Un collectif de partis politiques formant la « coalition Rupture » entend aller aux élections prochaines en rang serré, avec un candidat unique, pour une rupture dans la gouvernance que connait le Burkina Faso actuellement. L’information a été donnée au cours d’une conférence de presse animée lundi 29 juin 2020 à Ouagadougou par les premiers responsables des partis composant cette coalition.
Alternative patriotique panafricaine/Burkindi (APP/BURKINDI), Mouvement patriotique pour le Salut (MPS), Progressiste unis pour le Renouveau (PUR), Rassemblement des Ecologistes du Burkina Faso (RDEBF) et l’Union pour la Renaissance démocratique, Mouvement sankariste (URD/MS). Ce sont là les partis membres de la « coalition rupture ». Cette coalition a pour défi la rupture de la gouvernance attendue par les masses populaires burkinabè. Laquelle rupture, a laissé entendre Adama Séré du RDEBF qui a lu la déclaration liminaire, « passera nécessairement par l’avènement de forces politiques patriotiques, soucieuses de la concrétisation des aspirations profondes du peuple burkinabè exprimées à travers l’insurrection populaire d’octobre 2014 ».
La coalition s’articule autour d’un projet politique commun qui veut incarner les aspirations du peuple sur trois objectifs majeurs que sont « la rupture dans de la mal gouvernance, le renouvellement de la classe politique et l’avènement d’une gouvernance de travail vertueux et de progrès au service de la Nation entière ». Cette coalition entend donc faire bouger les lignes politiques et ouvrir d’autres alternatives au bénéfice du peuple par « la libération du champ politique d’acteurs anciens largement dépassés et corrompus ».
La faillite d’un régime qui manque de vision
Faisant lecture de la crise sécuritaire avec son lot de conséquences pour le Burkina Faso, conjuguée à la crise humanitaire et celle de gestion marquée par « l’incohérence et le tâtonnement, méfaits qui causent la multiplication des conflits avec les partenaires sociaux et le dysfonctionnement de l’administration », les responsables de ces cinq partis politiques ont fini par se convaincre que toutes ces crises ont pour dénominateur commun « la faillite d’un régime qui manque de vision ». Chose qui, selon le président du RDEBF, a fini par entrainer le dysfonctionnement et l’aggravation de la perte de l’autorité de l’Etat, avec pour conséquence l’approfondissement de la fracture communautaire et la fragilisation de l’unité nationale, la désobéissance et les révoltes tous azimuts des populations.
La coalition a aussi dénoncé le « degré élevé » de la gabegie et de corruption, une série de scandales et un pillage systémique des ressources ainsi que l’impunité entretenu au sommet de l’Etat. « Sombre tableau qui a fini par hypothéquer tout développement et toute espérance collective, réduisant la gouvernance actuelle en une imposture économique, politique et morale », martèle le porte-parole de la coalition, qui se résigne à dire, au regard de tous les manquements soulevés, que le bilan des cinq années du régime MPP (parti au pouvoir) est négatif et par endroit chaotique. « C’est un échec cuisant pour l’ensemble du pouvoir et ses alliés », ajoute la coalition.
Ainsi, face à ce « chaos, une rupture vraie de gouvernance s’impose », selon la coalition qui trouve impératif que des forces politiques sincères, patriotes, préparées et averties assument la libération politique et la libération totale du territoire burkinabè. La coalition Rupture s’impose donc comme une alternative, selon ses tenants et aboutissants, pour une meilleure gouvernance qui tient compte des aspirations du peuple. Ainsi, elle s’engage dans une voie de renouvellement qualitatif du personnel politique qui est un défi clé du Burkina post-insurrection, « afin de fermer la longue parenthèse politique ouverte il y a plus d’une trentaine d’années ». « Notre coalition est le résultat de l’unité de forces patriotiques autour d’une plateforme politique commune dont l’ambition est de bousculer dès maintenant les lignes politiques et ouvrir d’autres alternatives au bénéfice du peuple burkinabè », assure M. Séré.
La coalition rupture pour la tenue des élections à bonne dates…
Le débat autour de la tenue ou non des élections de novembre prochain est alimenté par les hommes politiques burkinabè, au regard du contexte difficile lié à la crise sécuritaire et humanitaire que connait le Burkina Faso depuis maintenant 5 ans. Pour la coalition rupture, les élections doivent se tenir à bonne date mais pas à n’importe quel prix. « Il doit s’agir d’élections démocratiques, c’est-à-dire à la fois inclusives et sincères, débarrassées de la fraude et de la corruption électorales, et auxquelles tous les Burkinabè remplissant les conditions légales peuvent être électeurs et éligibles », ont conditionné les membres de la coalition, qui ont aussi appelé à l’enrôlement massif des jeunes pour impulser le vrai changement par les urnes.
Pour mieux expliquer ses ambitions pour le Burkina Faso, la coalition organisera un forum sur la rupture dans les jours à venir…
Armand Kinda
Minute.bf