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jeudi 18 avril 2024

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Burkina : « Nous avons une politique sans repère et sans éthique » (Adama Amadé Siguiré)

Adama Amadé Siguiré, est un écrivain professionnel et enseignant de philosophie. Dans une interview accordée à votre organe Minutre.bf le 19 août 2020, il revient sur sa carrière d’écrivain, sa dernière parution sur Thomas Sankara. Nous avons, au cours des échanges, évoqué des sujets politiques sur lesquels notre écrivain ne se lasse jamais d’apporter ses analyses qui, faut-il rappeler, sont beaucoup accueillies par les milliers d’internautes qui le suivent sur les réseaux sociaux, surtout Facebook. Minute.bf vous propose, dans les lignes qui suivent, l’intégralité des échanges eus avec cet écrivain professionnel.

Minute.bf : Vous êtes écrivain professionnel. On vous reconnaissait aussi en tant qu’enseignant. Vous l’êtes toujours ?

Adama Amadé Siguiré : Oui ! Je suis toujours enseignant de philosophie à mes temps perdus. Ce n’est pas une occupation qui prend beaucoup de mon temps, j’enseigne juste dans quelques classes. L’enseignement a toujours été une passion pour moi et j’exerce toujours ce métier.

Minute.bf : Vous vous définissez comme un écrivain professionnel. Pourquoi cette précision ?

Adama Amadé Siguiré : Ecrivain professionnel pour certains ça ressemble un peu à de la suffisance, mais c’est un métier que moi j’ai beaucoup aimé, que j’ai toujours idéalisé. Très tôt depuis le collège, j’ai rêvé de ce métier. C’est une ambition que j’ai porté depuis mon jeune âge et j’ai voulu me consacrer entièrement à l’écriture. Donc pour moi, ce n’est pas de l’amateurisme ; raison pour laquelle je me définis comme un écrivain professionnel avec une conscience, une déontologie, une façon de faire.

Minute.bf : De votre expérience, peut-on dire que le métier d’écrivain nourrit son homme ?

Adama Amadé Siguiré : J’aime dire aux gens qu’on n’écrit pas pour se nourrir. On m’a posé plusieurs fois la question. Quand vous venez dans l’écriture pour vous nourrir, vous avez raté votre vocation.

L’écriture est une passion, une volonté de rendre service à l’humanité, à la nation. Si après cela, ça vous donne quelque chose pour que vous ne mouriez pas de faim, tant mieux. Mais, ce n’est pas un travail comme le métier d’ingénieur, de médecin ou de technicien qui nourrit son homme.

Bref, l’objectif d’un écrivain devrait être de ne pas mourir de faim et non pas de se nourrir comme le mot l’indique.

Minute.bf : Quelle est l’actualité de l’écrivain Siguiré ?

Adama Amadé Siguiré : Récemment j’ai fait un essai-biographique de Thomas Sankara sous le titre : « Thomas Sankara, le Messie de l’Afrique ou le repère d’une génération ». Je suis à mon 10e livre après 8 ans de carrière. Ce livre actuellement est vendu à près de 1 000 exemplaires ; c’est un vrai succès.

Minute.bf : Dans quelle idée avez-vous écrit ce livre quand on sait que beaucoup de personnes ont écrit sur Thomas Sankara ? Quelle est la plus-value de votre livre ?

Adama Amadé Siguiré : Beaucoup de personnes ont écrit sur l’homme (Thomas Sankara) mais j’ai toujours voulu une écriture originale. Bien vrai qu’il y a des écrits sur Thomas Sankara mais tous ceux qui ont lu mon livre ont reconnu qu’il y a une certaine originalité, qui manque dans certains écrits.

Maintenant, pourquoi on a écrit le livre ? Il a été écrit pour rendre hommage à Thomas Sankara parce qu’on le considère comme un repère. Aujourd’hui, quand vous êtes Burkinabè, quand vous êtes jeune, c’est la seule personne, le seul homme politique qui vous donne de l’espoir. C’est pour cette raison que j’ai écrit pour lui rendre hommage.

Aussi, il y a eu certains écrits qui déshonoraient l’homme, qui disaient des choses qui n’étaient pas assez bonnes chez l’homme et nous avons voulu donner une autre version, un autre son de cloche pour dire que cette lecture est personnelle et qu’on peut aller au-delà de cela pour voir les qualités humaines de l’homme.

