Le 17 août 2019, votre organe Minute.bf est allé à la rencontre de Ousmane Boly, maire de la commune de Diabo, localité située dans le Gourma, à 200 kilomètres de la capitale. L’ingénieur des eaux et forêts, élu il y a trois ans à la tête de cette commune sous la bannière du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, est revenu, au cours de nos échanges, sur les attentes de ses populations en matière de développement. Il a fait le bilan de ses actions à la tête de la mairie et à décliné les actions à entreprendre dans un futur proche par le conseil municipal pour satisfaire les populations. La crise sécuritaire a été abordée au cours de nos échanges et le maire a indiqué que sans la sécurité et la cohésion sociale, tous les efforts de développement qui seront entrepris seront vains.
Minute.bf : Présentez-nous votre commune ?
Ousmane Boly (OB) : La commune de Diabo a une superficie de 656 Km2 et est la plus grande commune en terme de villages puisque nous en comptons 64 et nous avons une vingtaine d’hameau de culture. C’est un conseil municipal composé de 128 conseillers dont une dizaine de femmes. Depuis que nous sommes élus, nous tentons de mettre en œuvre un plan communal de développement qui a été réactualisé en 2017 pour l’enrimer, comme le veut le gouvernement , sur le Plan national de développement économique et social (PNDES).
Quels sont les grands points de ce plan communal de développement ?
Le plan communal de développement a six principaux axes. Au premier axe, nous avons décidé de rendre l’administration communale performante. Au deuxième axe, nous avons essayé de dynamiser les commissions permanentes vue que nous avions quatre commissions qui ne fonctionnaient pas. Le troisième axe, c’est surtout développer le secteur agro-sylvo-pastoral. Il s’agissait de mettre l’accent sur la valorisation des produits forestiers non ligneux en ce qui concerne la foresterie. Des actions ont été aussi menées dans le domaine de l’agriculture, avec la valorisation des différentes filières. Dans le secteur de l’élevage, nous avons le cheptel le plus important dans le Gourma et nous avons essayé de mettre l’accent sur cette ressource dans nos actions. Le dernier axe, c’est surtout désenclaver un peu la commune.
Nous avons constaté que l’an principale voie qui mène à Diabo en provenance de Gounghin est en piteux état. Que faites vous pour le bitumage de cette voie
Sur cette question, je voudrais vous confier ici que nous avons fait un plaidoyer. Vous savez que les routes départementales, les routes nationales sont du ressort de l’état et ce sont les pistes rurales qui sont un peu du ressort de la collectivité. Pour les pistes rurales, nous avons négocié avec un certain nombre de partenaires à travers la Coopération Suisse et avec la collaboration du conseil régional, nous avons une vingtaine de pistes qui doivent être aménagées en méthode HIMO (Haute intensité de main d’œuvre). Sur la voie départementale que vous avez empruntée, l’Etat nous accompagne et il y a déjà eu des relevés pour le bitumage de cette voie ; nous avons même rencontré les personnes affectées par le projet. C’est dire que ce projet est également une réalité actuellement.
L’accès à Diabo est entre Koupèla, Tenkodogo et Fada. Du désenclavement de Diabo vers Tenkodogo, nous avons mené des études pour voir dans quelle mesure nous pourrons avoir un ouvrage d’art entre nous et Tenkodogo qui se trouve à 38km. L’accès à Koupèla est une voie départementale qui est entretenue régulièrement et qui a même été entretenue cette année. Mais c’est la voie Diabo-Maouda-Fada qui n’a pas été entretenue depuis quatre ans. L’étude a donc porté sur cette voie pour le bitumage et nous espérons que l’Etat va nous appuyer pour sa réalisation.
Quel bilan faites-vous de la mise en œuvre de votre plan communal de développement?
Il faut dire que nous avions très bien démarré par ce qu’en 2017, nous avions investi près de trois cent millions ; en 2018 nous avons également investi pratiquement la même somme. Nous avons à notre actif, pour les trois ans de notre gestion, construit quatre Centre de santé et de Promotion sociale (CSPS) ; nous avons également doté les CSPS de moyens roulants. En matière d’élevage, nous avons réalisé deux aires d’abattage moderne équipées en forage. Nous avons réalisé le marché de bétail et nous avons fait au moins deux parcs de vaccination et réalisé des forages pastoraux. Nous travaillons actuellement sur un projet pour la délimitation d’une zone pastorale qui a fait l’objet de conflit il n’y a pas très longtemps. L’aménagement de cette zone pastorale va préserver encore l’entente entre agriculteurs et éleveurs.
