Ces dernières années, la Chine a accrue sa coopération avec les pays africains. D’ailleurs, elle ne cache pas son intérêt pour l’Afrique. Elle et le Burkina, en 2018 ont renoué leur relation d’amitié au détriment de la Chine Taiwan. A la faveur de cette coopération Sino-burkinabè, des journalistes burkinabè ont effectué un séminaire du 19 au 9 décembre en terre chinoise. Il a été donné à ces professionnels des médias burkinabè et sénégalais associés à ce séminaire de non seulement connaître la Chine à travers des enseignements reçus par d’imminents enseignants et diplomates spécialistes des relations sino-africains, mais aussi par des visites guidées. Ces experts très avisés sur les relations sino-africaines ont pu expliquer aux professionnels des médias présents à Beijing, le bienfondé d’une collaboration entre la Chine et l’Afrique. Ainsi nous nous sommes particulièrement appesantis sur certains enjeux de la coopération Sino-africaine.
« Il faut focaliser la coopération sur une complémentarité entre les acteurs car sans complémentarité, il n’y a pas de coopération durable ». C’est ce qu’a enseigné Li Jun, ancien ambassadeur de la Chine en Afrique. Diplomate de formation, enseignant à l’université des langues étrangères de Beijing et Docteur de l’université de Paris sud (diplomatie et négociation international), il a d’emblée tenu à expliquer les objectifs de la Chine vis-à-vis de l’Afrique avant de faire savoir que l’Afrique a aussi beaucoup à gagner avec la Chine.
L’initiative ceinture et la route
Ainsi, il a fait cas de l’initiative de la ceinture et la route de la soie en ce qui concerne la coopération sino-africaine. Il s’agit selon Li Jun de créer une ceinture de coopération gagnante-gagnante, et de solidarité mutuelle entre la Chine et les différents pays africains prolongeant l’initiative de la route de la soie créée depuis des temps immémoriaux. Qi Jianhua, Enseignant de l’institut de diplomatie en Chine poursuit l’explication de l’initiative en faisant noter que, « la ceinture et la route » surtout en ce qui concerne l’Afrique, a pour objectif de construire une communauté de destin partagé basé sur l’investissement les relations commerciale, sociale, politique et le respect mutuel entre les pays membres.
La Chine avoue avoir des intérêts en Afrique
En ce qui concerne effectivement la coopération entre la Chine et l’Afrique, Li Jun, consent que cette coopération historique se veut sincère en ce sens que ces derniers ont connu le même passé douloureux du fait de la colonisation, du mépris de l’occident, de la famine et des guerres. Cependant, le diplomate s’est voulue tout aussi sincère en faisant comprendre que la Chine a actuellement des intérêts certains en Afrique tout comme l’Afrique a aussi des intérêts avec la Chine. D’où la nécessité d’une « collaboration franche basée sur le respect mutuel, le soutien mutuel, l’entraide et la transmission de l’amitié sino-africaine de génération en génération », a rappelé Sun Jowen, également ancien ambassadeur de la Chine en Afrique.
Quels intérêts la Chine a en Afrique ?
«Suite à la guerre économique entre les puissances mondiales, l’Amérique et certains pays du bloc occidental s’érigent de plus en plus contre certains produits en provenance de Chine», a révélé Li Jun. Pour lui, « cela commence à engendrer et va engendrer une situation de surcapacité de production de la Chine ». « Déjà, le matériel, les usines, les entreprises, produisent en dessous de leur capacité de production », a-t-il expliqué. Pourtant, « la Chine, plus grand pays en voie de développement, a besoin de garder le cap et continuer dans sa production afin de se développer ». Que faire alors ? s’est-il interrogé. Délocaliser les entreprises vers des pays avec une main d’œuvre moins chère ? Se tourner vers un autre marché de consommation ou les entreprises pourront faire valoir leur production et fonctionner de manière optimale ? Oui ! Très certainement selon Li Jun. Pour lui, c’est en cela que la Chine a besoin de l’Afrique, car force est de constater que la forte production de l’industrie chinoise est consommatrice de matières premières. Ainsi, le cumule de ces facteurs font que non seulement la Chine a besoin de délocaliser ses entreprises, ses usines en Afrique mais aussi d’utiliser les matières premières du continent africain pour poursuivre son développement.
