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jeudi 28 mars 2024

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Covid-19: Les journalistes exposés dans leur métier

Ils sont dans tout et partout en cette période de crise sanitaire liée au covid-19. Eux, ce sont les journalistes, au four et au moulin chaque jour, pour informer, expliquer, sensibiliser les populations à la crise sanitaire liée au Covid-19. Afin de mieux saisir les conditions dans lesquelles ces hommes et femmes de médias travaillent actuellement dans ce contexte de la pandémie contagieuse du Covid-19, une équipe de Minute.bf est allée à la rencontre de quelques uns d’entre ceux-la même qui constituent la 3e ligne au front contre le covid-19 après les médecins et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). 

Ange Lévi Jordan Méda, journaliste à infowakat.net

Ange Lévi Jordan Méda, journaliste à infowakat.net

« Nos conditions de travail ont relativement changé avec le respect des gestes barrières. Sur le terrain, nous essayons autant que possible de respecter le mètre de distance, d’éviter de parler dans les visages des uns et des autres. Aussi, quand nous sortons, c’est avec nos masques, les gants. Voici un peu les conditions sanitaires dans lesquelles nous travaillons.

En ce qui concerne nos conditions de travail, elles n’ont pas vraiment changé. Bien vrai que les activités sont au ralenti mais nous sommes tout le temps en train de courir de gauche à droite sur le terrain. On a gardé le même réflexe et on n’a pas changé grand-chose dans la manière de faire à part le respect des gestes barrières.

On peut aussi parler du travail à distance. Depuis lors on essaie de faire du mieux que l’on peut pour travailler à distance et éviter les déplacements inutils.

Pour ce qui est de la dotation en masques de protection, gants, gels et autres, c’est la direction de l’organe qui les ont mis à notre disposition même si nous n’attendons pas tout de la direction. Moi par exemple, j’ai trois masques, un pour ma moto, un pour la poussière, ce qui me permet de changer quand je veux et quand c’est nécessaire.

Quant à l’accompagnement du ministère de la communication en matériels de protection, c’est vrai que nous sommes tout le temps en bagarre mais cette fois-ci, il faut reconnaître qu’il fait le minimum. Déjà  au Service  d’Information du Gouvernement (SIG), nous ne sommes plus ‘entassés’ comme avant la pandémie. Il y a le nombre de personnes admises pour respecter les mesures et aussi, quand bien même  vous avez votre gel que vous avez appliqué sur vos mains,  une fois sur place on vous applique le gel. Il y a aussi la prise de température même si souvent l’appareil n’est pas trop fiable. Je crois que notre ministre de tutelle fait ce qu’il peut.  Mais,  est-ce qu’il peut faire encore mieux ? Avec la situation où les choses vont dans tous les sens,  je ne sais pas. Le fait que le ministère de la communication s’attelle au respect des gestes barrières à mon sens, est déjà salutaire. Maintenant, à chacun de prendre des mesures plus poussées à son niveau. »

Phil’Roland Zongo, journaliste à Femina fm

« Actuellement, les journalistes sont réellement sollicités dans cette lutte contre la pandémie du coronavirus. Tous les jours pratiquement, ils sont sollicités pour soit des dons de vivres aux personnes vulnérables, au CORUS ou au ministère de la santé.

Mais il faut reconnaître que tous ne pensent pas à équiper les journalistes de matériels de protection.  Il y a aussi le fait que beaucoup de patrons de presses du privé n’ont pas su s’adapter à la situation en dotant leurs journalistes du matériel qu’il faut: masques,  gels, gants. Ce qui fait que les hommes de presse, vu que leur métier c’est d’aller sur le terrain à la quête de l’information, ils sont un peu plus exposés. Pas autant que les médecins mais ils sont aussi exposés. 

Au Burkina Faso, on sait que c’est beaucoup plus par les hommes d’État, les gouvernants et autres que la maladie s’est déclarée, ce qui fait que les journalistes qui partent aux activités de ces derniers sont beaucoup exposés. Malheureusement,  pour le moment,  on ne sent pas une dotation en matériels de protection des journalistes. L’Assemblée nationale par la voix de son président, Bala Alassane Sakandé avait promis de voir dans quelle mesure accompagner les organes de presse en matériels de protection. Il y a aussi le fonds FPDC qui a déjà commencé à faire un tour dans les organes de presse. On espère que d’autres vont suivre le pas pour doter les journalistes de masques,  de gels et autres pour qu’ils puissent travailler dans de bonnes conditions.

Personnellement,  je n’ai pas connaissance de l’accompagnement des organes de presse par le gouvernement mais s’il le fait, c’est bien.  

Quant aux patrons de presse, ils doivent songer à comment réadapter le matériel de travail pour les journalistes.

