dimanche 8 septembre 2024
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Culture : Les Vigué, cette communauté qui se bat contre son extinction au Burkina

Parmi la soixantaine de langues que compte le Burkina Faso, il y a le Viemo, une langue parlée dans la province du Houet, region des Haut-Bassins, précisément dans le département de Karangasso-Vigué. Elle fait partie des langues que l’on peut qualifier de minoritaires parce que disposant d’un nombre très réduit de locuteurs. À la faveur de la 21e édition de la Semaine nationale de la Culture (SNC), une équipe de Minute.bf s’est entretenue avec un membre de cette communauté. Entre pratiques culturelles et politique de sauvegarde de cette langue menacée, Tata Ouattara, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, revient sur les fondements de sa communauté.

Administrativement, les locuteurs de cette langue sont connus sous le nom Vigué, mais eux-mêmes se reconnaissent dans l’appellation Vievo. On les retrouve dans la province du Houet, plus précisément dans le département de Karangasso-Vigué. Les Vigué ont pour particularité de n’avoir que pour unique patronyme : Ouattara. « Tous les Vigué sont des Ouattara mais tous les Ouattara ne sont pas des Vigué », précise Tata Ouattara, représentant la communauté Vigué au village des communautés de la SNC.

Quelques objets de la culture Vigué

A l’en croire, les Vigué seraient venus de la Côte d’Ivoire. L’histoire raconte, selon elle, que l’ancêtre des Vigué aurait quitté Kong suite à une discorde avec ses frères pour ensuite s’installer à Ouéla, puis à Koulana qui se trouve dans la sous-préfecture de M’batto de l’actuelle Côte-d’Ivoire. Il se serait déplacé par la suite à Bouna où il se serait marié et aurait eu trois fils dont deux jumeaux. L’un des jumeaux, Kouéré, aurait quitté Bouna pour s’installer à Yaran où il aurait fondé Kouérédougou, un village de l’actuel département de Karangasso-Vigué.

L’autre frère, selon Mme Ouattara, se serait installé dans la partie Ouest de Bobo-Dioulasso où il aurait fondé Karangasso-Sambla. « L’histoire raconte que c’était deux frères qui ont quitté Kong et qui sont venus au Burkina Faso. Le premier s’est installé dans la partie Est de Bobo-Dioulasso pour fonder Karangasso-Vigué et l’autre à l’Ouest. C’est lui qui a fondé Karangasso-Sambla. C’est pourquoi il y a deux Karangasso au Burkina Faso. Nous sommes des cousins en quelques sorte », explique-t-elle.

Une langue en voie de disparition

Le Viemo est une langue menacée de disparition au Burkina Faso. Elle a été classée par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) parmi les langues en danger de mort dans le pays. Une chose qui s’explique par le nombre très réduit de ses locuteurs. Les linguistes estiment en effet, à moins de 4000 les locuteurs de cette langue. Selon Tata Ouattara, pour éviter une possible disparition de leur culture, les Vigué se sont imposés des mesures dont la plus importante est l’interdiction des mariages mixtes.

Tata Ouattara, membre de la Communauté Vigué

« Chez nous les Vigué, les mariages mixtes, c’est interdit. Si tu vois une Ouattara qui est mariée ailleurs c’est que c’est indépendant de la volonté de sa famille. Non, ça ne se fait pas. Si tu vois une femme Vigué mariée à un homme d’une autre ethnie c’est qu’elle n’en a fait qu’à sa tête sinon sa famille n’acceptera jamais », confie la dignitaire Vigué qui justifie cette mesure par la volonté de préserver leur communauté et partant, leur identité culturelle menacée d’extinction. « On n’est pas nombreux. Donc si on ne fait pas cela, notre culture risque de disparaître. C’est pourquoi on se marie entre nous. C’est pour sauver notre ethnie et notre langue », affirme-t-elle.

Même si elle avoue que cette pratique culturelle fait souvent des mécontents, elle insiste sur son caractère crucial pour la préservation de la communauté. « Des gens peuvent trouver que c’est mal. Parce que l’amour ne se contrôle pas. On peut tomber amoureux d’une fille ou d’un garçon de n’importe quelle ethnie mais chez nous c’est comme ça. Et moi je suis d’accord avec ça parce que ça permettra à notre communauté de survivre », défend Mme Ouattara qui trouve salutaire l’initiative du village des communautés en ce qu’elle permet à des communautés peu connues au Burkina Faso de présenter la richesse de leur culture au monde.

Oumarou KONATE

Minute.bf

9 Commentaires

  1. Il sera préférable de sensibiliser leurs enfants de parler la langue entre dans n’importe quelle lieux ils se trouvent

  2. Merci beaucoup ma sœur pour avoir representé valablement la communauté. Je pense que la langue vigué ne va pas disparaître parce que nous avons pris conscience et nous allons vulgariser cette langue pour le bien de la communauté.

  3. Les Vigués une ethnie que je connais bien j’ai eu la chance d’aller dans quelques villages de Karangasso Vigués malheureusement pendant longtemps une des activités économiques des Villageois c’était la coupe et la vente du bois qui vraiment dévastées la forêt. Cependant j’ai aussi aimé ce plat « ‘ sèguin – tô  » du tô faite à la farine plus du potasse Merci Merci

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