Le Premier ministre, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, a présidé, ce lundi 4 septembre 2023 à Ouagadougou, la cérémonie de montée des couleurs de la Primature. A cette occasion, il s’est exprimé sur la souveraineté du Burkina Faso, en lien avec l’actualité nationale et sous-régionale.
« Aucune puissance ne peut interférer dans les décisions que nous prenons. Les décisions qui se prennent, se font librement et en toute souveraineté. Nous pouvons nous tromper, mais nous les prenons librement pour l’intérêt de notre pays et de notre peuple », a affirmé le Premier ministre, Dr Apollinaire Kyélèm de Tambèla.
« Je ne peux pas garantir qu’il en sera toujours ainsi parce qu’après la Transition, tout dépendra de ceux qui viendront après. S’ils n’ont pas la même motivation, l’impérialisme pourra revenir peut-être d’une manière encore plus forte », a-t-il indiqué.
Selon le Premier ministre, le Burkina Faso est à un tournant décisif de son histoire, et sa souveraineté est actuellement menacée, non seulement par les terroristes, mais aussi par l’impérialisme international.
« Pour les terroristes, nous sommes engagés dans cette lutte et nous pensons que bientôt, elle sera gagnée. Pour ce qui est de l’impérialisme international, vous êtes témoin de ces derniers soubresauts tant ici au Burkina Faso que dans la sous-région où des décisions ont été prises contre notre pays », a-t-il affirmé.
Evoquant la notion de la démocratie, le Premier ministre a fait observer qu’elle a bien existé dans toutes les sociétés, à partir de la cellule familiale.
« Toutes les sociétés ont vécu en démocratie. Depuis que l’être humain a constitué la première cellule familiale, la démocratie était là. Dans vos foyers, s’il n’y a pas de démocratie, le foyer va se briser. Si vous gérez vos foyers de façon non démocratique, votre conjoint ne vous respectera plus, vos enfants ne vous respecteront pas », a-t-il expliqué.
Il a également noté que les sociétés, que ce soit dans les villages, les chefferies et les royaumes, sont constituées sur la base de la démocratie.
« Vous ne pouvez pas être chef du village si vous n’avez pas le consentement de vos sujets. Vous ne pouvez pas être un monarque si vous n’avez pas les consentements de vos sujets », a-t-il souligné.
En se référant à l’histoire d’avant la pénétration coloniale, le Chef du Gouvernement burkinabè a soutenu que les organisations sociales vivaient en harmonie.
« Nous vivions en harmonie parce qu’il y avait la démocratie. On savait pourquoi un tel était choisi pour être chef, quelles étaient ses compétences et quelles étaient ses limites. Et le chef traditionnel ne faisait pas ce qu’il voulait. Son règne était encadré par des règles coutumières que tout le monde connaissait et, c’est cela, la démocratie », a précisé le Premier ministre.
Dr Kyèlèm de Tambèla de poursuivre : « maintenant, ce qu’on veut nous faire croire, c’est qu’il y a une seule forme de démocratie au monde. Et que tout le monde doit aller vers cette démocratie. Pourtant, ceux qui tentent de nous le faire croire ont plusieurs formes de démocratie chez eux. La France est une république, le Royaume-Uni est une monarchie. Le Danemark, la Suède, les Pays-Bas et la Belgique, ce sont des monarchies. Les Etats-Unis sont une république organisée différemment de la France. L’Allemagne est une république organisée différemment de la France. Pourquoi nous, nous n’aurions pas le droit de nous organiser comme nous le voulons ? ».
C’est pourquoi, il a invité les peuples à ne pas se laisser prendre au piège, et les populations à se méfier “des tambours battants” des défenseurs de la démocratie, car la plupart sont « des valets locaux de l’impérialisme ».
« Quand on parle de démocratie, il ne faut pas se laisser leurrer. Il y en a qui se font abuser de bonne foi, c’est pour ceux-ci que je parle. Parce qu’il y en a aussi qui sont de mauvaise foi et qui ne parlent de démocratie que pour chercher à abuser d’autres pour atteindre leurs fins », a – t – il déclaré.
Par ailleurs, en ce qui concerne le coup d’Etat au Niger, le Premier ministre a ajouté qu’au nom de la démocratie, certains sont prêts à livrer une bataille pour restaurer le président déchu, Mohamed Bazoum.
Paradoxalement, a-t-il révélé, pour le cas du Gabon, on ne sent pas la même rhétorique guerrière. « Donc il y aura des coups d’État démocratiques et des coups d’État non démocratiques », s’est-il interrogé, avant d’inviter les fils et filles à s’engager davantage dans la lutte pour la reconquête du territoire et la souveraineté totale.
« Je pense que les derniers événements internationaux nous éclairent et nous montrent à quel point on cherche à nous abuser. Frères et sœurs, c’est le moment de la lutte. La lutte est engagée pour notre souveraineté. Nous devons penser à ce que nous voulons laisser comme pays, à ceux qui viendront après nous », a mentionné le Premier ministre.
Il a, néanmoins, relevé des satisfactions quant à l’engagement de la jeunesse africaine, avant d’expliquer les raisons de l’engagement du Burkina Faso aux côtés du Niger : « Nous avons dit que si on essaie d’attaquer le Niger, c’est comme si on déclarait la guerre au Burkina Faso et au Mali parce que nous avons pris conscience des tenants et des aboutissants. Chacun doit prendre conscience de son rôle et de sa place dans l’histoire. Tous les grands pays se sont construits par l’abnégation et la prise de conscience de leurs peuples à un moment donné. Le moment est venu pour nous de prendre conscience de nos responsabilités pour le pays que nous voulons laisser à nos enfants et à nos petits enfants ».
DCRP/Primature
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