Face à la presse, ce mardi 26 novembre 2024, le Directeur général (DG) de l’entretien routier, Salfo Pacéré, a présenté le bilan des actions menées en vue du rétablissement du trafic routier sur l’ensemble du territoire national plus particulièrement dans l’Ouest du Burkina Faso. C’était ce mardi 26 novembre 2024, à l’occasion de la reprise des rendez-vous du Service d’Information du gouvernement.
La période hivernale au Burkina Faso a été marquée par de fortes pluviométries dans certaines parties du Burkina. Ces fortes précipitations enregistrées courant juillet, août, septembre et octobre ont éprouvé le réseau routier avec des dommages sur certains ouvrages suite aux inondations. C’est le grand ouest du pays, notamment les régions de la Boucle du Mouhoun, des cascades et des Haut-Bassin qui a enregistré le plus d’incidents. Mais à chaque fois que les fortes précipitations ont entrainé une interruption du trafic routier, les services du Ministères des infrastructures se sont mobilisés pour le rétablir.
Dans la Boucle du Mouhoun, le DG de l’Entretien routier a fait noter, sur la RN1, « la submersion à répétition (3 fois) » du pont de Hèrèdougou sur la section Boromo-Pâ ; la submersion de la RN14 à environ 10 km de Dédougou sur 2 km entre Dédougou et Nouna. A ce niveau, la réponse du ministère des infrastructures a consisté, a expliqué M. Pacéré, en l’entretien de routes secondaires, le balisage, des communiqués et des rencontres d’information et de sensibilisation avec la faitière des transporteurs de Boromo.
Dans les Cascades, le départ de blocs techniques de l’ouvrage de Tarfila, l’érosion des talus des chaussées sur la RN7 à Takalédougou (entre Bobo-Dioulasso et Banfora) ont entrainé une interruption du trafic routier. Là encore, le ministère des infrastructures, à travers ses services techniques a répondu avec l’entretien d’une déviation secondaire, le montage et la pose d’un pont métallique de type unibridge d’une longueur de 23 mètres et la reconstruction. Aussi, le ministère a-t-il réconstruit le talus de la chaussée à Takalédougou.
Dans les Hauts-Bassins, Salifou Pacéré a souligné l’effondrement partiel de l’ouvrage de Bama sur la RN9 (entre Bobo-Dioulasso et Dandé) et de l’ouvrage de Badara sur la RN8 (entre Bobo-Dioulasso et Orodara), la coupure d’une piste rurale longue de 36 km reliant Toussiana à Kourinion. La mobilisation des services techniques du ministère des infrastructures a permis l’entretien de la déviation Banzon-Bama, le montage et la pose de ponts métalliques de types bailey et unibridge à Badara et à Bama, la reconstruction et la protection du bloc technique à Kourinion.
En outre, les interruptions de trafic routier dues aux fortes précipitations n’ont pas concerné seulement le grand ouest. Le réseau routier, dans les régions du Plateau central, du Centre-Est, du Centre-Nord, du Centre-Ouest et Centre-Sud a été touché par les fortes précipitations. Dans ces localités aussi, concomitamment aux travaux en régie, des travaux ont été réalisés par des entreprises sous le contrôle et la supervision des techniciens du département des infrastructures, a rassuré le DG de l’Entretien routier. Cependant, l’on peut se demander quelles sont les causes de la dégradation des infrastructures routières ?
Les changements climatiques et l’action de l’homme
Pour le DG de l’Entretien routier, les dégradations observées ces derniers temps sur les infrastructures peuvent s’expliquer par les changements climatiques, l’action de l’homme avec les cultures, l’installation des mines et autres qui modifient l’hydrologie. Cela, dit-il, fait que les quantités d’eau qui arrivent dépassent celles prévues pour être supportées par les ouvrages. Pour le cas de Tarfila par exemple, il a fait savoir que pour éviter que la digue ne cède, les vannes du barrage de Toussiana ont été ouvertes sans au préalable prévenir les services techniques du ministère des infrastructures. Et c’est cette eau qui a emporté le remblai et l’accès.
Mais pour Moumouni Ilboudo, spécialiste des ponts au Ministère des infrastructures, « ce ne sont pas les ouvrages qui ont été dégradés ». Parlant par exemple de l’effet des changements climatiques sur la dégradation des ouvrages, il a d’abord relevé qu’un « ouvrage est dimensionné sur deux aspects principaux : l’aspect structurel qui consiste à mettre le matériel qu’il faut pour que ça puisse supporter le trafic, les charges sans se casser (ouvrage en béton ou en acier…) et l’aspect hydraulique qui consiste à définir le passage qu’on va laisser pour que l’eau puisse passer ». Sauf que, a-t-il détaillé : « quand vous faites une étude hydraulique, vous allez faire une analyse statistique sur les données pluviométriques que vous avez recueillies sur une certaine durée. Cela vous permet de dire que l’on a tel niveau d’eau que l’on reçoit dans telle zone. C’est ce qui vous permet d’avoir le débit hydraulique pour dimensionner les ouvertures de l’ouvrage ». Ainsi, « les quantités d’eau changent », comme ce que l’on a constaté pendant l’hivernage avec des débits très importants, l’ouvrage qui est mal dimensionné pour supporter une certaine quantité peut céder. Cela, d’autant plus que l’installation des mines dans certaines zones a dévié certains cours d’eau. Dans ce cas de figure, a-t-il insisté, ce n’est pas l’ouvrage qui est mal dimensionné, mais plutôt l’environnement qui a changé.
De l’action de l’homme, M. Ilboudo a souligné que pour la réalisation d’un ouvrage, l’on fait des calculs de charges. « Si je dis que je vais supporter 100 tonnes, la qualité de béton que je mets n’est pas la même que si je dis que je vais supporter 200 tonnes », a-t-il relevé pour dire que le nom respect de ces détails joue sur la résistance des ouvrages avec comme conséquence leur affaissement ou et effondrement.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf