mercredi 8 janvier 2025
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Burkina/Produits de grande consommation : « Les derniers relevés de prix montrent une tendance baissière » (Ministre du commerce)

Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (MICA), Serges Gnaniodem Poda, était devant les membres de l’Assemblée législative de transition, ce mardi 7 janvier 2025, pour répondre à une question orale avec débats du député Tuina Kanibè. Ce dernier s’enquérait des modalités de fixation des prix des produits de première nécessité face à la hausse permanente des prix desdits produits, ainsi que des mesures prises par le gouvernement pour empêcher la flambée des prix sur le marché.

Dans sa réponse, le ministre a relevé que l’une des orientations phares données par le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, au gouvernement, est celle d’œuvrer à la maîtrise des prix des produits de grande consommation. Ainsi, il a affirmé que son département œuvre à trouver des solutions idoines.

Le ministre expliquant, devant l’ALT, les facteurs de qui ont entraîné la hausse des prix des produits

Selon le ministre, la hausse des prix de certains produits de grande consommation, notamment le riz, l’huile alimentaire, le sucre, le lait, la farine de froment et le pain, observée ces derniers mois, est due à des facteurs aussi bien endogènes qu’exogènes.

Des facteurs de hausse…

Au niveau endogène, il a cité entre autres l’impact de l’insécurité sur la production agricole dans certaines régions du pays, notamment la Boucle du Mouhoun et l’Est, réputées greniers du pays. Il y a aussi, dit-il, les difficultés d’accès à certaines zones à fort défi sécuritaire dans le cadre de l’approvisionnement de ces zones. À cela, s’ajoute le non-respect de la réglementation par certains commerçants véreux, se traduisant entre autres par « la non-délivrance de factures conformes ou normalisées, le non-respect des taux de marge ou taux de marque bloqués, et le non-respect des prix, du poids, de la qualité et de la publicité des prix des produits de grande consommation définis par voie réglementaire ; la rétention des céréales locales par certains producteurs et/ou commerçants, notamment le niébé, le maïs, le sorgho et le mil, à des fins de spéculation ».

Au niveau exogène, le ministre Poda a cité comme facteurs la dépendance du Burkina Faso vis-à-vis de l’extérieur, la restriction des exportations des produits de grande consommation par certains pays au profit de leur consommation intérieure, comme le riz et l’huile. Il y a aussi, à ce niveau, les tensions géopolitiques marquées par la guerre en Ukraine et les conflits au Proche-Orient.

Face à tous ces facteurs, le gouvernement burkinabè a, à travers le département de l’Industrie et du Commerce, entrepris plusieurs actions, aux dires du ministre. Ainsi, pour mitiger cette hausse des prix, il a mis en place un cadre réglementaire et institutionnel.

Au plan réglementaire, il a notamment élaboré la loi n°012-2013/AN du 7 mai 2013 portant régime général des importations et des exportations au Burkina Faso. « Cette loi fixe les conditions d’importation et d’exportation. Elle est la base légale de la prise des décrets et arrêtés pour réglementer l’entrée et la sortie des produits sur le territoire national », a expliqué Serges Gnaniodem Poda.

À cela s’ajoute la loi n°016-2017/AN du 27 avril 2017 portant organisation de la concurrence au Burkina Faso, qui permet de régir la concurrence, le contrôle des prix et la lutte contre la fraude. Il y a également le décret n°2020-0532/PRES/PM/MICA/MINEFID du 30 juin 2020 portant réglementation des prix des biens et services soumis à contrôle, qui consacre la réglementation des prix au ministère du Commerce et détermine les différents régimes de prix. Enfin, l’arrêté n°2024-00521/MICA/SG/DGC du 13 décembre 2024 portant fixation de la liste des biens et services soumis à la réglementation des prix détermine la liste des biens et services soumis au contrôle des prix.

Plus d’1 milliard d’amendes recouvré au profit du budget de l’État en 2024…

Au plan institutionnel, le gouvernement a mis en place, selon le ministre, la Commission Nationale de la Concurrence et de la Consommation (CNCC), qui intervient dans la réglementation des prix en donnant son avis préalable. Il a aussi créé la Brigade Mobile de Contrôle Économique et de la Répression des Fraudes (BMCRF) et l’Agence Burkinabè de Normalisation, de Métrologie et de la Qualité (ABNORM), qui a pour mission de s’assurer du respect des poids et de la qualité des produits, toute chose impactant le prix des biens et services. À ces institutions se joignent aussi des structures de contrôle telles que la Douane, la Police et la Gendarmerie, qui œuvrent dans la lutte contre la hausse des prix.

