Face à la crise qui sévit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), l’ancien président, Joseph Kabila a rompu le silence, sortant de sa longue réserve depuis son départ en 2019. Surprise, plutôt que d’accuser le Rwanda et le M23, Joseph Kabila a chargé son successeur, Félix Tshisekedi, mettant en cause sa gestion. Il s’est exprimé dans une tribune publiée par le journal sud-africain The Sunday Times.
Alors que le Rwanda est régulièrement accusé de soutenir le M23 pour déstabiliser l’Est de la RDC, Jospeh Kabila, lui, met en cause la gestion de son successeur. « Les troubles, dit-il, ne peuvent être uniquement imputés aux avancées du mouvement armé M23, soutenu par le Rwanda, ou aux tensions entre Kinshasa et Kigali ». En clair, a postulé l’ancien chef de l’Etat congolais : « contrairement à ce que les autorités de Kinshasa veulent faire croire, la crise ne se limite pas aux actions incontrôlées du M23 présenté à tort comme un groupe anarchiste, un proxy d’un Etat étranger sans revendications légitimes ni à un simple désaccord entre la RDC et le Rwanda ».
Pour lui, il faut trouver les raisons de cette crise dans la gestion de Tshisekedi. « L’intimidation, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires et extrajudiciaires, ainsi que l’exil forcé d’hommes politiques, de journalistes et de leaders d’opinion, y compris des chefs religieux, figurent parmi les principales caractéristiques de la gouvernance de M. Tshisekedi », a dénoncé M. Kabila. Partant, il est même convaincu que si l’on ne s’attaque pas à cet aspect des troubles en se concentrant uniquement sur le M23, les troubles politiques et les conflits armés, voire la guerre civile, se poursuivront.
« Les innombrables violations de la Constitution et des droits de l’homme, ainsi que les massacres répétés de la population par la police et les forces militaires de Tshisekedi ne cesseront pas après l’aboutissement des négociations entre la RDC et le Rwanda ou la défaite militaire du M23 », a insisté, M. Kabila.
En outre, Joseph Kabila, dans sa tribune, ne voit pas une solution militaire résoudre le conflit dans l’Est de son pays. Il pense que ni l’envoi de troupes ou d’équipements supplémentaires en soutien à l’armée congolaise n’aideront à résoudre cette crise. « Pour restaurer la paix et la stabilité dans l’Est du pays, est-il convaincu, il est crucial de résoudre la question des groupes armés nationaux et étrangers présents sur le sol congolais ».
Cette sortie de l’ancien président intervient au moment où le Conseil de Sécurité de l’Organisation de l’ONU met en cause le Rwanda qu’il accuse de soutenir le M23. Ce mouvement aussi, faut-il le souligner, poursuit sa percée dans l’Est de la RDC.
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