vendredi 18 octobre 2024
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Burkina : L’orpaillage au féminin, un moyen d’émancipation des femmes 

Fatimata Sawadogo est originaire de la commune de Tem Bokin dans la province du Passoré. Elle est aujourd’hui présidente d’une association qui regroupe les femmes dans le domaine de l’orpaillage artisanal au Burkina Faso. Minute.bf est allé à la rencontre de l’Association des Femmes orpailleurs du Burkina (AFOB) créée il y a environ une demi-année, et qui compte déjà plus de 500 membres.

Fatimata Sawadogo travaille dans un site aurifère à Gaoua (dans le Sud-Ouest du Burkina) plus précisément dans le village de Dindora. Au siège de l’association sis à Ouagadougou où Minute.bf l’a rencontrée ainsi que les autres membres de ce groupement de femmes, elle a donné les mobiles qui ont milité à la mise en place de cette association. « Nous avons décidé de créer l’association parce que, s’il y a une situation dans le domaine de l’orpaillage, ce sont les hommes qu’on écoute et on laisse les femmes. Il est vrai que nous sommes également dans une association avec les hommes, mais à chaque fois, ce sont eux qui sont devant et nous derrière alors qu’on travaille tous pour le même Burkina », s’est défendue Mme Sawadogo. 

Ainsi, au sein de cette association, ces femmes ont décidé de faire le même travail que les hommes sur les sites d’orpaillage. « Concrètement, nous aussi, on creuse des trous et on a mis en place des points pour extraire l’or et gagner ce qu’on peut gagner pour subvenir à nos besoins et prendre soin de nos familles », a détaillé la présidente de l’association.

Fatimata Sawadogo, présidente de l’AFOB

En outre, à en croire Fatimata Sawadogo, l’association vit pour le moment grâce aux cotisations internes. Mais qu’à cela ne tienne, l’association a facilité le métier de certaines femmes dans leurs activités sur les sites d’orpaillage. « Il y a des femmes sur le site qui n’ont pas de moyens pour travailler, mais avec l’association, on a pu mettre en place des hangars où elles peuvent laver l’or. Par exemple, on te fait un hangar, tu travailles et on divise la recette par 3. Le propriétaire prend deux parts et toi qui travailles, tu prends une part », a-t-elle fait savoir. L’AFOB a aussi mené d’autres activités dont, des journées de salubrité, des séances de sensibilisation auprès des jeunes femmes qui travaillent sur les sites en partenariat avec des centres de santé, des tests de dépistage sur le col de l’utérus, le VIH/SIDA et l’hépatite.

Pauline Badini dénonçant les clichés sur les femmes orpailleurs

L’AFOB dans un élan de solidarité avec les PDI… 

Pour la Secrétaire générale (SG) de l’association, Pauline Badini, le besoin de formation et de matériel est pressant. « Nous avons besoin de matériels pour le lavage d’or. On nous dit de lutter contre le mercure alors que nous n’avons pas d’autres moyens d’extraire l’or sans utiliser le mercure », confie Pauline Badini, qui demande le soutien du ministère en charge des mines pour l’acquisition de ce matériel de lavage d’or.

Également, demande-t-elle, à l’instar des autres domaines, des formations au profit des femmes orpailleurs parce que les femmes ont besoin d’être formées pour apprendre davantage sur ce métier. Les difficultés, révèle la SG de l’AFOB, ne manquent pas. Ce sont, de l’avis de Mme Badini, les préjugés, notamment les accusations de prostitution des femmes sur les sites. « Il arrive souvent qu’on ait des soucis avec nos familles en partant sur les sites. Elles pensent que vous partez pour autres choses et non pas pour chercher l’argent. Pourtant, nous les femmes qui sommes sur les sites, nous sommes là pour chercher notre pain », assure-t-elle.

L’association a reçu une attestation de participation aux Journées de l’artisanat minier

Aussi, poursuit Pauline Badini, sur le site, des femmes arrivent à acheter des motos, des véhicules, etc. grâce à leur détermination. « Si tu n’es pas paresseuse seulement ce que tu veux, tu vas avoir sur les sites. On dit que sur les sites les femmes se prostituent, en ville aussi les femmes se prostituent. L’essentiel, c’est de savoir ce que tu veux », est convaincue Mme Badini.

Selon Pauline Badini, l’association n’est pas en reste de la situation humanitaire du Burkina. Pour preuve, l’association a été solidaire à travers des dons envers les femmes déplacées internes de Kaya (au Centre-Nord du Burkina). « On a pu réunir pas moins de 63 complets de 3 pagnes, une tonne et demi de riz, 100 chaussures, plus de 200 tenues complètes que moi-même j’avais cousu pour aller les donner », a détaillé la présidente de l’association.

Minute.bf

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