L’étudiant en Médecine, Pingdwendé Sebogo, a soutenu, dans la soirée du lundi 2 décembre 2024, sa thèse de doctorat d’État en Sciences de la Santé à l’Université Joseph Ki-Zerbo. À l’issue de sa présentation, il a obtenu une mention « Très honorable ».
« Entrepreneuriat : connaissances, attitudes et pratiques des étudiants en médecine en fin de cycle dans les universités du Burkina Faso », c’est ce thème que Pingdwendé Sebogo a choisi de questionner pour l’obtention de son doctorat d’État en Médecine. Le choix d’une telle thématique découle d’un constat selon l’impétrant : celui du chômage de plus en plus grandissant des diplômés du supérieur, notamment en Médecine.
Chaque année, selon ses explications, le nombre d’étudiants diplômés d’État en Sciences de la Santé ne cesse de croître, alors que la demande, quant à elle, décroît comme peau de chagrin. D’ailleurs, depuis 2018, le recrutement des jeunes diplômés d’État en Médecine, qui se faisait de manière systématique dans la Fonction publique, a été arrêté. Dans une telle situation, l’entrepreneuriat médical se révèle donc, à en croire ses propos, comme une solution palliative qui pourrait permettre d’absorber le grand nombre de ces étudiants.
En choisissant cette thématique, Sebogo dit s’être fixé pour objectif d’évaluer les connaissances des étudiants en fin de cycle de Médecine sur l’entrepreneuriat médical, d’examiner les pratiques entrepreneuriales chez ces étudiants et d’analyser leurs aptitudes dans ce domaine en vue de parvenir à des recommandations sur la thématique.
« Quand nous arrivions à l’université et particulièrement en Médecine, nous pensions déjà que dès que nous finissions, nous aurions un emploi. C’était l’esprit que nous avions en arrivant à l’université. Et si vous demandez à 100 étudiants ce qui les a motivés à faire de longues études en Médecine, ils répondront immédiatement que c’est cela. Mais quand nous avons commencé, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas le cas. Les recrutements qui se faisaient de façon systématique ne le sont plus. Il faut désormais passer par un concours. Et si vous ne réussissez pas, vous êtes obligés d’aller dans le privé, où vous allez multiplier les stages sans jamais être embauchés. C’est ce constat qui a motivé notre choix de ce thème. Nous avons voulu voir si réellement les étudiants savent qu’ils ont des opportunités dans le domaine de l’entrepreneuriat médical », a-t-il expliqué.
Au terme de son enquête, qu’il a menée dans les universités publiques et privées du pays, Sebogo est parvenu aux résultats selon lesquels de nombreux étudiants en fin de cycle de Médecine sont animés d’un grand intérêt pour l’entrepreneuriat médical. Mais en raison de leur faible connaissance du monde entrepreneurial, ils se retrouvent limités dans leur élan.
« Nous avons observé, à travers nos analyses, que les étudiants ont conscience de l’enjeu : l’État ne peut pas tous les recruter. Donc, ils veulent entreprendre à partir de ce qu’ils ont appris, mais ils sont limités non seulement en termes de savoir entrepreneurial mais également en termes de moyens pour entreprendre. Dans 88 % des cas, notamment, les étudiants estimaient que l’entrepreneuriat médical est une voie de carrière viable pour un médecin. Et 55 % d’entre eux envisageaient de lancer un projet entrepreneurial dans le domaine médical, mais seulement 17 % connaissaient des ressources pouvant les soutenir », a-t-il expliqué.
Il a donc posé la nécessité pour les autorités académiques des institutions de formation médicale, d’inclure des cours en entrepreneuriat médical dans les curricula de formation dès le premier cycle, en vue de préparer les étudiants aux défis économiques et managériaux dans ce domaine. Il propose également de créer des centres d’innovation et d’incubation qui pourraient offrir aux étudiants un encadrement pratique, des ressources techniques et une mise en réseau avec des entrepreneurs et des experts du secteur médical.
À l’issue de sa présentation qui a duré une vingtaine de minutes, l’impétrant a vu son travail jugé recevable par le Jury, avec une mention « Très honorable ». Sebogo a, séance tenante, intégré le cercle prestigieux des Docteurs en Médecine en sacrifiant à la traditionnelle prestation du serment d’Hippocrate.
Si le Jury a unanimement décidé de valider ce travail, c’est en raison de sa pertinence. Selon le Pr Charlemagne Ouédraogo, président du Jury, la thématique abordée est d’actualité au regard des questions d’employabilité qui se posent de plus en plus après la formation des étudiants en Médecine. Cette réalité commande, selon lui, que des réflexions soient menées pour trouver des alternatives palliatives.
« La question de l’entrepreneuriat dans le secteur privé pourrait être une alternative pour résoudre les questions d’employabilité des médecins formés dans nos Universités du Burkina Faso. Et avec l’étudiant, nous avons échangé sur les fondements et les piliers de cet entrepreneuriat afin qu’on ne puisse pas oublier un aspect, pour que les futurs entrepreneurs en santé soient mieux outillés pour promouvoir la santé dans le secteur privé aux côtés du public », a-t-il déclaré. Il a, en cela, salué la thématique de l’étudiant, qui, dit-il, vient avec des propositions claires dans ce sens.
Le directeur de thèse, Dr Arthur Tiendrébéogo, s’est essentiellement penché sur la personnalité de l’impétrant qui, à l’en croire, s’est montré dévoué, studieux, mais surtout respectueux. Il a salué le fait qu’il ait intégré toutes les remarques faites durant la phase de recherche. Il s’est réjoui de ce que les recommandations contenues dans le travail de l’impétrant pourront servir de base pour l’introduction de modules entrepreneuriaux dans les facultés de Médecine au Burkina Faso.
« Nous sommes heureux de ce que cette thèse sera le déclencheur qui fera que cette idée que beaucoup d’entre nous nourrissent depuis longtemps, à savoir introduire l’entrepreneuriat médical dans le curriculum de formation, devienne une réalité. C’est vraiment un apport très important, ce travail de thèse », a-t-il affirmé, invitant son filleul à prendre en compte l’ensemble des observations qui ont encore été faites par le Jury.
Oumarou KONATE
Minute.bf