC, a expliqué aux participants, les 10 conseils du CSC pour une utilisation responsable des réseaux sociaux. Son intervention a porté sur « Comment utiliser de façon responsable les réseaux sociaux et les émissions d’expression directe? ».

Mathias Kam
Minute.bf

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