La Constitution du 02 juin 1991 « n’a jamais fait l’objet d’une large concertation populaire avant d’être rédigée ». « Son adoption s’est faite dans la précipitation et n’a pas été suffisamment expliquée au peuple ». Ce sont là les griefs de Lassané Sawadogo, président par intérim du mouvement panafricain, contre la constitution de la IVe République en vigueur au Burkina Faso depuis juin 1991. Ce dernier en conférence de presse, ce mardi 11 juillet 2023 à Ouagadougou, a réitéré son vœu de voir la Transition actuelle se tourner définitivement vers une nouvelle République.
En juin 1991, le régime dirigé par Blaise Compaoré adoptait une nouvelle constitution. Il s’agissait de la IVe République, approuvée par référendum le 2 juin 1991 et adoptée le 11 juin 1991. Cette constitution toujours en vigueur en 2023, au Burkina Faso, « est à l’ordre du colon et à la communauté internationale, car c’est de là qu’elle tire son fondement », a déploré Lassané Sawadogo, président par intérim du mouvement panafricain.
En effet, selon ce dernier, cela « fait maintenant plus de trente ans que le Burkina dispose d’une constitution au nom de la démocratie, mais enregistre un retard et un recul de plus de 50 ans sur le plan politique, économique, sécuritaire et social », a-t-il déclaré en déduisant que l’impact de cette constitution de 1991 est « nul et improductif parce qu’elle ne répond pas aux aspirations profondes du peuple burkinabè ».
Ce « panafricaniste » reproche à la IVe République, « le régime présidentiel qui concentre tous les pouvoirs de décision dans les mains du président élu ». « Alors que nous savons tous qu’en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier, les impérialistes ont toujours manigancé pour installer leurs présidents par la voie du processus électoral incongru à nos réalités et que nous ne maîtrisons pas non plus. Sauf les présidents Thomas Sankara et Ibrahim Traoré qui sont arrivés par la légitimité populaire ».
Ce « fervent opposant » de la politique française est clair : « si on refuse d’adopter une constitution qui reflète nos réalités, nous allons périr. Ceux qui disent que c’est une précipitation, qu’ils aillent lire ce qui veut dire la refondation. La charte de la Transition parle de refondation. On ne peut pas refonder le pays sans changer cette constitution de juin 1991 ». Par exemple, explique-t-il, « la justice classique prônée par la constitution divise plus notre société qu’elle ne la réconcilie ». « Elle ne met pas en valeur nos systèmes de règlement des différends. Les chefs coutumiers ne sont pas mis à profit. La parenté à plaisanterie, le pardon par le weemba, le pardon par le yagnsé ne sont pas reconnus dans la constitution de 1991 », a-t-il dénoncé.
Lassané Sawadogo est tout de même convaincu que le déblocage de la question sécuritaire et économique passe par une nouvelle constitution. C’est pourquoi, il a, en tant que citoyen libre, demandé au président de la Transition, Ibrahim Traoré, qui « bénéficie d’une légitimité populaire », de changer la constitution du 02 juin 1991 pour une nouvelle constitution à l’image du Burkina Faso.
« Pour notre souveraineté totale, osons. Osons avec le Capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement », a-t-il conclu.
Mathias Kam
Minute.bf