La campagne agricole 2022-2023 a été officiellement lancée le 27 mai dernier à Tenkodogo et l’objectif est d’atteindre 5 398 000 tonnes de céréales. Toute chose qui dépend non seulement de la pluviométrie, mais aussi de l’engagement des agriculteurs, le tout ajouté à l’accompagnement dont ils bénéficieront. En caravane de presse le lundi 27 juin 2022 à Nagréongho, dans l’Oubritenga, région du Plateau Central, www.minute.bf et bien d’autres médias ont pu rencontrer des agriculteurs qui n’ont pas manqué de dénoncer le retard dans la distribution des intrants pour le démarrage effectif de leurs activités.
Sur la verdure de la terre de Nagréongho, de jeunes plantes harcelées par des herbes donnent une idée du labeur des cultivateurs. Dans les champs, en famille le plus souvent, on peut apercevoir des agriculteurs à la tâche, en train de cultiver ou de labourer à la charrue. En effet, les paysans sont prêts. Seuls facteurs à déplorer par nos agriculteurs, la mise à disposition tardive des intrants agricoles, la cherté et l’insuffisance desdits intrants.
En ce qui concerne les semences, par exemple Sambo Paul Ouédraogo, le président des Producteurs Semenciers de Nagréongho a rassuré qu’ils les ont reçues « à portée de prix », soit « 1000 F CFA pour 15 kilogrammes de maïs, de sorgho blanc… » Il a même ajouté que le haricot a été distribué « gratuitement aux femmes. »
De même, Ousmane Sawadogo, le président de l’Union départementale des Producteurs de coton de Nagréongho, a reconnu avoir eu les semences « à prix abordables. »
Mais, unanimement, les cultivateurs de Nagréongho ont tous dénoncé une sorte de « retard » dans la livraison des produits agricoles au point de les inquiéter. « C’est maintenant nous avons commencé la distribution », a déploré M. Ouedraogo. Et cela inquiète Ousmane Sawadogo qui, avançant « le retard dans l’acquisition des semences et le fait qu’il ne pleuve pas régulièrement », a jugé que « le visage de la campagne n’est pas satisfaisante. »
A Songpélcé, toujours dans l’Oubritenga, les agriculteurs ont fait la même confidence aux professionnels des medias. Le Président de l’Union régionale des producteurs semenciers Amado Sebgo, a même signifié que « les plus de 96 tonnes de semences améliorées allouées à la région du Plateau central étaient en déça de la dotation de l’année passée. »
Aussi, il a indiqué que « les intrants, ne sont jusque-là (27 juin ndlr) pas encore distribués », toute chose qui selon lui peut jouer sur le rendement. « Il y a des plantes qui demandent de l’engrais 15 jours après semence. Pourtant, il y en a qui ont semé depuis près de 20 jours et qui n’ont pas encore reçu l’engrais », a-t-il souligné. Et ce dernier qui dit avoir vu l’engrais au « magasin » de ne pas comprendre pourquoi ce n’est pas encore distribué aux producteurs. »
Sur l’engrais, même si Sambo Paul Ouedraogo s’est satisfait de la subvention qui leur permet d’acheter « le sac à 16 000 F CFA » au lieu de « 40 000 F CFA sur le marché », il a jugé « insuffisantes les 50 tonnes» affectées à toute la province de l’Oubritenga.
De la qualité des semences et intrants agricoles…
Autre problème relevé par les paysans, la qualité des semences et des intrants. « Le maïs quand nous le semons, il y a les bêtes qui les attaquent. Nous avons essayé différents traitements sans résultat… Les jeunes plantes que vous voyez, il y a des vers qui, s’ils les attaquent, dans une semaine, vous ne verrez plus rien », a expliqué Sambo Paul Ouedraogo, jetant un regard protecteur sur ses plantes.
Aussi, le cotonculteur Ousmane Sawadogo a confié : « les insecticides ne sont pas toujours de qualité. Il y a les insectes comme la mouche blanche qui font beaucoup de dégâts dans les cotonniers. On traite avec les insecticides, mais les dégâts continuent… » Cette année, il admet qu’il y a eu du nouveau, mais dit attendre de voir les résultats avant de se prononcer.
Ces obstacles à la bonne évolution de la campagne agricole, les agriculteurs disent le vivre presque chaque année, malgré les interpellations.
Qu’à cela ne tienne, ce sont des cultivateurs déterminés à reussir leur campagne agricole qui nous ont affiché leurs ambitions. « L’an passé, on a fait au moins 150 tonnes mais cette année, on espère atteindre 200 tonnes ou plus », ambitionne M. Sawadogo, parlant du coton.
Même optimisme pour M. Sebgo qui apprécie une saison qui s’est installée tôt, espérant une amélioration de la production par rapport à la saison écoulée.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf
