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jeudi 28 mars 2024

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« Dounia » : Le Premier album de Sibi nait après 40 ans d’expérience musicale

Après avoir traîné sa bosse dans plusieurs événements culturels à Koudougou (Nuits Atypiques de Koudougou) et à Ouagadougou (FESPACO) durant environ « 4 décennies », l’expérimenté de la musique traditionnelle burkinabè, Sibi Zongo a mis sur le marché son tout premier album. « Dounia », puisque c’est de cette œuvre qu’il s’agit, est un carrefour entre tradition et modernité, même si la trame de fond reste la culture moagha de par la langue mais aussi, le « roudga » ou violon traditionnel, un instrument musical qui n’a plus de secret pour l’artiste. La présentation de l’album qui aborde les thématiques de la paix, du pardon, de l’amour entre autres, a eu lieu le vendredi 10 septembre 2021 à Koudougou, ville natale de l’artiste.

Des cabarets de Koudougou aux animations populaires en passant par les ateliers et conférences, Sibi Zongo, cette virtuose du « roudga » a su gagner les cœurs des mélomanes, pour se frayer des places sur des scènes des Nuits atypiques de Koudougou (NAK) ou des films du Festival Panafricain du Cinéma de Ouagadougou (FESPACO), des pièces de théâtre, etc. Ses seules armes, sa maestria du violon traditionnel dont il a été initié par « son oncle » et sa voix doublée de sa dextérité à rendre les choses en « langage imagé (…) en langue vernaculaire mooré », qu’il a appris des épouses de son oncle.

40 ans dans la musique, un seul Album; que s’est-il passé ?

Et pourtant, Sibi Zongo, c’est « 40 ans » dans la musique burkinabè, mais sans le moindre album, selon son staff. Qu’est-ce qui peut expliquer cela pour un artiste dont le talent est pourtant reconnu par plusieurs mélomanes?

Selon l’artiste, c’est « le manque de moyens » et les « promesses non-tenues ». Pour l’artiste qui, faut-il le souligner, est « aveugle de naissance », il lui fallait du soutien. « Si ce n’est grâce à ceux qui ont des yeux, qu’est-ce que je peux faire? », interroge-t-il.

L’artiste Sibi Zongo

Mais ce soutien, Sibi Zongo l’aura et l’album « Dounia », sonne comme le fruit de toute sa patience, le résultat de sa longue et riche carrière. En effet, tout est parti de l’admiration d’un fan qui dit avoir été bercé dans son enfance, par les notes du « roudga » de Sibi Zongo, dans la ville de Koudougou. Michel Kaboré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, alors devenu réalisateur, présente l’artiste au rappeur et producteur Smockey en 2009. De là, la connexion est vite faite entre les deux artistes, qui en collaboration sortent deux titres : « fo toumda yè ? » et « l’âme du violon » sur l’album « Cravate Costard et Pourriture de Smockey » en 2010. En 2011, le réalisateur fait un focus sur l’artiste, sous le titre éponyme, « Sibi, l’âme du violon », remportant au passage, le pris de la « Mention spéciale du Jury au FESPACO ». Mais après cela, plus rien.

Selon l’anecdote racontée par le staff de l’artiste, c’est alors déçu par le manque de soutien, que Sibi Zongo se fait remarquer au Salon international du Coton et du Textile (SICOT). Là encore l’artiste confirme et éblouit le public. Mais à la fin, il exprime sa crainte de « mourir sans enregistrer un seul album ».

Selon son staff, les démarches ont été entreprises auprès du ministère de la Culture pour produire l’artiste. D’ailleurs, de l’avis de Smockey qui a produit Sibi Zongo au studio Abazon Renaissance, « la lenteur (de l’album) est due à certains partenaires ».

Mais, enfin, on peut le dire, après une relative pause en 2011, c’est finalement en 2021 que Sibi Zongo réalise son rêve à travers l’album « Dounia ». Pour cela, il n’a pas manqué de dire merci à tous ceux qui de près ou de loin l’ont soutenu pour ce projet.

« Dounia » est un album de 8 titres, inspiré des tréfonds du terroir moagha avec des rythmes traditionnels. Ouvert, l’artiste s’est également laissé aller sur des rythmes modernes, dont le reggae, le rap… À ce titre, confie Smockey, « il essaye, il ne dit jamais non. Il est ouvert à toutes les expériences ». Revenant d’ailleurs sur leurs anciennes collaborations, Smockey ne tarit pas d’éloges à l’endroit de celui qu’il appelle affectueusement « grand frère ». « Moi mon défi c’était d’être suffisamment à la hauteur de Sibi. Il arrive, il est à l’aise, il ne réfléchit pas. Lui, c’est un freestyler. C’est-à-dire qu’il arrive, il n’a rien d’écrit, il improvise».

Smockey et l’artiste présentant l’album

Qu’en est-il de la promotion de Dounia?

En outre, sur les thématiques abordées, on a la paix le pardon, l’amour, l’évolution du monde… À travers boumb san bé, Sibi Zongo conseille aux jeunes que « même s’il y a lieu de manifester, il faut le faire pacifiquement »; avant de parler « des mystères de la vie » dans « Dounia ». Dans « Man néré », l’artiste conseille à tout un chacun de mettre de la « passion dans son travail », avant d’aborder le thème de l’amour dans « Nonglom ». Avec Sougri, il invite les Burkinabè à « se pardonner ». « Touma », « félicite et encourage les travailleurs », a-t-il indiqué avant de finir avec Zamana, où il estime que « le monde évolue » et que « les mentalités doivent évoluer ». Ce dernier titre appelle à bannir certaines anciennes pratiques comme le « mariage forcé ».

Des thèmes qui ont touché le cœur de Sa Majesté Naaba Saaga d’Issouka, dont le palais a servi de cadre de présentation de l’œuvre. Au nom des « bonnets rouges (Chefs traditionnels) » présents à la cérémonie, il a félicité l’artiste qu’il a béni pour sa sortie discographique. « Puisse cet album qui est dédicacé ici, trouver un rayonnement qui en appelle à la production d’autres albums », a-t-il souhaité à l’endroit de Sibi Zongo.

Parlant de rayonnement, le producteur de l’artiste entend explorer toutes les plateformes pour la promotion de l’album, qui faut-il le rappeler est dès à présent sur le marché (Studio Abazon Renaissance) au prix unitaire de 5 000 F CFA. À ce titre, s’il entend mettre à contribution les réseaux sociaux, il a aussi et surtout demandé l’accompagnement de la presse pour la promotion de l’œuvre. Enfin, l’avenir de Sibi Zongo, « dépend du public », a insisté Smockey, invitant les mélomanes à adopter l’artiste et son œuvre.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

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