Docteur Nonlo Kadidia Drabo est ingénieure de recherche au centre national de recherche scientifique et technologique à l’Institut de recherche en sciences appliquées et technologiques (IRSAT). En août dernier, une équipe de Minute.bf l’a rencontrée à l’IRSAT de Bobo-Dioulasso. Une rencontre au cours de laquelle, elle est revenue sur son parcours et a exhorté les femmes à briser toutes les barrières mentales et à suivre leur rêve.
Il n’y a pas de métier dédié uniquement aux hommes, entend-on souvent, surtout dans le cercle des acteurs qui luttent pour l’émancipation de la femme. C’est également la philosophie de Dr Nonlo Kadidia Drabo, qui, par ses actions, va au-delà de ce slogan. Aujourd’hui, elle intègre un domaine qui était longtemps considéré comme l’apanage des Hommes au Burkina Faso : les sciences de l’espace.
Après son baccalauréat scientifique, Nonlo Kadidia Drabo poursuit ses études à l’université de Ouagadougou en Sciences exactes et appliquées (SEA) où elle décroche sa licence. Après cette étape, elle décide de poursuivre ses études de master en énergie. Ensuite, elle s’est inscrite à l’université Norbert Zongo dans le laboratoire de recherche en énergie et météorologie de l’espace, du professeur Frédéric Ouattara, concepteur de Burkina Sat1. C’est également dans cette université qu’elle soutient sa thèse en physique option météorologie de l’espace, en avril 2022, sous la direction du docteur Emmanuel Nanema, le directeur actuel de l’IRSAT. En Août 2022, lors de notre rencontre avec elle, Dr Nonlo Kadidia Drabo officiait à la direction régionale de l’Ouest de l’institut de recherche en sciences appliquées et technologiques, à Bobo Dioulasso.

À l’IRSAT/Bobo, elle travaille spécialement sur les énergies parce que, d’abord, elle est ingénieure en énergie, spécifiquement les énergies renouvelables. « J’ai été recrutée à la direction régionale de l’ouest dans ce domaine. Je suis du département énergies. Je travaille sur tous ce qui est énergie renouvelable, audite énergétique, efficacité énergétique, énergie solaire photovoltaïque et énergie solaire thermique », égrène-t-elle.
Femme et énergie renouvelable, le mélange est-il bon ? A cette question, elle répond : « Moi particulièrement, ça ne me pose pas de problème d’être énergéticienne et je me sens bien dedans, c’est mon travail et j’apprécie ».
L’ancienne ministre en charge de l’énergie, Dr Maminata Traoré/Coulibaly affirmait que les énergies renouvelables sont une alternative pour l’efficacité énergétique au Burkina Faso. Dr Nonlo Kadidia Drabo partage également cet avis. « [La ministre] a parfaitement raison, parce que le Burkina Faso est un pays très ensoleillé, et il ne serait pas du tout bon pour nous de penser aux énergies fossiles contrairement aux énergies renouvelables, surtout solaires puisque nous avons un bon gisement solaire dans notre pays », a indiqué Dr Drabo, estimant que « les énergies renouvelables au Burkina sont en plein essort ». « Il y a beaucoup de domaines qui se développent notamment les énergies solaires photovoltaïques ou l’énergie thermique à travers par exemple le bitatoré, les séchoires solaires, les couveuses solaires au lieu des couveuses électriques qui sont de plus en plus utilisées, et l’électrification surtout. Il y a des centrales qui se développent. Je pense que le domaine de l’énergie solaire au Burkina est vraiment sur une bonne route », note-t-elle.
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Ainsi, elle dit rêver d’un « Burkina qui n’utilise plus en majorité les énergies thermiques à base de gazoil, mais en majorité [une] énergie à partir du rayonnement solaire ». Sur ce point, il convient de rappeler que les autorités burkinabè travaillent à réduire considérablement les importations d’énergie en privilégiant l’énergie solaire photovoltaïque. Chose qui pourrait à terme, permettre au pays de s’émanciper de l’importation de l’énergie auprès des autres pays côtiers. Pour le Dr Drabo, « il y a beaucoup de potentialités » au Burkina Faso en terme d’énergie solaire photovoltaïque. « Imaginez que nous avons 5,5 kilowatts d’énergie par mètre carré au Burkina, c’est énorme. On peut faire beaucoup de choses avec l’énergie solaire. Il y a beaucoup de choses qu’on peut développer autour de ce gisement que l’on a, que l’on ne paye même pas. Par contre, le fuel, on le paye. On a beaucoup de gisements et d’intensité solaire qu’on peut vraiment exploiter », a-t-elle expliqué.
« Tout le monde peut faire les sciences de l’espace«
Première femme a soutenir à l’université de Koudougou en physique dans le domaine de la météorologie de l’espace, elle invite les autres femmes à suivre également leur rêve. « À l’endroit des autres femmes, je leur dis que j’ai pu y arriver. La question n’est plus encore de savoir si les femmes peuvent le faire car une femme l’a déjà fait. Donc ce n’est pas sorcier. Aux femmes et jeunes filles qui aiment les sciences, il ne faut pas qu’elles aient peur. Il faut qu’elles franchissent le cap. Si elles aiment et travaillent dans ce domaine, forcément, elles auront de bons résultats. Ce n’est pas du tout sorcier, comme un homme où une femme, tout le monde peut faire les sciences de l’espace », exhorte-t-elle.

Pratiquement la seule femme diplomée dans ce domaine, elle assure que le travail se passe bien avec les hommes du même domaine. « Il n’y a pas de discrimination [avec les hommes], au contraire, ils sont très contents qu’il y ait une femme qui soit à leur côté, qui travaille dans ce domaine. Pas de discrimination, il suffit de travailler comme eux et ils t’acceptent facilement dans l’équipe », a-t-elle fait savoir. « Je travaille très bien avec les hommes, d’ailleurs à l’IRSAT aussi il n’y a pas beaucoup de femmes et ça passe », se réjouit-elle.
Mais comme tout secteur d’activités, elle rencontre aussi certaines difficultés, liées surtout au manque de moyens pour les travaux. « Je suis à bobo, mon laboratoire est à Koudougou et mon directeur de thèse est à Ouagadougou (au moment où nous l’avons rencontrée en août dernier). C’est pas facile de faire un mélange avec tous ça. Je manque aussi de moyens matériels parce que mon travail c’est de la modélisation, et cela a besoin quand même de moyens », conclut-elle.
Minute.bf