Sur le plan de l’agriculture, nous avons à notre actif actuellement une vingtaine de bas-fonds qui ont été aménagés et nous avons travaillé à organiser les gens en filière. Dans ce cadre , nous avons organisé un voyage d’étude au Bénin pour s’enquérir d’un modèle de marché commun de vente des produits agricoles. Dans ce sens, nous sommes en train de travailler avec ces structures faitières pour la mise en place d’un tel model dans notre commune. Nous avons construit une aire de séchage au profit des femmes étuveuses de riz ; nous avons également en projet l’aménagement d’une vingtaine d’hectares avec un partenaire qui nous accompagne dans ce sens. En termes d’acquis, nous avons une trentaine d’hectares qui ont été aménagées, trois magasins ont été construits et puis l’organisation des voyages d’études au profit des producteurs. Pour le domaine de la foresterie, nous avons identifié un certain nombre de forêts villageoises avec le service de l’environnement qui sont en train d’être aménagées et il y a plus de mille plants qui ont été données aux paysans pour le reboisement cette année. Dans tous les domaines, je pense que nous sommes à peu près à huit cent millions de financement et pour une commune rurale, je pense que c’est très important.
A combien estimez-vous le budget de ce plan?
Le budget sur les cinq ans est estimé à un milliards six cent millions. Nous sommes autour de 70% en termes d’investissement financier. Mais je pense que beaucoup reste à faire.
Quelles sont vos sources de financement ?
Le principal accompagnant est l’Etat. Mais nous faisons des lobbyings auprès des autres partenaires. Il y a la mission suisse qui nous accompagne ; il y a également une ONG qui nous accompagne. Et nous prospectons à l’étranger. Nous avons des partenaires, des amis qui nous ont appuyés pour faire des forages çà et là. Nous prospectons surtout dans le cadre de la coopération décentralisée pour voir si nous pouvons avoir d’autres ressources. Pour le moment c’est l’un de nos gros soucis mais nous n’avons pas encore vu le bout du tunnel.
Vous avez déterminé les besoins de vos populations mais qu’est-ce que le maire entreprend aujourd’hui comme actions pour satisfaire ses populations qui sont toujours dans le besoin ?
Il y a un adage mossi qui dit qu’il est mieux de connaitre des gens que de connaitre un pays. Ce sont nos relations personnelles que nous utilisons, un lobbying que nous faisons au quotidien pour pouvoir attirer les partenaires. Les partenaires sont très regardants dans la gestion efficiente des ressources qu’ils mettent à votre disposition. Nous travaillons dans la transparence, dans la gestion efficace des ressources qu’ils mettent à notre disposition.
Nous avons fait des efforts auprès des populations à travers la mise en marche d’une radio locale dès notre arrivée. A partir de cette radio nous arrivons à sensibiliser les gens. Nous avons organisé une sortie de sensibilisation d’immatriculation des contribuables, ce qui nous a permis d’avoir des ressources propres pour pouvoir engranger des appuis auprès des partenaires.
Aujourd’hui le Burkina Faso est confronté à des attaques terroristes et aussi à des violences communautaires. Dans votre commune, quelle action entreprenez-vous pour essayer de lutter, voire prévenir ces phénomènes ?
Dans un premier temps, nous avons organisé plusieurs émissions radio pour sensibiliser les populations au phénomène de l’extrémisme violent. Rien qu’hier (le 16 aout 2019 ndlr), le premier adjoint au maire et certaines personnes ressources ont organisé une émission dans ce sens à la radio. La semaine dernière, nous avons fait venir un expert, un ancien procureur, qui est venu animer une conférence en présence des responsables religieux et coutumiers sur ce phénomène et la cohésion sociale. D’ailleurs, les 29 et 30 août 2019, nous aurons encore un expert qui va venir du premier ministère pour former les conseillers municipaux, les Conseillers villageois de Développement(CVD), les responsables coutumiers et religieux dans ce sens. Nous avons également mis en place un comité de prévention et de gestion des conflits avec l’aide de notre partenaire de la mission suisse. Ce comité sera fonctionnel d’ici là et va se rencontrer une fois par trimestre pour décider des actions à mener pour prévenir les violences communautaires ainsi que les attaques terroristes. Voilà en général les actions qui ont déjà été posées sur le terrain et celles que nous comptons réaliser.
En matière de développement, les jeunes sont malheureusement en grande partie frappés par le chômage, quelles sont vos actions dans ce sens ?
