Le 21 janvier 2019, Christophe Marie Dabiré était fait nouveau Premier ministre du Burkina Faso en remplacement de Paul Kaba Thieba. Il héritait d’une patate chaude tant et si bien que le pays traversait une crise sans précédent sur les plans économique, sécuritaire et soiale. Aujourd’hui, au regard de l’évolution des événements, peut-on dire que « le Vieux » a été le coaching gagnant pour Roch Kaboré ?
Réélu au premier tour président du Burkina Faso à la faveur de l’élection présidentielle du 22 novembre 2020, Roch ne compte plus cheminer sans ce « Vieux sage » qui a pu adoucir le feu des remous que connaissait le pays durant les premières années de sa mandature. C’est concevoir ici qu’avec ses 73 ans, le Premier ministre Christophe Marie-Joseph Dabiré semble plus respecté par la classe syndicale qui joue balle à terre à chaque fois que les problèmes arrivent sur la table de la primature.
Ce 5 janvier 2021 au journal de 20h de la télévision nationale, la nouvelle tant attendue est tombée. Christophe Marie-Joseph Dabiré a été à la tête de exécutif burkinabè. Roch Marc Kaboré lui a renouvelé sa confiance et l’assure de son « plein soutien » pour la réussite de sa missions.
Pour rappel, Christophe Marie Dabiré, lorsqu’il prenait la tête du gouvernement en remplacement de Paul Kaba Thieba, le pays était dans un contexte de menaces terroristes et de grogne sociale bouillonnante. Les attaques terroristes qui se répétaient dans le nord du pays début 2015 avaient fini par s’étendre, en quatre ans, à une large partie du territoire, devenant de plus en plus fréquentes et meurtrières. Les terroristes ont aussi perpétré plusieurs prises d’otages et en face, les forces de sécurité burkinabè faisaient de leur mieux pour enrayer ces violences.
Christophe Marie-Joseph Dabiré en son temps était donc venu satisfaire la volonté du président Roch Marc Christian Kaboré qui était de donner un nouveau souffle à l’action du gouvernement.
Mission réussie pour Christophe Dabiré ?
Concours de circonstances ou pas, on peut dire que sur le plan sécuritaire avec la loi autorisant le recrutement des Vontaires pour la défense de la patrie (VDP) et avec d’autres mesures prises sur le plan militaire, « sans avoir de statistique », on peut retenir que l’armée burkinabè a fait mieux face au terrorisme sous le magistère de M. Dabiré. Sur le plan social, le gouvernement burkinabè a su gérer la fronde sociale et juguler les grèves, les blocus et autres grognent des syndicats même si ceux-ci promettent une seconde mi-temps vengeresse.
Le vieux et son gouvernement ont pour l’instant su gérer tant bien que mal la crise des salariés sur l’application de l’Impôt Unique Sur le Traitement et salaires (IUST) appliqué sur les primes et indemnités des salariés. Mais, faut-il le rappeler, l’avènement du Covid-19 a été un coup de pouce pour le gouvernement. Alors que les syndicats avaient arrêté leur plan pour exécuter leurs « frappes stratégiques et chirurgicales » contre le gouvernement, eux qui comptaient sur la masse ont vu leur stratégie être déjouée par le Covid-19, avec l’interdiction des rassemblements.
Sur le plan sanitaire, la gestion du Covid -19, même s’il y a eu une « cacophonie » sur le plan communicationnel, a également été plus ou moins satisfaisante, car dans la gestion de la crise, à part la dernière recrudescence du taux de contaminés, on peut dire que le pays a fait mieux que ses voisins.
Finalement, Christophe Marie Dabiré fait-il l’affaire?
Pour le moins que l’on puisse dire, Roch a répondu par l’affirmative en le reconduisant comme Premier ministre. Une confiance renouvelée pour ce fils de Wizin dans le Sud-Ouest du pays, même si certains analystes pensent qu’il a été reconduit par défaut à cause des tractations internes entre les poids lourds du parti pour se trouver son remplaçant.
Bref, les défis qui l’attendent sont connus. Il devra mettre sur rails le programme du président Roch Kaboré réélu. Pour ce faire, il devra engager le chantier de la réconciliation nationale; renforcer la sécurisation du territoire pour favoriser le retour des déplacés internes dans leurs villages respectifs comme promis par le président du Faso; contenir la grogne sociale, les syndicats ne s’étant pas avoués vaincus sur la question de l’IUTS et autres plate-formes revendicatives. Ce gouvernement est aussi attendu, sur le terrain de la lutte contre la corruption. En effet, certaines études ont révélé que durant les cinq ans de la gouvernance de Roch Kaboré, le taux de corruption a augmenté. Ce nouveau gouvernement devra montrer sa bonne foi à lutter contre la corruption.
« Au pied de guerre? » Pour ce qui est sûr, nous reverrons donc « Le vieux » Christophe Marie-Joseph Dabiré à la manoeuvre avec sa nouvelle équipe gouvernementale qu’il devra constituer dans les prochaines heures ou jours.
Là aussi, la formation du nouveau gouvernement est un autre challenge au regard de la nouvelle carte politique redessinée à la faveur des élections couplées présidentielle et législatives de novembre 2020. Va-t-il former un gouvernement d’union nationale comme certains le prédisent? Va-t-il débarquer de leur poste les partenaires politiques d’hier qui ont mordu la poussière aux élections passées? Wait and see.
La rédaction