lundi 30 décembre 2024
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Drame Inata/Des parents de victimes aux autorités : « Ayez un peu de sympathie, ce sont des humains, ce ne sont pas des animaux »

Comme annoncée par le gouvernement, l’inhumation des victimes du drame d’Inata est intervenue le mardi 23 novembre 2021 au cimetière militaire de Goughin (Ouagadougou). Au total, sur les 53 victimes (officiel), 37 corps ont été formellement identifiés et enterrés devant famille, parents, amis et connaissance. C’est dans une atmosphère lourde mêlée de pleurs de proches de victimes que les enterrements ont eu lieu. De tous les civils et militaires qui ont effectué le déplacement, on pouvait lire l’affliction sur les visages. Toute chose qui ne leur a pas empêché de puiser de leur énergie, pour ensemble, ensevelir les compatriotes tombés à Inata. À l’issue de l’inhumation, certains parents et proches de victimes se sont confiés à www.minute.bf.

Fatim Zongo, parente de victime : « Ce qu’on demande (à la hiérarchie militaire et aux autorités) c’est qu’au lieu de laisser les enfants des gens mourir pour après les confectionner des cercueils à coup de millions, il faut leur donner à manger; prenez vos responsabilités, faites ce que vous devez faire pour qu’ils ne tombent pas de cette manière au combat. Si vous voyez qu’il n’y a pas de solutions, trouvez au moins une porte d’issue. Ce n’est pas forcé qu’il y ait tous ces morts ou tous ces dégâts avant que vous ayez pitié. C’est quelle manière de compatir ça ? Regardez les tombes qu’ils ont creusées. Tout le monde ne fait que se plaindre. Les tombes sont très petites. On ne sait même pas si ça vaut un mettre de largeur ou de longueur. Elles sont très petites. D’abord, vous avez laissé les gens tomber de faim. Ce n’est pas facile. Vraiment, on a mal au cœur. Ayez un peu de la sympathie, ce sont des humains, ce ne sont pas des animaux. Notre cri de cœur pour tous les parents, pour tous ceux qui sont tombés au cours de ce combat est le suivant: de grâce, ayez pitié des enfants des gens. Ne prenez pas nos enfants pour aller déposer comme si c’était un troupeau. Ça fait très mal, nous avons mal au cœur. Ce qu’on a à vous dire (hiérarchie militaire et gouvernement), sachez que ce sont nos frères qui sont morts. Nos parents ont pris soin d’eux, ils les ont mis à l’école, ils les ont éduqués, les ont nourris jusqu’à ce qu’ils deviennent des hommes. Et vous avez eu besoin de ces Hommes. Ils étaient là pour leur pays. Donc vous ne devez quand même pas les laisser tomber au combat comme s’ils étaient des animaux. Vous êtes des médecins après la mort. »

Yaya Gouba, frère aîné d’un défunt gendarme : « On pleure nos morts. Hier et avant-hier, on apprend qu’il y a des attaques. Finalement où allons nous ? La vie se passe à Ouagadougou seulement et à Bobo. Si tel est le cas, ils n’ont qu’à libérer nos enfants qui sont au front pour qu’ils viennent vivre avec nous ici. Là, les gars vont venir nous prendre tous ici. Franchement dit, on n’est pas content. Il faut qu’il trouve une solution. La solution ce n’est pas le discours. On a fini avec cela. Il faut qu’on aille à des solutions propres et adéquates pour sauver les enfants ».

Issa Santi, voisin d’un gendarme tombé : « On est en face d’une situation très douloureuse. On est venu assister à l’inhumation dans la douleur. Au vu du déroulé du drame, toutes les familles, les voisins, etc., on est vraiment abattu. On est dans la consternation. Quand on a appris l’attaque aux premières heures, suivie des premiers éléments de réponse, le déroulé, cela nous a encore meurtris dans nos cœurs, dans nos esprits. On est venu pour accompagner nos défunts de prières pour que Dieu les accepte. C’était un voisin et en même temps un petit-frère très sociable, très loyal (…). Ils sont morts pour la nation. On veut exprimer notre consternation et profiter pour demander aux autorités de voir les sacrifices de ces enfants. C’est des petits-frères, c’est des enfants qui sont prêts pour mourir pour la nation. Donc les autorités aussi doivent reconnaître ce sacrifice et mettre les moyens possibles pour les accompagner. Les familles de victimes, quand elles voient que derrière ce sacrifice, il y a de l’accompagnement, cela les soulage un temps soit peu. Mais quand on constate que les enfants se sacrifient pour la nation mais derrière, il n’y a pas un accompagnement conséquent, cela fait mal et on prie les autorités de voir ce problème, de mettre les moyens pour qu’ensemble on puisse bouter ce phénomène hors de notre pays. »

Propos recueillis par Hamadou Ouedraogo et Franck Kola

Pour Minute.bf

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