Minute.bf : Vous aimez Thomas Sankara et ça se voit dans vos analyses sur les réseaux sociaux. Vous fustigiez Blaise Compaoré, il y a eu un changement de régime mais vous continuer de critiquer la gestion actuelle du pouvoir, qu’est-ce qui ne va pas ? (Vidéo)

Minute.bf : Vous conscientisez la jeunesse burkinabè dans le but de l’amener sur le droit chemin. Pourquoi porter toujours le choix sur la jeunesse ?

Adama Amadé Siguiré : Pour moi, c’est un espoir, un idéal. Peut-être qu’on ne va pas atteindre cela mais je pense qu’il faut avoir cet idéal pour pouvoir vivre.

Depuis que j’ai commencé à écrire, mon objectif était toujours les jeunes. Je connais la sociologie du Burkina Faso et ceux qui vous dépassent en âge ne peuvent pas vous prendre comme un repère. C’est pratiquement impossible. Les gens de 50 ans, 60 ans aujourd’hui, ne peuvent pas me prendre comme un repère. Mais j’ai l’espoir que pour ce qui est de ces petit-frères là, moi je peux avoir un ascendant sur eux. Je peux les influencer d’une manière ou d’une autre à travers mes écrits, ma façon de voir et même de faire. C’est pourquoi je pense que la jeunesse porte cet espoir. Aujourd’hui, le combat, c’est au niveau de cette jeunesse, pour qu’elle s’engage, qu’elle prenne conscience, qu’elle sache qu’elle a son avenir entre ses mains et non pas entre les mains des hommes politiques.

Quand je vois aujourd’hui un jeune qui court derrière un homme politique pour prendre 2 000, 10 000 FCFA, ça me fait pitié. Voilà pourquoi tous mes écrits sont adressés à la jeunesse pour lui permettre de prendre conscience, de s’engager et de vouloir le changement. Si les jeunes veulent eux-mêmes le changement, peut-être qu’on pourra l’atteindre un jour.

Minute.bf : Pour ce changement il faut peut-être faire la politique puisque c’est elle qui décide. Quelle est votre lecture de la politique au Burkina aujourd’hui ?

Adama Amadé Siguiré : Pour le changement il faut faire la politique et nous en sommes conscients que c’est la politique qui détermine l’économie et le social. C’est pour cette raison que j’encourage les jeunes de plus en plus à s’engager dans la politique.

Ma lecture de la politique aujourd’hui au Burkina est qu’elle est mauvaise. Elle est antirépublicaine, elle va à l’encontre de la vertu de la république, à l’encontre du développement social, du développement économique et même moral. C’est une politique sans repère, sans éthique. On ne peut pas se développer avec cette politique telle qu’elle est menée aujourd’hui dans notre pays. C’est pour cela que je pense qu’il faut que les jeunes s’engagent pour le changement de la classe politique, des leaders politiques et dans l’espoir qu’on aura des hommes plus consciencieux que ceux qui sont là, puisqu’ils ne le sont pas. J’ai l’espoir que ces jeunes soient plus responsables, plus matures pour aller vers le changement et vers le développement de toute la nation.

Minute.bf : Concrètement, selon vous, quelles actions devraient poser ces jeunes pour le changement ?

Adama Amadé Siguiré : Comme je l’ai dit, les jeunes doivent s’engager, participer de plus en plus aux instances politiques. Il se pourrait que moi-même je sois un jour dans la politique, ne soyez pas surpris. Ils doivent s’engager et arrêter de dire que la politique c’est pour les médiocres, pour les méchants. Si vous laissez la gestion du pays aux médiocres et aux méchants, soyez-en rassurés que c’est la médiocrité et la méchanceté qui vont régner. Voilà pourquoi je pense qu’il faut que des jeunes patriotes aiment la nation, qu’ils soient assez vertueux, qu’ils acceptent le renoncement à soi pour s’engager dans la politique, soit en créant eux-mêmes des partis politiques, soit en soutenant des hommes qu’ils estiment assez sincères pour qu’on puisse renouveler la classe politique. Notre défi aujourd’hui c’est le renouvellement de la classe politique parce qu’elle est assez vieille. C’est une classe politique de 30 ans, sans objectif et pratiquement incapable de changement.

Minute.bf : En 2015, Tahirou Barry, c’était un jeune qui a participé aux élections et qui est arrivé avec 3, 9% des voix. Ne pensez-vous pas que les jeunes ne croient pas en leur potentiel ?

Effectivement, les jeunes ne croient pas assez en leurs potentialités. C’est regrettable parce que moi-même, l’on m’a demandé plusieurs fois : pourquoi avez-vous fait votre insurrection pour remettre le pouvoir aux mêmes personnes ? C’est paradoxal et moi-même souvent je ne comprends pas.

