Le 26 septembre 2019 à Ouagadougou, l’ambassadeur de la république populaire de Chine au Burkina Faso, Li Jian, à l’occasion du 70e anniversaire de la création de la République populaire de Chine, a prononcé un discours à l’allure d’un coaching, incitant ainsi les Africains à se lever et à travailler pour le développement de l’Afrique toute entière. « Dans le livre de son histoire, la République populaire de Chine est aujourd’hui à sa 70e page. 70 pages qu’elle a écrites elle-même, pour lesquelles elle s’est battue et par laquelle elle s’identifie pleinement », a avancé Li Jian, dans son discours adressé aux différents invités à la réception qu’il a offerte à Ouagadougou, à l’occasion.
Le 1er octobre 1949, Chairman MAO Zedong a proclamé sur la place de Tiananmen la création de la République populaire de Chine. « Après un siècle d’humiliation, de colonisation, le peuple chinois a décidé de ne plus être agenouillé. Il s’est désormais tenu debout », soutient Li Jian. Mais à l’époque, a-t-il poursuivi, malgré la pauvreté, c’est la 1re fois depuis un siècle que la Chine ne dépendait plus de personne, et que les Chinois ont tenu leur propre bol de riz dans leur main. « Cette indépendance vraie et réelle du peuple chinois a montré au monde entier, à tous les peuples opprimés, qu’il est possible de changer le cours de l’histoire en menant un combat acharné. Et pendant 7 décennies, la Chine n’a jamais cessé de chercher sa propre voie de développement », enseigne-t-il.
« Il n’y a rien de miraculeux dans tout cela »
Aujourd’hui, le changement et l’évolution de la Chine est perceptible à tous les endroits et presque simultanément. Le chemin de fer pour les trains à grande vitesse a relié toute la Chine avec plus de 29 mille kilomètres, ce qui dépasse deux tiers de la longueur mondiale. La Chine a construit plus d’un million de ponts modernes mêmes dans les régions montagneuses. Ainsi, parmi les cent ponts les plus difficiles à construire par l’humanité au 21e siècle, il y a 90 ponts chinois.
« Je me rappelle qu’il y avait des amis burkinabè qui me parlaient souvent du miracle chinois. Je les ai beaucoup remerciés, mais à mon fort intérieur, je sais très bien qu’il n’y a rien de miraculeux dans tout cela. Les expériences réussies de la Chine pendant ces 7 décennies n’ont pas été des plus aisées et ne se sont pas passées comme une lettre à la poste. Pour nous, c’est une longue marche avec 70 ans de lutte acharnée. Rien n’était garanti en avance mais nous avions foi que nous pouvions y arriver. Mieux, nous étions convaincus que nous avions le devoir et l’obligation de réaliser nous-même notre développement. », a indiqué M. Jian.
Voici ce qu’a fait la Chine pour aller au développement
Comment la Chine a pu garder le cap, maintenir une vision unique orientée vers le développement pendant 70 ans ? Quatre point expliquent le processus. Premièrement, explique l’ambassadeur LI Jian, il y a toujours un plan stratégique à très long terme. « Ce n’est pas des projets de développement qu’on envisage pour 3 ans ou 5 ans mais des grandes lignes que nous respectons et exécutons inlassablement pendant plusieurs décennies », dévoile-t-il. Deuxièmement, le système chinois, à l’entendre, leur permettait de pouvoir concentrer toutes les ressources et toutes leurs énergies sur de grandes réalisations prioritaires et structurantes dans une méthodologie claire, précise, concordante. Troisièmement, la Chine est restée toujours ouverte à tous les pays, apprenant d’eux sans aucun préjugé et s’inspirant des aspects positifs qu’elle adaptait à ses réalités. Quatrièmement, il y a le rôle très particulier et important que joue la culture traditionnelle chinoise qui met beaucoup d’accent sur l’unité, la discipline, la diligence et la persévérance.
« Cependant, tout n’aurait jamais été possible sans un leadership ferme et éclairé du Parti communiste chinois (PCC)», assure LI Jian, qui confit que « depuis presque cent ans, le PCC a œuvré à éveiller la conviction et le patriotisme de tout un peuple afin de remporter des succès remarquables ». Toutefois, cette entreprise est sans fin, a-t-il indiqué, précisant qu’elle s’inscrit dans l’éternité. « C’est en effet un travail perpétuel auquel chaque génération se doit de remplir mieux que la précédente », a-t-il dit.
Aujourd’hui, selon les statistiques du Fond monétaire international (FMI), la contribution de la Chine pour la croissance économique mondiale entre 2009 et 2018 est de 34%, occupant ainsi la 1re place mondiale. Elle joue un rôle de plus en plus important dans l’innovation du modèle de coopération et dans le perfectionnement de la gouvernance économique mondiale. « Fervente défenseur du multilatéralisme et de l’ouverture », la Chine apporte sa part de contribution au sein des instances internationales telles que le sommet du G20, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Conférence sur les changements climatiques, etc.
« Ce que nous voulons, c’est un grand jardin gagnant-gagnant dans lequel prospèrent tous les partenaires »
« Une Chine puissante est une bonne nouvelle pour l’Afrique », est convaincu LI Jian pour qui la Chine et l’Afrique sont respectivement le plus grand pays en voie de développement et le continent qui regroupe le plus grand nombre de pays en voie de développement. « Les deux peuples ont subi les mêmes situations très difficiles et partagent aujourd’hui les mêmes aspirations à l’indépendance réelle et au développement. Le soutien mutuel de ces deux peuples est la condition sine qua none pour relever les défis communs qui se présentent à eux », rappelle-t-il. « Dans les années 1970 la Chine était elle-même plus pauvre que beaucoup de pays africains, mais cela ne l’a pas empêché de construire le Chemin de fer reliant la Tanzanie et la Zambie au nom de l’amitié », a fait noter l’ambassadeur.
Maintenant que sa situation s’améliore, la Chine contribuera davantage au processus d’industrialisation et de la modernisation de l’Afrique et fournira encore plus de fonds, de technologies et de compétences pour son décollage social et économique, a-t-il assuré. Ainsi, en Afrique, la Chine ne cherche nullement à se construire un pré carré pour ses intérêts égoïstes. « Ce que nous voulons, c’est un grand jardin gagnant-gagnant dans lequel prospèrent tous les partenaires », avance LI Jian.
« Dans le domaine de la sécurité, nous faisons front ensemble », a-t-il dit. D’ores et déjà, la Chine soutient l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel avec un soutien de 300 millions de Yuan, soit plus de 23 milliards de FCFA. De plus, dans le cadre de la coopération militaire chinoise, elle envisage renforcer les équipements des forces de défense et de sécurité burkinabè afin qu’elles puissent être davantage opérationnelles sur le terrain et défendre la nation. Aussi, dans cette même lancé, 54 élèves-officiers burkinabè se sont rendus en Chine cette année pour suivre des formations militaires bien structurées.
« La Chine était autrefois à la croisée des chemins et a su tracer sa propre voie pour se faire une place de choix sous le soleil. Ses portes restent ouvertes à ses amis, pour leur partager son expérience. Le souhait de la Chine, c’est que ses progrès puissent davantage enclencher le développement économique et social du Burkina Faso, sans arrière-pensée », conclut-il.
Armand Kinda
Minute.bf