Au titre de la répression, la Brigade Mobile de Contrôle Économique et de la Répression des Fraudes (BMCRF) mène, aux dires de M. Poda, plusieurs actions sur le terrain pour contrôler les prix et surveiller le marché. « Ces actions visent l’application stricte de la réglementation en termes de respect des prix fixés, des prix maxima autorisés et de façon générale en matière de commerce et d’industrie. Les actions de contrôle se déroulent sur toute l’étendue du territoire en vue de s’assurer du respect de la réglementation. Ainsi, du 1er janvier au 31 décembre 2024, ce sont environ 30 000 commerçants et 439 unités industrielles qui ont fait l’objet de contrôle. Les contrevenants ont été sanctionnés conformément à la réglementation en vigueur. Aussi, plus d’une centaine de magasins et de boutiques ont été fermés à l’issue des contrôles. Par ailleurs, plus d’un milliard d’amendes et confiscations a été recouvré au profit du budget de l’État », a-t-il confié.

le ministre a expliqué aux députés comment les contrôles ont contribué à une baisse des prix des produits de grande consommation

Les contrôles renforcés de ces derniers mois ont permis, selon le ministre, de maintenir accessibles les produits de grande consommation, d’éviter aux consommateurs de payer des prix abusifs et de contribuer à ralentir la hausse des prix. « Les derniers relevés de prix montrent une tendance baissière des produits de grande consommation. À titre d’exemple, comparativement au mois de novembre, les prix moyens au mois de décembre du riz importé ‘5 % brisures’, ’25 % brisures’ et ‘100 % brisures’ ont connu une légère baisse respectivement de 1,71 %, 2,44 % et 0,80 %, passant de 25 563 à 25 125 F CFA, de 25 225 à 24 610 F CFA et de 28 024 à 27 800 F CFA. Pour ce qui est des huiles alimentaires, le bidon de 20 litres d’huile alimentaire importé de Malaisie enregistre une baisse de 12,02 %, passant de 24 188 à 21 281 F CFA. Celui du kilogramme de sucre importé est passé de 716 à 683 F CFA, en baisse de 4,61 % », a-t-il détaillé.

Le ministre a souligné qu’en plus des actions de contrôle et de surveillance, d’autres initiatives sont mises en œuvre et devraient contribuer, à court et moyen terme, à atténuer les effets de la hausse des prix. Il s’agit notamment du renforcement du tissu industriel national. « Un certain nombre de mesures ont été prises en vue de développer l’industrie nationale afin que les Burkinabè disposent de produits locaux en quantité et en qualité sur le marché », a-t-il expliqué.

Parmi les initiatives en cours, il a cité le renforcement de la contribution d’unités industrielles telles que la Société Burkinabè de Tomate (SOBTO), la Société Faso Tomate (SOFATO), la Filature du Sahel (FILSAH), l’usine de textile (IROTEX-BURKINA), la société TEXFORCES-BF et ADIPROD Industrie SA. Il a aussi mentionné l’accroissement de la production agricole nationale à travers notamment l’offensive agro-sylvo-pastorale qui permettra d’accroître la production nationale.

Serges Gnaniodem Poda n’a pas manqué d’inviter les acteurs intervenant dans la chaîne de distribution au respect strict de la réglementation en matière de prix et à proscrire les pratiques néfastes contribuant à la hausse des prix. Par ailleurs, il a assuré que son département intensifiera les actions de contrôle avec la prise de mesures de plus en plus vigoureuses afin de garantir aux populations des produits sains, à des prix raisonnables et accessibles.

Pour terminer, le ministre Poda a également invité les populations à dénoncer tout cas de hausse de prix aux numéros verts suivants : 80001180
80001185
80001186

Lire aussi Ouagadougou : Des boutiques fermées par la BMCRF pour non-respect des prix de vente des produits

Oumarou KONATE
Nafissatou DERA (Stagiaire)

Minute.bf

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