Mais j’aime dire aussi que le développement est un processus de longue haleine. Raison pour laquelle je pense qu’il faut travailler à ce que les jeunes croient d’abord en eux-mêmes. Il y a deux problèmes qui font que les jeunes ne peuvent pas aujourd’hui rester en politique. C’est d’abord le fait que beaucoup de jeunes n’ont pas foi en leurs potentialités : on se dit que tant que je ne suis pas derrière quelqu’un, moi-même je ne vaux rien. C’est ce qui s’est passé en 2015. Des jeunes ont mené une insurrection, chassé un président et se sont dit qu’ils n’ont pas de potentialités pour diriger le pays, qu’il fallait d’autres personnes pour le faire. La deuxième raison, c’est la question financière. On peut croire en soi et n’avoir pas de capacités financières. Il faut que nous travaillons à avoir quelque chose parce que la politique, il faut se le dire, c’est aussi l’argent.

Nous sommes en train de les amener à croire en eux-mêmes, à leur faire comprendre qu’ils n’ont pas forcément besoin d’être derrière les anciens pour pouvoir réussir, pour pouvoir mener la lutte politique. Ils peuvent à travers les groupements de jeunes ou des groupements d’hommes assez responsables, faire changer les choses. Ça va prendre du temps mais moi j’ai espoir.

Minute.bf : Les élections à venir, c’est dans trois mois, le 22 novembre précisément. Il y a déjà des candidats déclarés parmi lesquels, des jeunes. Allez-vous inciter la jeunesse à voter pour la classe jeune pour le renouvellement de la classe politique ?

Adama Amadé Siguiré : Oui ! J’incite la jeunesse à voter pour les jeunes qui vont se présenter. Je ne vais pas citer de noms mais il y a assez de jeunes et je pense qu’on gagnerait mieux à voter pour ces jeunes-là au lieu de voter pour les mêmes personnes qui ont fait 30 années sur la scène politique.

Mais, je reste réaliste car pour moi, le changement sera difficile en 2020. Apparemment les carottes sont déjà cuites et je ne vois pas vraiment beaucoup d’espoirs. Mais, je suis de ceux qui croient qu’il faut continuer d’éveiller les consciences dans l’espoir que 2020 soit le début du changement. Je prévois déjà ce qui va se passer et si les jeunes prennent conscience, je pense qu’à partir de 2020 ou 2025, l’on pourra instaurer une nouvelle classe politique au Burkina Faso pour changer les choses d’ici à 2030-2035. Mon espoir se trouve après 2025 et non pas en 2020.

Minute.bf : On voit que le nom de Sankara est cité par la jeunesse partout, mais Sankara au finish n’est nulle part. Quelle est l’interpellation que vous pouvez faire à l’endroit de la jeunesse qui chante le nom de Sankara alors qu’elle n’est pas prête à endurer les sacrifices que Sankara voulait pour le développement du Burkina ?

Adama Amadé Siguiré : Sankara partout, Sankara nulle part ! Je crois qu’il faut laisser les jeunes se référer à Sankara, mais aussi se repérer à Sankara, parce que sans repère, on ne peut pas aller loin. Tous les peuples ont leur repère, ce ne sont pas seulement les Burkinabè. Les Français ont leur Jacques Chirac, mais beaucoup de Français ne font pas de bruit comme lui. Sankara est un repère pour la jeunesse burkinabè. Mais je reconnais que les jeunes, nous avons tous des difficultés pour vivre comme Sankara, pour être assez patriotes comme lui. Mais je pense que nous avons besoin de ce repère là pour toujours nous dire qu’on a un combat à mener. Là où nous sommes, nous sommes sur une pente assez raide et ce n’est pas assez intéressant. On doit se référer à quelqu’un, avoir ses vertus, avoir ses qualités. C’est en cela que je loue le dynamisme des jeunes qui se réfèrent toujours à Thomas Sankara.

Moi j’aime dire que lorsque vous enlevez Sankara dans l’histoire du Burkina Faso, il reste quoi ? Pratiquement rien, ou tout au moins la date de l’indépendance du pays. Alors, il faut que la jeunesse se réfère à ce monsieur qui est un modèle. En se référant à Sankara, les jeunes pourraient peut-être se battre dans leur inconscient pour un jour incarner les vertus de ce monsieur. Donc, quand les gens disent Sankara partout, Sankara nulle part, je ne suis pas d’accord car Sankara est comme une lumière. Alors, on a l’espoir qu’un jour on pourrait devenir comme la lumière ou tout au moins une étincelle.