L’Afrique à Tout aussi besoin de la Chine pour aller vers l’industrialisation et le développement
De l’avis de M. Jun, « il est indéniable que ce dont l’Afrique a besoin actuellement c’est de s’industrialiser et de pouvoir transformer ses produits sur place pour pouvoir créer de la valeur ajoutée ». De ce fait, « elle a des besoins en termes d’infrastructures de qualité, en termes de routes, de voies ferrées, de bâtiments et d’expertise. Toutes Choses que la Chine a la capacité de réaliser », a-t-il estimé avant de préciser que c’est d’ailleurs le leitmotiv de l’initiative ceinture et route de la soie porté par le président Xi Jinping. « Autant la Chine a des besoins en matières premières, autant l’Afrique a besoin de la Chine pour lancer une bonne fois son industrialisation », a souligné Li Jun.
Tout en ne niant pas que la Chine a besoin d’importer de l’énergie (pétrole, gaz) de minerais et des matières premières d’Afrique, le diplomate à toute fois insisté pour faire comprendre qu’une coopération durable se repose sur une complémentarité. «C’est en cela que chaque partie doit faire rayonner ses atouts », a-t-il convenu. De l’analyse personnelle de l’ambassadeur Li, « pour le moment, bon nombre de pays africains, sont au stade de valorisation de leurs ressources naturelles comme atouts économiques ». C’est la raison pour laquelle, M. Li juge que si les pays africains rationalisent bien l’exportation de leurs gisements, cela pourrait avoir un bon effet en faveur de leur développement économique. « Il s’agit donc d’un partenariat gagnant-gagnant pour peu que chacun fasse jouer ses atouts », a-t-il dit.
Il a donc plu a Qi Jianhua, professeure à l’institut de diplomatie de Chine de mettre côte-à-côte les différents atouts des deux partis pour une meilleure observation de leur complémentarité. En ce qui concerne l’Afrique : « en 2018, parmi les dix pays qui connaissent la plus vite croissance, cinq (5) se trouvent être en Afrique. Elle a des avantages en ressources naturelles, des potentialités croissantes sur le plan démographique, sur le plan de l’investissement dans les infrastructures, et sur le plan du marché », a-t-elle étayé. Aussi, elle a laissé entendre qu’au 19e sommet de l’UA, les africains ont émis un souhait fort pour un programme de développement des infrastructures en Afrique, basé sur 51 projets : « travaux concernant les réseaux transfrontaliers routiers, ferrés, informatiques, et hydrauliques ». Aussi Mme. QI fait le constat selon lequel la demande est forte aux marchés des immobiliers, de l’eau et de l’électricité, des travaux hydrauliques ; et il y a une très forte augmentation en interconnexion, dans la télécommunication, la sous-traitance des travaux et la construction des installations industrielles. Quant à la Chine, la professeure Qi l’a décrite comme un pays en développement rapide et stable ayant une capacité de production et une expérience de réduction de la pauvreté. « Les objectifs et les moyens de l’aide chinoise s’inscrivent en terme de coopération plus élargie, approfondie, diversifiée et bénéfique pour la Chine et l’Afrique », a-t-elle dit.
En outre, celle-ci a conclu son propos en reconnaissant l’énormité des défis à relever quant à la bonne marche de la coopération entre la Chine et l’Afrique. Il s’agit entre autres de «la complexité de l’environnement international, les battages malveillants des médias occidentaux, le soit disant « néocolonialisme » et les conflits d’intérêts », a-t-elle reconnu.
Hamadou Ouédraogo de retour de la Chine
Minute.bf