Comme les sessions précédentes, cette année encore, il n’y a toujours pas de relation entre les questions et certains concours, selon des candidats au concours directs de la fonction publique, interrogés par une équipe de minute.bf ce 15 août 2024, à Ouagadougou. En effet, le 10 août dernier, le ministre d’Etat en charge de la Fonction publique, Bassolma Bazié, procédait au lancement de la composition sur table des concours directs, session 2024. Pour cette session 2024, ce sont au total 2 005 158 de candidatures qui ont été enregistrées pour 5 111 postes à pourvoir. Cinq jours après le début des compositions, votre Journal Minute.bf est allé à la rencontre de quelques candidats, qui donnent leurs impressions sur les questions à eux adressées. Si certains trouvent les sujets en déphasage avec la réalité burkinabè, d’autres exhortent l’État à spécifier les questions en fonction du concours.
Avoir une ressource humaine de qualité pour impulser le développement fait partie des priorités du gouvernement burkinabè. Ainsi, chaque année, des concours d’accès à la fonction publique sont organisés sur toute l’étendue du territoire national, pour les besoins de l’État dans différents secteurs. Mais pour certains candidats, même si le ministre d’État Bassolma Bazié avait promis une réadaptation des questions des concours à la réalité du pays et des secteurs d’activités, cela n’est pas encore une réalité.
Pour Pegrwende Kima qui a pris part à plusieurs concours depuis l’ouverture des compositions, il faut revoir les questions qui sont posées aux candidats. De son avis, il y a des questions qui sont en déphasage avec la réalité burkinabè et africaine. Il estime que ces questions n’inspirent pas le patriotisme. « Il faut souligner que si le gouvernement à travers le ministère de la fonction publique a fait des efforts en insérant effectivement des questions concernant nos curricula de formation comme mathématiques, chimie, SVT, la géographie, la psychologie, la sociologie, l’économie, les œuvres littéraires, le droit… force est de constater qu’il existe encore aujourd’hui des questions qui, de près ou de loin, parlent moins idéologiquement ou patriotiquement à un candidat en quête de devenir un agent de l’État », a regretté le candidat Kima.
De son avis, les questions soumises aux candidats devraient être en majorité basées sur, non seulement la connaissance de l’histoire et la culture essentiellement burkinabè, mais aussi et surtout, sur le continent africain. Mieux, les candidats, estime-t-il, devraient être interrogés sur les figures emblématiques africaines. « Les questions pouvaient être accentuées sur les grands panafricains au regard de la dynamique actuelle de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ainsi, les candidats seront éduqués, et même enseignés en patriotisme et surtout en idéologie (…). Cela est mille fois mieux que de les soumettre des questions parlant des mots grecques Eureka, des tests psycho-techniques », a-t-il suggéré.
Comme lui, Moussa, nom d’emprunt, a composé le concours des Conseillers des affaires étrangères. Pour ce candidat qui s’est confié à nous sous anonymat, les questions méritent d’être réadaptées au contexte burkinabè. Il pense que même s’il s’agit de culture générale, les sujets proposés aux candidats doivent être choisis en fonction du concours. « Je ne sais vraiment pas ce que connaître la date de la mort du pape Pie XII m’apporte en termes de plus-value, moi candidat à la fonction publique. Honnêtement, c’est à revoir. En fait, c’est par pure chance que les gens gagnent les concours et là, ce n’est pas bien », a-t-il soutenu.
De son avis, les autorités actuelles gagneraient, pour le plus grand bonheur du Burkina Faso, à aligner les questions des concours à la réalité du pays « surtout que le gouvernement a amorcé un nouveau virage en terme de souveraineté et de valorisation de la culture endogène ». « C’est une aubaine même pour permettre une réappropriation de notre culture par nous-mêmes. Moi j’aurais plus mal à ne pas connaître la date du décès du Mogho Naaba Wobgo que celle du roi d’Angleterre par exemple », a-t-il estimé.
À en croire la candidate Orokia Barro, les questions de la session 2024 sont les mêmes que celles des années antérieures. Pour elle, il n’y a pas eu de changement majeur. Les questions sont tout azimut. « Par rapport aux questions posées cette année, je dirais qu’elles demeurent les mêmes que les années passées. Je ne peux pas dire qu’il y a un changement au niveau des questions. Même si on n’a pas la fameuse question de l’an passé du genre ‘l’âne dort combien d’heures par jour’, on n’a pas non plus des questions qui sont en lien avec le concours qu’on compose. C’est toujours très aléatoire. Les questions viennent de partout », a déclaré l’étudiante en licence 3 d’Anglais qui dit avoir aussi pris part au noircissement des cases (composition). Elle souhaite, pour ce faire, que le questionnaire soit homogénéisé avec l’intitulé du concours. « Un concours par exemple qui porte sur l’agriculture, les questions doivent être liées à celle-ci, afin que le candidat sache qu’il compose un concours d’agriculture », pense-t-elle.
Cette position est partagée par la candidate Fatima Kéré, étudiante en Master 1 à l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ). Pour elle aussi, il n’y a pas de différence entre le questionnaire de cette année et celui des années antérieures. De ses dires, les questions posées n’ont pas de rapport avec les intitulés des concours. « Je pense que les questions des concours sont pareilles que celles des années précédentes, puisqu’elles n’ont pas forcément de lien avec l’intitulé du concours. Moi, j’aurais souhaité que chaque concours ait des questions qui correspondent à son intitulé, comme le cas du concours de greffier où la plupart des questions sont des questions du droit, de la justice », s’est exprimé la candidate Fatima Kéré.
D’une une seule voix, l’ensemble des candidats qui se sont ouverts à Minute.bf, ont appelé à une réadaptation des épreuves des concours directs avec le secteur pour lequel ils concourent. Concrètement, ils souhaitent que des questions en lien avec la santé soient posées aux concours de la santé, que celles en lien avec la diplomatie soient posées aux concours en rapport avec la diplomatie et ainsi de suite.
Jean-François SOME
Minute.bf
Merci à minute.bf!
Bravo au journaliste de minute.bf, c’est une vérité Indéniable que les candidats ont soulignés.moi y compris je partage cet avis
La pratique de questionnement dans ce contexte de concours vise à faciliter le choix des candidats en éliminant le maximum.
Je suis totalement d’avis aussi que le pays gagnerait davantage à ce que les questions soient en lien avec le Burkina et l’Afrique. Continuer à se concentrer sur les autres qui eux même ignorent tout de nous n’a vraiment rien de glorieux.
Quand au volet d’adapter les questions au champ disciplinaire du concours postulé, je pense que cela est en relation avec le diplôme de base ayant servi pour postuler au concours. Si on dit c’est niveau Bac, l’intérêt c’est d’évaluer et de trier les candidats sur le même pied d’égalité fut il un concours de l’agriculture. Ceux qui seront retenus iront se perfectionner. C’est une manière d’être équitable.