Minute.bf : Parlant de Sankara, on sait qu’il y a un parti politique qui se réclame sankariste. Si on vous demande aujourd’hui de jeter un regard sur ce parti et sa gestion, quelle sera votre appréciation ?

Adama Amadé Siguiré : Vous savez, l’idéologie de Sankara ne se retrouve pas forcement dans un parti politique, c’est une vision pragmatique et existentialiste. Vous savez pratiquement que tous les partis politiques qui ont voulu incarner l’idéologie politique de Sankara ont plus ou moins échoué. Parce que ce n’était pas facile pour ces partis d’incarner la vision de Sankara. Beaucoup de partis ont essayé mais en toute sincérité, quand on jette un coup de regard dans la scène politique au Burkina Faso, je vois que les partis qui veulent incarner l’idéologie politique de Thomas Sankara ont pratiquement échoué. Ils n’ont vraiment pas réussi à aller dans le sens de la volonté de Sankara et à faire de telle sorte que le peuple burkinabè puisse adhérer à leur conviction.

Minute.bf : Vous avez espoir qu’il y aura un changement à partir de 2020 ou 2025 ? Est-ce que cette jeunesse aujourd’hui est prête vraiment à ce sacrifice ?

Adama Amadé Siguiré : Quand vous voyez le sacrifice que les jeunes ont consenti en 2014 pour le départ de Blaise Compaoré, il y a eu des gens qui ont été tués et il y a eu des gens qui ont été blessés, il y a eu des chocs, des gens qui ont été choqués moralement. On était tous dans les rues. Donc il ne faut pas aussi sous-estimer les jeunes. Moi je pense, comme je l’avais dit, que c’est la prise de conscience qu’il faut développer ainsi que la maturité. La jeunesse manque de formation. Beaucoup de jeunes ne sont pas formés ou ne sont pas bien formés. Parce que pour le combat que nous sommes en train de mener, il faut que la jeunesse prenne conscience afin d’être assez mature. Ainsi, quand ils sauront que leur destin est entre leurs mains, je pense que d’ici à 2025 ou 2030, le changement viendra au Burkina Faso.

Minute.bf : Comment faut-il alors procéder pour incarner cet idéal sankariste à la jeunesse ?

Adama Amadé Siguiré : Pour que la jeunesse porte cet idéal sankariste, il faudrait qu’elle soit formée, il faudrait qu’elle soit mature. C’est vrai qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de jeunes qui sont là, à la recherche de facilité. Il faut reconnaitre également qu’il y a aussi des cadres qui essaient souvent de conscientiser les jeunes et les appeler à prendre conscience. Et de nos jours, de plus en plus sur les réseaux sociaux, on voit de plus en plus des jeunes qui se prononcent, qui décident de prendre leur destin en main, qui s’assument, qui disent ce qu’ils veulent et qui attaquent et sont contre le système qui est là. S’ils sont contre le système, c’est-à-dire qu’ils veulent le changement. Je reconnais qu’il s’agit d’une minorité, mais dans dix ou quinze ans, nous avons l’espoir que de la minorité, cette jeunesse va passer à la majorité des jeunes. Et dans ce cas, certainement les choses vont changer. Je crois fermement qu’il y a un espoir meilleur pour le Burkina Faso dans dix ou quinze ans. Je pense qu’on ne sera plus encore avec ces hommes politiques qui ne savent pas où ils vont.

Minute.bf : L’ancien président Jean Baptiste Ouédraogo avait écrit un ouvrage sur Sankara où il touchait un peu le point faible de la révolution. Vous avez quelque peu répondu avec un autre regard. Pourquoi aviez vous réagi ?

Nous n’avons pas refusé les manquements de Sankara. C’est un débat d’idées. Jean Baptiste Ouédraogo est un ancien président que moi je respecte beaucoup comme un papa, mais il faut reconnaitre aussi que sur le plan intellectuel, il a été à l’école, nous avons aussi eu la chance de partir à l’école, nous avons tous fait de bonnes formations, nous avons des arguments pour répondre. C’est un débat d’arguments, et là il dit ce qu’il pense sur Sankara, nous avons, nous aussi, notre vision. Il y avait effectivement des imperfections sur Sankara, nul n’est parfait même pas moi. Même quand vous mourez, si le paradis est vrai, on ne vous envoie pas au paradis parce que vous êtes un saint, on vous envoie au paradis parce que vous avez fait plus de bien que de mal. A partir du moment où vous avez fait plus de bien que de mal, Dieu oublie le mal et met l’accent sur le bien. C’est pratiquement la même chose sur Sankara. Nous n’avons jamais dit que Sankara est un saint, lui-même il reconnaissait qu’il n’était pas un saint. Mais nous estimons qu’à partir du moment où ce monsieur est devenu un leader au Burkina Faso, comme Nelson Mandela en Afrique du Sud (Nelson Mandela était loin d’être un saint), il y a des débats sur l’homme qui ne méritent pas d’être menés. J’ai suivi un discours sur Nelson Mandela, mais il commettait des gaffes ce monsieur. Comme Charles De Gaules en France, comme Georges Washington aux Etats Unis.

Nous estimons qu’il faut mettre en exergue les mérites de ce monsieur pour permettre aux jeunes de se référer à ses qualités pour aller loin. Mais si dans ce contexte vous jetez un pavé dans la marre en écrivant un livre pour dénigrer ce monsieur, pour dire que c’était un assoiffé de pouvoir, il va de soi que nous les dignes descendants de Sankara, nous répondions. On ne peut pas croiser les bras et laisser passer de telles choses qui visent à dénigrer une personne, un repère. On n’a jamais dit qu’il est Dieu. C’est dans ce sens-là que nous aussi, nous avons avancé nos arguments. Ce n’est pas la bagarre. Nous avons contre attaqué avec des arguments parce qu’il a avancé des arguments et nous avons, nous aussi, mis en exergue d’autres arguments, et les gens en pesant les deux arguments vont savoir que nous sommes plus honnêtes dans ce que nous avons dit.

Minute.bf : Pensez-vous que vos arguments vont plus peser et permettre d’oublier ces imperfections citées par Jean-Baptiste Ouédraogo ?

Adama Amadé Siguiré : Oui ! Nos arguments ont beaucoup pesé d’ailleurs, la preuve est que mon livre a eu plus de succès que celui de Jean-Baptiste Ouédraogo et ça continu de se vendre comme de petits pains. Nous avons voulu simplement dire de ne pas juger les gens comme si nous sommes des dieux. Jean-Baptiste Ouédraogo, lui-même a des imperfections. Quelqu’un pouvait écrire pour montrer ses imperfections mais cela n’a pas été fait. Il faut simplement retenir que Sankara a fait ce qu’il pouvait (avec toute sa bonne volonté) pour un avenir meilleur pour le Burkina Faso. Cependant, on ne peut pas faire de grandes réalisations, de grandes choses sans faire des erreurs. Je le dis d’ailleurs aux jeunes : « On ne peut pas réaliser de grandes choses sans faire des erreurs. Ceux qui ne font pas d’erreurs sont ceux qui dorment et qui ne font pratiquement rien ». On ne peut pas faire partie de ceux-là qui veulent changer les choses sans faire d’erreurs et c’est ce que Sankara a voulu faire. Nous nous demandons, pourquoi faire un livre pour mettre l’accent sur les erreurs de Sankara, si ce n’est du dénigrement, de la haine et de la calomnie ? Aussi, avons-nous estimé dans le contexte actuel où la jeunesse a besoin de repère, que nous ne pouvons pas laisser de tels messages sans réponse. C’est ainsi que nous avons pris la décision de réagir de façon intelligente, pour montrer à ceux d’en face que nous avons aussi des arguments.

Minute.bf : Nous sommes à la fin de l’entretien et nous profitons pour vous arracher quelques mots à l’endroit de la jeunesse et de la population burkinabè en ce qui concerne les élections de 2020.

On espère d’abord que les élections seront démocratiques comme vous le dites. Après, si nous avons un message, c’est d’exhorter les Burkinabè à aller voter parce qu’il ne sert à rien de dire qu’on ne vote pas parce qu’on n’a pas d’espoir. Si vous ne votez pas parce que vous n’avez pas espoir, vous tuez complètement l’espoir. Donc, nous appelons les jeunes surtout, à prendre leur responsabilité et à aller voter. Quoi qu’il advienne, allez voter, allez choisir le candidat de votre choix pour un espoir de changement. Même si ce n’est pas pour un changement, que ce soit pour un espoir de changement parce que si on vote les mêmes personnes, ce n’est pas pour l’espoir de changement. Votez pour l’espoir de changement. Votez aussi dans la paix et accepter le résultat des urnes même si votre candidat sort perdant. On prie Dieu pour qu’il n’y ait pas de fraude. S’il n’y a pas de fraude et qu’on reconnait un candidat vainqueur, que l’on reconnaisse le résultat des urnes. Je vous remercie !

Propos recueillis par A. Kinda et F. Kola
Minute.bf

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