Le lauréat du prix Pritzker 2022, equivalent du Prix Nobel de l’Architecture, Diébédo Francis Kéré a été célébré par le gouvernement, le jeudi 2 juin 2022 à Ouagadougou, à travers une cérémonie d’hommage. Parmi les illustres invités de la soirée, le trésor humain vivant, chef coutumier et homme de culture, Me Frédéric Titinga Pacéré. Tout en félicitant l’homme en l’honneur, ce dernier n’a pas manqué d’interpeller le gouvernement pour plus de reconnaissances des mérites des hommes de culture, de leur vivant surtout, et de dénoncer d’autres Burkinabè qui travaillent à empêcher la valorisation de pratiques culturelles au Burkina Faso.
Les Étalons footballeurs, cyclistes et autres, le triple-sauteur Hugues Fabrice Zango, l’homme le plus fort au monde, Iron Biby et maintenant Diébédo Fabrice Kéré ont été honorés et célébrés pour s’être distingués dans leur domaine respectif.
M. Kéré, premier africain sacré prix Pritzker 2022, lui a eu un hommage un peu plus particulier. Fait commandeur de l’Etalon par le président du Faso, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba un peu plutôt dans la journée, le Pritzker 2022 a eu droit à une soirée d’hommage initiée par le gouvernement, ce jour-même.
Au nom du gouvernement, le ministre en charge de l’habitat, Boukary Savadogo a félicité le « pionnier de l’architecture durable pour la terre et ses habitants », Diébédo Francis Kéré. « C’est un monument, un espoir pour la jeunesse et tout le peuple burkinabè », a poursuivi le ministre Savadogo, encensant M. Kéré.
Si cette marque de reconnaissance est bien accueillie par l’ensemble des Burkinabè, le Trésor humain vivant, Me Frédéric Titinga n’a pas manqué d’interpeller l’Etat à plus de vigilance pour ne pas passer sous silence les hauts faits d’autres Burkinabè notamment dans le monde de la culture.
« Aimons nous vivants ! », disent les Ivoiriens. Me Pacéré qui a félicité M. Kéré et salué l’initiative de l’hommage à lui rendu, n’en demande pas moins pour tous ceux qui hissent haut le drapeau national.
L’interpellation de Me Pacéré aux autorités et aux Burkinabè
« Notre pays regorge de trésors, nous avons beaucoup de valeurs. Malheureusement, je suis honnête avec vous et nous, nous ne savons pas les exporter », a-t-il critiqué. « Mon plus grand vœu c’est qu’on accorde le minimum aux hommes de culture au sens large, au Burkina Faso. Sachez que de très grands prix à l’échelle du monde pourraient être obtenus par des Burkinabè, mais il leur faut un minimum. Et qu’on m’excuse de le dire publiquement, ils ne reçoivent aucun soutien de l’Etat pour pouvoir réaliser leurs projets », a-t-il dénoncé.
Après l’Etat, Me Pacéré s’en est également pris aux Burkinabè en faisant une révélation. « La sortie du Mogho Naaba existe, Ça fait 1 000 ans. Même si le Mogho Naaba meurt, cette sortie demeure. A l’origine, c’était tous les jours. De nos jours, c’est chaque vendredi. J’ai appris qu’on a voulu soumettre cela [comme patrimoine culturel mondial] mais cela a été rejeté (…) Ceux qui l’ont fait rejeter sont de notre pays », a révélé le Trésor humain vivant, avant de s’exclamer : « c’est dommage ! »
Prenant ces propos au bond, la ministre en charge de la culture, Valérie Kaboré a rassuré Me Pacéré que « son message est bien entendu. » Elle a promis qu’ « un acteur culturel ne sera plus jamais, dans ce pays, un parent pauvre à qui on rend hommage qu’à titre posthume. » Précisément, s’est-elle résolue : « je prends l’engagement, pendant que je suis là, de régler ce qui n’a pas pu être réglé, en attendant de laisser la place à d’autres personnes. »
Franck Michaël KOLA
Minute.bf