Quand nous sommes arrivés, nous avons réalisé des aménagements de bas-fonds dont 30% réservés aux jeunes et 30% également pour les femmes. Nous avons aussi contractualisé avec des associations de femmes et de jeunes pour nous accompagner, ce qui, non seulement les occupe, renforce leurs capacités mais aussi leur permet d’avoir un peu de ressources. Il n’y a pas très longtemps, nous avons organisé des ateliers de formation où les responsables d’associations ont été impliqués. Cette année, nous avons identifié quatre jeunes que nous avons envoyés en formation en métier de mine de sorte à leur permettre d’avoir des compétences dans ce domaine pour être compétitif sur le marché de l’emploi, surtout dans ce secteur. Et comme je l’avais dit, dans toutes nos réalisations productives, les jeunes et les femmes ont un quota de 30% chacun.
Monsieur le Maire, nous sommes à la fin de notre entretien, est ce que vous avez un dernier mot ?
Comme dernier mot, vous savez, le Burkina Faso traverse une situation difficile. Nous sommes les premiers à le ressentir en tant que collectivité territoriale parce que nous sommes proches des populations, nous sommes au cœur même du développement, donc ce que je vais demander à chacun c’est de mettre de l’eau dans son vin, parce que cela y va de la survie du Burkina Faso. Si on n’arrive pas à travailler, s’il y a l’insécurité, s’il n’y a pas la cohésion sociale, je pense que tout ce que nous poursuivons est vain. C’est le mot que je voulais lancer à tout citoyen burkinabè pour qu’on se donne la main car dans notre différence, on a toujours vécu dans la paix, et il faut donc que les uns et les autres fassent des efforts pour que le Burkina Faso puisse aller de l’avant. Merci !
Propos recueillis par A. Kinda
Minute.bf
Le Maire à travers cet entretien nous permet d’avoir des infos sur son bilan, c’est édifiant mais je trouve que le maire peut encore mieux faire dans le domaine du développement communautaire. J’ai vu les participants au voyage d’étude sur la publication d’un journal en ligne ce que j’ai constaté ce n’était que des personnes proches du Maire pas vraisemblablement les meilleurs les domaines suscités dans son entretien. J’invite Monsieur le Maire à se pencher davange sur ce que lui même à dit je cite »C’est le mot que je voulais lancer à tout citoyen burkinabè pour qu’on se donne la main car dans notre différence, on a toujours vécu dans la paix, et il faut donc que les uns et les autres fassent des efforts pour que le Burkina Faso puisse aller de l’avant « .
Bonjour! Je voudrais avant tout féliciter le maire pour la communication sur la commune de Diabo. Cela permet aux autres Burkinabè et à ceux de l’extérieur de découvrir cette belle commune. Toutefois, je voudrais me prononcer sur la mission à Poitiers. Mo,sieur le maire, son premier adjoint et le secrétaire général sont tous en mission. Cela signifie donc que la mairie n’a pas fonctionné pendant cette période. Sachant que c’est le premier adjoint seul qui a l’obligation de résidence et sachant aussi que le secrétaire général est celui sur qui repose tout le volet technique de l’administration municipal, pourquoi le maire est parti à Poitiers avec toute cette équipe? Qui va signer les actes de naissances des populations durant cette période sachant aussi que c’est l’état civil qui fait rentrer plus de recettes dans les caisses de la mairie. Comme Zoetyenga Nestor l’a bien dit, c’est chaque fois les mêmes personnes qui vont en mission avec le maire. Est-ce à dire que ce sont les seules ressources humaines sans lesquelles la commune ne peut avancer? Je trouve que le maire dépense trop les ressources de la commune dans ces voyages au lieu de les injecter dans les projets rentables au profit de toute la population de Diabo. Si vous pouvez revoir cet aspect ce serait mieux. Bon vent à vous et beaucoup de courage. Soyez un rassembleur et non un diviseur.
A l’endroit de Wend Yamba, je le remercie pour avoir formulé ces critiques qui me permettent de lui donner des informations. 1) le premier adjoint n’était pas du voyage du Bénin. 2) les personnes choisies pour participer à une mission est fonction de la nature de la mission. L’objet de la mission me permets de désigner les acteurs qui doivent être impliqués. 3) Pour la signature des actes à l’état civil, il ya le 2ieme adjt, mais j’ai nommé des officiers d’état civil délégué. 4) pour la question des dépenses, la plupart des missions sont financés à partir de mes réseaux de relations. Cependant, votre discours semble dire qu’il ne faut pas rechercher des opportunités pour le développement de la commune. Pour fonctionner, il faut dépenser. C’est la même chose: il ya des opportunités qui s’offrent souvent aux collectivités et tant que celles-ci sont bonnes, je n’hésiterais en aucun instant de faire bénéficier la commune. Je reste aussi disponible si la volonté est de bien faire d’avoir des échanges avec vous sur les sujets évoqués afin de vous faire partager notre vision et nos ambitions pour la commune