jeudi 21 novembre 2024
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Démocratie au Burkina : « Le problème ne se pose pas dans le système mais dans les acteurs » (Pr Alkoussoum Maïga)

« Désinformation et démocratie », c’est le thème choisi par le consortium Diakonia, Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et du National démocratic institute (NDI) pour célébrer la journée internationale de la démocratie, ce vendredi 15 septembre 2023 à Ouagadougou. Plusieurs communications ont été au menu de cette rencontre autour du thème : « Comment la démocratie peut-elle se réinventer dans un contexte hostile aux partis politiques et aux processus électoraux ? Comment la démocratie peut-elle se réinventer pour se sauver d’elle-même ? ».

Le philosophe, Dr Abdoulaye Barro, est le premier à se jeter à l’eau. Il lui a été demandé de faire l’« Autopsie de la fragilité démocratique du Burkina Faso ». Le Dr Barro, d’entrée de jeu, a tenu à remplacer « autopsie par pathologie », car pour lui « on ne peut pas faire une autopsie, s’il n’y a pas la mort ». Pourtant, estime-t-il, « la démocratie n’est pas morte ». Il a donc dressé « un bilan de santé » de la démocratie au Burkina Faso. « L’une des pathologies majeures, c’est un problème avec le mot République. Puisque la République rythme avec la Constitution, sans laquelle on ne peut pas parler de démocratie. Toutes les fragilités renvoient à la République. L’État républicain et le régime démocratique ne sont jamais séparable. La République reste le sommet absolu de la démocratie au Burkina Faso », a-t-il argumenté.

La seconde pathologie, cite le philosophe, c’est le défi sécuritaire qui ébranle les compatriotes où certains pensent qu’ils faut « laisser la démocratie ». Mais « l’armée continue de hanter la renaissance démocratique véritable du Burkina Faso et ce, malgré sa réforme engagée par la Transition de 2015 tendant à interdire l’implication des militaires dans la politique », a-t-il déploré.

Pour Dr Barro, aucune loi historique ne « condamne la démocratie à disparaitre au Burkina Faso ». Le philosophe s’est penché sur la IVe République au Burkina Faso. Cette dernière a pour principe historique l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, puis des coups d’État militaire de janvier et septembre 2022. Il a un invité les « acteurs » a posé le débat et entamer un re-enclenchement de notre système démocratique.

Vues des participants de la conférence publique

Comment alors réinventer la démocratie à travers les valeurs, principes et les traditions africaines ? C’est toute l’essence de l’intervention du sociologue, Pr Alkassoum Maïga. D’emblée, Pr Alkassoum Maïga a précisé qu’il n’y a pas « de valeurs propres africaines ». L’Afrique, plus précisément, le Burkina Faso dispose « de plusieurs valeurs », dit-il. La solution que cet universitaire propose c’est « d’agir sur les acteurs », parce que, c’est à eux qu’incombent la responsabilité de la mise en œuvre de ce système.

Pour Pr Alkoussoum Maïga, « le problème ne se pose pas dans le système mais se trouve dans les acteurs ». Ces mêmes « acteurs sont atteints du virus des 3D : les acteurs Disqualifiés, Dequalifiés et Discrédités », a-t-il déploré, avançant que nombre de ces acteurs « se sont illustrés par des pratiques qui ont causé un désamour entre le gouvernant et le gouverné ». L’ancien ministre en charge de l’enseignement supérieur en veut pour preuve le principe de séparation du pouvoir qui n’est pas respecté. « Le législatif, est-ce que le pouvoir a été suffisamment cohérent avec son rôle, suffisamment pertinent avec sa responsabilité d’interpellation de l’exécutif ? Ce qui fait que le peuple croit que le législatif est une caisse de résonnance, qui n’a jamais été capable d’être au rendez-vous de l’histoire. Le judiciaire, nous savons tous les problèmes de justice qui se posent dans notre pays. L’injustice criard dans la société. On a l’impression que nos prisons sont pleines des voleurs de poulets et ceux qui volent le plus sont en pleine liberté. À ce niveau, il y a une responsabilité à assumer. La communication, le 4e pouvoir. On n’a pas sentie assez de détermination à faire en sorte que le communicateur joue son rôle de mettre en mal l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Là aussi il y a une responsabilité à assumer. Le prince est plus servi que le peuple. Enfin, le 5e pouvoir les OSC, qui se trouvent au carrefour du rond-point, dont certains sont devenus des entrepreneurs politiques qui naviguent à contre-pouvoir de l’exécutif. Eux aussi ont renoncé à leur responsabilité. Les 5 piliers sont corrompu. Au lieu de voir les piliers qui lâchent, on regarde le château, la démocratie. Donc, chacun a son péché originel, a ses déviations et ses déviances », a étayé le Pr Maïga.

Ce qu’il faut faire selon l’enseignant-chercheur en sociologie, c’est cultiver « des valeurs d’intégrité, le sens de la probité, le caractère sacré de la parole donnée, le respect du bien public, le principe de la contribution, production, distribution, redistribution, consommation dans le projet économique ». Et pour cela, il faut agir sur l’éducation en famille, la socialisation familiale et associative, des valeurs fondamentales qui guident l’Homme dans la société.

« Nous avons le problème qui est clair. Mais nous allons chercher des solutions qui ne sont pas appropriées. Ou alors, nous avons des solutions appropriées adressées à un problème qui n’est pas le vrai problème. Le résultat est un résultat non-attendu. Posons donc le bon diagnostic pour ne pas faire fausse route », a conclu Pr Maïga.

Dr Daniel Kéré a terminé la conférence en incitant à « promouvoir l’engagement des jeunes et des femmes dans un nouveau système démocratique au Burkina Faso ».

Mathias Kam
Minute.bf

1 COMMENTAIRE

  1. Si on n’a pas d’institutions qui répondent aux réalités de nos peuples, cela peut entraîner la fragilité de la démocratie.
    En ce qui concerne les acteurs, je crois que les acteurs essaient de s’adapter aux systèmes sinon on te remercie. Et pour moi il faut tout refaire avec ce s’y à nos peuples. Sinon nous allons toujours souffrir ici.

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