Ollo Mathias Kambou, militant du mouvement Balai citoyen, a été reconnu coupable des faits d’outrage à un dépositaire du pouvoir public et condamné à six mois de prison et au paiement d’une amende de 300 000 FCFA, le tout assorti de sursis. Une condamnation qui n’a pas été du goût de ses avocats qui estiment qu’a travers cette décision de justice, c’est la liberté d’expression qui a été condamnée.
« Nous sommes totalement scandalisés par cette décision (…) En assortissant la décision de sursis, M. Kambou Ollo Mathias dormira chez lui, mais nous disons que la justice a pris le parti de condamner la liberté d’expression qui est pourtant l’élément qui est consubstantiel à la démocratie. Il n’existe pas de démocratie sans liberté d’expression surtout à l’endroit de ceux qui choisissent volontairement de diriger les affaires de l’Etat », a réagi Me Guy Hervé Kam, un des avocats de la défense du prévenu.
Me Kam s’est encore dit « totalement déçu » de cette décision, parce que, fait-il rappeler, « dans toutes les démocraties du monde, ce sont les juges qui sont montés au créneau, qui ont condamnés les États et qui ont amené les dirigeants à reculer sur cette question d’outrage à chef de l’État, d’offense de chef de l’État, de crime de lèse-majesté… » « Il est inadmissible qu’en 2022, la justice burkinabè n’arrive pas à rentrer dans ce sillage-là », a-t-il regretté, marquant ainsi sa déception totale face à cette décision qui condamne son client à 6 mois de prison avec sursis.
Des procédures « royalement violées »
L’avocat a indiqué que le premier rôle du juge, dans un État, « c’est de protéger les droits de l’homme. La procédure a été établie pour la protection des droits de l’homme. »
Dans le cas de M. Kambou, à la Police judiciaire, deplore-t-il, « les procédures ont été royalement violées. » « Quand on vient devant le juge et qu’il donne corps et vie à ces procédures, je pense qu’aucun Burkinabè ne doit se sentir en sécurité quand les juges ne font pas de leur office l’occasion de sanctionner les mauvaises procédures. M. Kambou a été séquestré, placé en situation de détention arbitraire, il a été interrogé dans ces conditions là. Il est inadmissible que les juges refusent d’annuler cette procédure… », a-t-il véhément critiqué.
« Nous sommes sûr que cette affaire n’en restera pas là. S’il faut aller devant les juridictions internationales, nous y irons certainement », a-t-il conclu.
Minute.bf