L’Opposition Non-affiliée (ONA) était face à la presse ce jeudi 13 août 2020, à Ouagadougou. Il s’est agi pour elle d’aborder les questions concernant la légitimité de son existence et la crédibilité de ses analyses. Elle a rejeté par ailleurs le projet de modification du code électoral qu’elle juge non consensuelle.
Le conférencier du jour, Abdoulaye Soma, président de la conférence des présidents de l’ONA, a rappelé à l’entame des échanges avec les hommes de média que la déclaration officielle sur l’existence de l’ONA a été faite le 26 avril 2020 et d’ajouter que « les analyses faites et les expériences vécues démontrent incontestablement que l’existence de l’ONA est fondée autant sur le droit que sur la pratique. Les dispositions juridique et politique référenciées ont fini de convaincre même les plus sceptiques et les plus hostiles que l’ONA est un grand bloc de la classe politique dont la légitimité s’impose dans les faits ».
La déclaration originaire sur l’existence de fait d’un troisième bloc de la classe politique qu’est celui de l’opposition non-affiliée avait, selon le président, suscité scepticisme chez certains, hostilité chez d’autres et incompréhension chez certains autres. « Aujourd’hui, la sagesse, la lucidité et les vérifications faites ont fini de mettre d’accord tout le monde sur la normalité et la légitimité de l’existence de l’ONA », a-t-il lancé avant de faire savoir que le CFOP et l’ONA s’accordent dans leurs concertations pour admettre qu’il n’y a pas d’antinomie systématique réciproque entre ces deux blocs de l’opposition politique burkinabè.
Sur les élections couplées présidentielles et législatives, l’ONA dit prendre la responsabilité assumée d’interpeller sur la nécessité de tenir des élections conformes à la Constitution. De ce fait, elle affirme être inquiète de ce que la situation sécuritaire en l’état affecterait objectivement le principe constitutionnel de l’universalité du suffrage. Cette analyse, selon les Non-affiliés, s’est avérée crédible car « les enjeux que présente la situation sécuritaire sur la normalité et la validité des élections qui avaient été détectés par l’ONA ont été constatés dans un rapport officiel de l’Assemblée nationale, ainsi que dans les analyses d’autres acteurs ».
L’ONA, à travers son président, a déclaré lors de cette sortie médiatique « qu’une modification du code électoral à moins de six mois avant les élections n’est concevable qu’avec le consentement d’une large majorité des acteurs politiques, et que le projet unilatéralement et non conventuellement engagé par le gouvernement en violation des lois nationales et internationales doit être empêché par tous les moyens juridiques, politiques et démocratiques ».
M. Soma a renchéri dans cette même dynamique que l’article 28 du projet de statut de Molabo de la cour africaine de justice et de droits de l’homme intègre parmi les faits constitutifs du crime de changement anticonstitutionnel de gouvernement « toute modification substantielle des lois électorales durant les six mois précédant les élections sans le consentement de la majorité des acteurs politiques ».
Par conséquent, pour lui, le projet de modification du code électoral tel qu’engagé sans le consensus sera considéré comme un changement anticonstitutionnel et devra être empêché avec la même vigueur avec laquelle le peuple a combattu le changement anticonstitutionnel de gouvernement en 2014.
L’ONA souhaite alors, par la voix de son président, des élections valides conformément et strictement selon les principes constitutionnels et les standards démocratiques.
Soumane Touré, secrétaire général du PITJ a, quant à lui, fait savoir que lorsqu’il s’agit de constitution, ce sont tous les acteurs nationaux qui doivent être impliqués et que ce ne sont pas seulement les partis politiques. Selon lui, par le passé, le peuple a fait cela pour trouver des solutions pacifiques aux crises qui s’étaient posées dans ce pays. « Ils ne veulent pas de nous dans la concertation aujourd’hui parce qu’on est là pour leur rappeler les dispositions de la constitution et des conventions internationales. Et ils savent à l’avance que nous ne serons pas d’accord avec ce qu’ils veulent faire et dans ce cas, il n’y aurait pas de consensus. Ils veulent garder cela entre eux deux, la majorité et CFOP», s’est exprimé M. Touré.
Hervé Kinda
Minute.bf