Dans ce contexte de covid-19, bon nombre de professionnels de presse sont dans des difficultés. Dans le milieu de la presse, il y a ceux-là qu’on appelle les salariés, les pigistes, les stagiaires et autres. Pourtant, en cette période de covid-19, il y a moins d’activités sur le terrain ce qui sous-entend moins de recettes pour les organes de presse. Et par ricochet, moins il y a d’entrée d’argent,  moins il y a des capacités à payer les salaires.  Avec cette situation, vous verrez des journalistes qui n’ont pas perçu leurs salaires alors qu’ils ont signé un contrat en bonne et due forme, n’en parlons pas des stagiaires ou des pigistes qui devraient être payés à la semaine.  Donc, tout ce beau monde est en difficulté pour honorer les charges fiscales, les factures d’eau et d’électricité,  des difficultés pour payer le loyer et des difficultés même pour se nourrir convenablement, n’en parlons pas des autres charges pour les pères de familles. 

A ceux qui font les dons, les journalistes ont toujours accompagné ces personnes à chaque fois qu’ils sont sollicités. Mais vous allez voir que depuis qu’on fait des dons,  rarement l’on a pensé aux journalistes. Que ce soit le gouvernement, le privé ou encore les structures associatives, rares sont ceux-là qui se disent: nous avons des partenaires qui sont fidèles,  qui nous accompagnent à chaque fois que nous les sollicitons gracieusement ou pas et pourquoi ne pas penser à eux ? Jusque là,  nous restons sur notre faim. Beaucoup de corps de métiers sont accompagnés mais pour les journalistes, jusque-là nous n’avons pas encore entendu parler. A ce niveau, nous tirons la sonnette d’alarme pour leur faire comprendre que le journaliste ne vit pas ex nihilo, hors de la société. Au niveau du public c’est un peu structuré, ça va un peu mais pour nous qui sommes dans le privé,  il faut voir quel genre d’accompagnement nous apporter ». 

Vidéo-Le cri de cœur des journalistes en cette période du Covid-19

Hamadou Ouédraogo, journaliste à Minute.bf

« Par rapport aux conditions de travail en ce temps de covid-19, il est vrai que notre rédaction a pris des dispositions pour nous protéger en nous dotant en masques et en gel hydroalcoolique. Mais de la part de l’État, nous n’avons rien en ce qui concerne une quelconque dotation individuelle ou en direction de nos rédactions. Pour ce les conférences de presse du gouvernement, le dispositif de distanciation sociale est mis en place pour empêcher la propagation ou la contamination au Covid-19 au sein des journalistes. Il y a entre autre la désinfection des mains et le contrôle des températures dès l’entrée de la salle, la réduction des journalistes de l’ordre de 50 journalistes par conférence et la distance de un mètre entre les journalistes ».

Alain Coulibaly, Journaliste à la télévision LCA

Alain Coulibaly, Journaliste à la télévision LCA

« C’est vraiment difficile en cette période de covid-19 pour nous qui sommes des hommes de médias. Déjà sur le terrain, on n’a pratiquement pas de dispositifs de protection et nos rédactions elles-mêmes peinent à convenablement mettre à notre disposition des matériels de protection. Chez nous par exemple, la direction nous a dotés en cache-nez en plus du dispositif de  lave-mains au niveau du service mais, le problème se trouve, là où nous nous déplaçons pour faire nos reportages. Nous sommes beaucoup plus exposés par rapport aux autres mais nous ne sommes pas pris en compte en matière de dotation. Nous couvrons des activités de dons mais nous n’avons pas reçu de dotations quelconque que ce soit de la part de notre ministère de tutelle encore  moins de la part de généreux donateurs. Donc, nous sommes obligés de nous débrouiller nous-mêmes pour avoir les cache-nez, les désinfectants et tout.

Deuxièmement, pour faire les interviews comme ce qui s’est passé à Rood wooko, où les journalistes étaient regroupés, c’est difficile.

Il faut que les différentes directions de communication mettent en œuvre des dispositifs pour gérer cela. Par exemple à la présidence, il y a un dispositif électronique qui nous permet de nous séparer et de capter le son. 

Nous lançons donc un appel pour l’amélioration de nos conditions de travail à travers la mise en œuvre d’autres dispositifs.

Aux donateurs aussi, il faut qu’ils pensent aux hommes de médias parce que, c’est nous qui faisons les événements, c’est nous qui informons les populations. C’est bien de donner dans les officines sanitaires et aux communautés vulnérables mais il faut aussi penser à nous journalistes parce que c’est nous qui allons sur le terrain et qui sommes donc exposés. 

Dans nos différentes rédactions, il faut qu’on pense à nous doter de cache-nez, de solutions hydro-alcooliques  pour qu’on puisse s’en sortir ».

Propos recueillis par Franck Mickaël Kola

Minute.bf

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