Dans cette tribune, l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry réagit au discours du Président de la Transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, à l’occasion de la célébration du 11 décembre 2022. Lisez plutôt !
« J’ai écouté IB !
A l’occasion du 62e anniversaire morose du Burkina Faso, le capitaine Président a rompu ses habitudes et s’est adressé aux Burkinabè.
- sur la lutte contre le terrorisme, il a choisi la lucidité ou d’autres auraient brandi le trophée de Solenzo. Effectivement, après plusieurs mois d’occupation par les terroristes, Solenzo est revenu dans la République. Maintenant il faut éviter « l’anomie » qui a été jusqu’à l’écueil principal de la lutte contre le terrorisme. Il faut que l’administration revienne s’installer et avec TOUTE la population éviter que Solenzo ne rebascule.
J’ai écouté IB, j’ai entendu un chef de guerre déterminé. Il lui a manqué, à mon avis, la « perspective politique » dans le combat contre le terrorisme.
En l’absence d’une « stratégie politique » qui guide et oriente les opérations militaires, il est possible d’avoir des « victoires militaires », certaines seront éclatantes, mais « l’anomie » reprendra le dessus et comme « sisyphe », la pierre va re rouler au pieds de la montagne.
Il en va ainsi des phénomènes comme le terrorisme. Le « tout militaire » comme nous l’avons fait jusqu’à présent, rend le phénomène « endémique ». Alors que le garrot politique permet d’assécher en agissant sur la cause quand le tout militaire adresse les « effets ».
Allons pour la détermination militaire, elle est bonne à prendre, surtout qu’elle a manqué jusque-là. Rappelez vous cependant, de ce que disait Joe Biden après la débâcle occidentale en Afghanistan « nous avons tout donné aux militaires Afghans (…), la seule chose que nous ne pouvions pas leur donner ; c’est l’envie de se battre ». Si l’envie de se battre revient chez nos « boys », il est évident que les chances de vaincre seront alors à 30%. Les 70% de chance restants sont et seront politiques. Les guerres, surtout celles que nous affrontons, mélange d’insurrection et de guerre se résolvent par un mixte qui donne le leadership au politique. Qu’on se comprenne, je ne dis pas une présidence civile, je dis un leadership politique.
- Enfin, le souci de la vitalité économique comme préalable indispensable pour faire la guerre. IB est revenu sur cette préoccupation et à plusieurs reprises. C’est l’économie de sa santé ou de sa fragilité qui déterminera la victoire. Comme l’a dit récemment dans son dernier ouvrage Lona Charles Ouattara « Le drame d’Inata au Burkina Faso », le Front militaire tient quand la logistique tient derrière. Dans notre pays, les évaluations chiffrées ne sont pas notre point fort, ce qui fait qu’on ne sait pas combien nous coûte par jour la guerre contre le terrorisme. Or c’est en l’évaluant parfaitement et en le rendant public que nous pouvons mieux visualiser les meilleurs choix possibles.
A supposer dans une hypothèse basse que nous avons quotidiennement besoin de 2 milliards de cfa par jour pour tenir le front militaire, dans le mois cela donne 60 milliards et environ 720 milliards dans l’année. En rapporter cela à la moyenne journalière des recettes que nous réalisons on peut savoir est-ce que nous pouvons tenir et combien de temps? De façon concrète, le projet de budget 2023 annonce environ 2600 milliards de recettes. Ce qui donne une recette journalière nationale d’environ 7 milliards. Le même budget prévoit des dépenses d’environ 3200 milliards soit quotidiennement un besoin de 9 milliards.
Nous sommes économiquement devant un tableau pour le moins anxiogène. Nous pouvons réunir par jour 7 milliards, dans l’hypothèse où l’économie fonctionne, nos besoins sont de 9 milliards par jour et pour les besoins du front militaire il nous faut absolument 2 milliards par jour qu’il pleuve ou qu’il neige.
Devant un tableau pareil il y a deux impératifs:
- primo, il faut tout faire pour maintenir l’économie et rendre attractif les conditions d’investissement, surtout que la notation du pays est au plus bas et les conditions d’endettement démentielles. Les taux qu’on nous appliquent actuellement sont insupportables. Dans pareil cas, il faut savoir créer et entretenir une économie de guerre, en veillant par tous les moyens possibles à ce que les mines, notre secteur principal ne ferme pas et ne soit pas troqué dans une opération « armes contre minerais ». Et veillez à la bonne production agricole pour minimiser la faim et la famine.
- Secundo; il faut le plus rapidement possible apaiser le front militaire.
Bien sûr, nous ne devons pas arrêter de « RÉFLÉCHIR ». C’est notre unique assurance de ne pas nous fourvoyer
Bonne fête de l’Indépendance !
Allah aide, ceux qui s’aident !
NAB »
Minute.bf
J’espère que c’est mieux pour vous de réfléchir…