dimanche 8 septembre 2024
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Burkina : L’Institut Free Afrik pose le débat sur la contribution de la culture face à la crise

Dans le cadre de la 10e promotion de l’Université de la jeunesse de l’Institut Free Afrik, une conférence publique a été organisée sous le thème : « Culture et développement : que peut la culture face à la crise ? ». Cette conference qui s’est tenue, le vendredi 22 septembre 2023 à Ouagadougou, a été animée par le cinéaste, Gaston Kaboré et le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, économiste et par ailleurs directeur exécutif de l’Institut Free Afrik.

Selon le cinéaste Gaston Kaboré, la culture c’est un vécu par des peuples, des communautés. Pour lui, « l’être humain est avant tout culturel ». Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, économiste et directeur exécutif de l’Institut Free Afrik, a différencié la culture de la tradition. « La culture c’est aussi le vivant. Elle n’est pas figée. La culture est une dynamique, une matière qui se crée et se recrée », a-t-il commenté. Citant le Pr Joseph Ki-Zerbo, il a indiqué que la culture est partout. « La culture, c’est tout ce qu’on ajoute à la nature qui permet de sortir de l’inédit et crée des merveilles. C’est une énergie indéfiniment renouvelable », a-t-il laissé entendre, en Joseph Ki-Zerbo.

Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik

Si l’on suit le développement du Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, la crise sécuritaire et ses effets collatéraux qui frappent le Burkina Faso sont « la conséquence d’une instrumentalisation de certains paramètres culturels ». Il s’agit d’une instrumentalisation ethnique, religieuse et une production d’un discours de haine qui a été diffusé dans les radios, notamment dans la province du Soum, région du Sahel, par Malam Dicko, premier chef terroriste du Burkina Faso. Ce dernier a utilisé, des explications du Dr Ouédraogo, la radio pour faire passer un message, pour construire une idéologie. C’est pourquoi, Dr Ra-Sablga Ouédraogo soutien que le terrorisme est d’abord « un produit culturel ». « C’est un investissement idéologique qui a fabriqué cela. À partir du moment où on comprend cela, on se rend compte que la réponse au terrorisme doit aussi emprunter les voies culturelles », a-t-il argumenté.

Par ailleurs, l’économiste a souligné que les terroristes en dehors d’attaquer les Forces de défense et de sécurité s’en prennent aux infrastructures culturelles dont l’école. « Donc il faut aussi comprendre que la réponse à ce problème doit être la production d’une contre culture. Une culture favorable à la paix, une culture qui ne nous emmène pas dans la dynamique mortifère qui est celle dans laquelle on s’approche », a-t-il souhaité.

En tout état de cause, selon l’enseignant-chercheur, la culture peut nous aider dans cette lutte contre l’hydre terroriste. « Nous, on ne croit pas que c’est dans tous les sens que la culture peut le faire. Le terrorisme est un produit culturel. On peut avoir une conception folklorique de la culture, et quand c’est comme cela, on a l’impression que la solution se trouve toute faite dans le passé. Or ce n’est pas ça. Le passé va nous éclairer mais la réponse est à inventer si on a une conception de la culture comme étant quelques choses de dynamique, la création, comme étant l’innovation. Certes, à partir de la connaissance de notre histoire, de notre passé, si on a cette conception on sait voire comment la culture peut produire du sens pour nous permettre de comprendre ce qui nous arrive, ensuite tisser des liens, à partir de la nourriture culturelle, on peut permettre à la communauté de se ressouder », a-t-il éclairé.

Du reste, pour le directeur exécutif de Free Afrik, la chose décisive c’est que la culture est un formidable moyen d’essayer de rassembler la nation. « Les postures politiques, syndicales et tout, ce sont des postures de clivage. Une posture qui partirait de la culture comme étant une méthode, une capacité à comprendre les choses plurielles, à voir la chose pas de façon univoque. Mais aussi la culture pour nous permettre de créer des instances de délibération collective. Comment on va se parler entre nous en toute franchise pour pouvoir mieux nous comprendre et créer un consensus pour faire face à l’ennemi. C’est indispensable et ce n’est pas en rang dispersé qu’on peut faire cela », a-t-il soutenu, tout en insistant sur le fait que « la culture seule ne pourra pas tout résoudre, mais elle peut jouer un rôle décisif ».

Gaston Kaboré, cinéaste, conférencier

Pour le cinéaste, Gaston Kaboré, la crise imposé aux Burkinabè de se poser de manière frontale les questions essentielles. D’après lui, il serait naïf de penser que tout de suite nous allons sortir de la crise, parce qu’on a trouvé des réponses culturelles. « La culture n’est pas une chose qui existe qu’on va attraper. Elle est en perpétuelle mutation. Elle peut nous aider à nous en sortir par la production de sens, par nos choix personnels, individuels, et collectifs. Sans la culture, on s’en sortira encore moins bien dans cette crise. Ce qu’il faut faire c’est se poser des questions à partir de la situation d’aujourd’hui pour inventer des nouvelles réponses, ce qui va nous obliger à réquisitionner certains dispositifs culturels qui existent comme la parenté à plaisanterie », a-t-il apporté pour sa part.

En guise d’information, l’institut Free Afrik, qui s’est donné pour leitmotiv la formation des jeunes leaders de demain, a, en 10 ans, déjà formé 361 jeunes. Ces jeunes ont pu acquérir des connaissances dans plusieurs domaines. La 10e promotion, par exemple, a été formée par 38 formateurs de divers secteurs. Cette promotion a visionné une quinzaine de films qui parlent du Burkina Faso et de l’Afrique.

Mathias Kam
Minute.bf

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