Le Conseil national des Assemblées de Dieu du Burkina Faso (CNAD-BF) s’est exprimé sur le « contentieux » à l’hôpital Schiphra l’opposant à Marie Claire Traoré, précédemment Directrice général du centre de santé. Pour le Conseil national des Assemblées de Dieu, « ayant été mise à la retraite, Mme Traoré n’a plus le droit d’exercer en tant que Directrice générale de l’hôpital ». Les conférenciers ont botté en touche les déclarations de dame Traoré. Au cours du point de presse, ce mardi 18 mars 2025 au sein de l’hôpital, Me Christophe Birba, l’avocat de l’église AD, s’est dit prêt à employer « la force publique », si dame Traoré ne libère pas les lieux.
Le torchon brûle entre le Conseil national des Assemblées de Dieu (CNAD-BF) et la « Directrice générale » de l’hôpital Schiphra, Marie Claire Traoré. En effet, le problème qui courait depuis fin 2023, a éclaté au grand jour avec la nomination d’un nouveau Directeur général à l’hôpital Schiphra.

Selon le CNAD-BF, la nomination du nouveau Directeur général intervient après la mise à la retraite de Marie Claire Traoré, d’abord par la mission française en janvier 2021 (puisqu’elle est venue au Burkina Faso, en qualité de missionnaire des AD de France), puis par l’église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, à partir du 31 décembre 2024. Cette retraite intervient après 26 années de service et à l’âge de 78 ans.
Cependant, le processus de passation de charge rencontre le refus de dame Traoré. Selon les conférenciers, cette dernière propose, pour sa succession, son fils Ian Traoré, actuel DAF de l’hôpital Schifra ou Dr Gloria Bergès, précédemment, Directrice des Affaires médicales de Schiphra. Chose que l’église AD a rejetée, car « ces propositions ne répondaient pas à [leurs] critères ». Prévue pour se tenir le 11 février 2025, l’installation du nouveau DG de l’hôpital a été suspendue par l’église AD dans une note du 10 février 2025.
L’église des AD rejette les accusations de Marie Claire Traoré…
Selon le Conseil national des Assemblées de Dieu du Burkina Faso (CNAD-BF), des efforts de médiation ont été entrepris à l’endroit de Marie Claire Traoré et de son époux, le pasteur Alpha Traoré, avec, l’implication de plusieurs personnalités administratives et ecclésiastiques. Un comité de réflexion de sept membres a même été mis en place, à cet effet.

Cependant, pendant les discussions avec le Comité, le Pasteur Alpha Traoré a « rejeté toute installation du nouveau Directeur général de l’hôpital Protestant Schiphra, en la personne du Dr Jacob Sawadogo ». Toujours selon le CNAD-BF, le pasteur Traoré a « menacé » l’église que « s’il y avait une insistance dans ce sens, ils remettraient l’hôpital au ministère de la Santé ». « Cette politique de la “terre brûlée”, est en totale inadéquation avec la vision des pionniers missionnaires qui ont tout sacrifié pour la cause de l’évangile », a déploré le Dr Jean Marie Badiel, Administrateur général de l’église AD.
Précisons que depuis 2018, Dame Traoré, Présidente de « l’association Schifra » créée en 2013, est la représentante de l’église AD auprès du ministère de la Santé. L’église AD qui détenait ce droit depuis 2008, a déféré ce droit à l’association Schifra dont Marie Claire Traoré est la Présidente. C’est sur cette base que, à en croire les conférenciers, Dame Traoré jouit des avantages de la propriété de l’hôpital Schifra. Mais « il ne souffre aucun doute sur la paternité de l’hôpital qui revient à l’église AD », a précisé Dr Jean Baptiste Rouamba, SG de l’association Schifra et président du « Conseil d’Administration », de l’hôpital. Ce dernier a ajouté qu’il n’a jamais été question que « l’association se substitue à l’église des AD pour être propriétaire de l’hôpital Schifra ».
Face à cette situation et dans le cadre des réformes engagées au sein de l’église des Assemblées de Dieu du Burkina Faso, l’église est passée par la voie judiciaire pour le rétablissement de l’ordre au sein de l’hôpital Protestant Schiphra, par la saisine d’un Huissier de Justice qui a constaté, le 05 mars 2025, l’installation du nouveau Directeur général, Dr Jacob Sawadogo.
« Après cette installation, Marie-Claire Traoré fera appel, le même jour, à deux chaînes de télévision locales pour montrer les vitres brisées de la porte et tentera de salir l’image de l’église des AD du Burkina Faso, par des faux témoignages tendant à faire croire qu’elle n’avait jamais été associée à des échanges concernant son départ de l’hôpital Protestant Schiphra et que c’est par un appel téléphonique qu’il lui sera dit qu’elle est virée de son poste. Elle ajoutera même que ce qu’elle demande, c’est une passation de service dans la douceur, dans les règles, et selon l’éthique chrétienne : chose que l’Église des AD a vainement tenté d’obtenir », a regretté Dr Badiel.
L’emploi de la force publique pour déloger dame Traoré…
À en croire Me Christophe Birba, avocat de l’église AD, « il n’y a aucun contrat signé entre l’église AD et dame Traoré ».

Cependant, l’avocat souligne qu’un « contrat peut se faire de façon verbale », dans le cas d’espèce. Après que le juge de référés ait montré son incompétence pour statuer vu l’absence de contrat, l’église s’est tournée vers le TGI Ouaga 1 ou une décision sur la base du titre foncier a été rendue en faveur de l’église. « Cette décision est exécutoire. Nous demandons à Dame Traoré d’exécuter la décision de justice. Elle a interjeté appel, mais la décision est exécutoire. En attendant, qu’elle libère l’enceinte de l’hôpital Schifra », a martelé l’avocat. Il a précisé que ce matin (18 mars 2025, ndlr), les Forces de l’ordre venues pour faire respecter la décision de justice, sont réparties « par humanisme ». « Sentant l’étau se resserrer autour d’elle, elle a dit qu’elle est malade. Elle s’est réfugiée dans les chambres à malades de l’hôpital Schiphra et s’est fait établir un certificat médical avec un repos de 72 heures, qu’elle a présenté à l’huissier de justice et aux policiers. Par humanisme, l’huissier a retiré la force publique. Mais dès qu’il a donné dos, elle est allée dans sa chambre pour récupérer certains effets », a-t-il déclaré, intimant l’ordre à Dame Traoré de quitter les lieux sinon « la Police reviendra pour faire appliquer la loi ».
Précisons que dans les négociations l’église AD dit avoir proposé à Dame Traoré de lui prendre « en charge à vie » après son admission à la retraite. L’église dit toujours prête à respecter tout ses engagements envers Dame Traoré et que la porte des négociations lui est toujours ouverte.
En guise d’information, le missionnaire français Pierre Dupret, soutenu par des missionnaires américains, a porté, en 1948, sur les fonts baptismaux, l’enseignement primaire protestant, à Gounghin (Ouagadougou). En 1949, cette initiative bénéficiera d’un terrain d’environ 12 hectares, à Tanghin (Ouagadougou), permettant l’installation de la « station missionnaire de Tanghin ». C’est cette enceinte qui a évolué pour donner l’hôpital Schifra. Marie Claire Traoré y était directrice générale depuis 1999 développant l’enceinte du simple dispensaire en hôpital de référence au Burkina Faso.
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Mathias Kam
Minute.bf