La Commission nationale des Droits humains (CNDH) a fait le point de l’état des droits humains au Burkina Faso pour la période 2021. C’était le vendredi 9 décembre 2022 à Ouagadougou, devant les professionnels des médias.
« Un état des lieux globalement très préoccupant du fait de la crise sécuritaire », c’est ainsi que la CNDH a résumé la situation des droits humains au Burkina Faso en 2021. Cette situation s’explique, selon la rapporteure de la CNDH, Antoinette Savadogo/Pouya, par la « recrudescence des attaques terroristes en 2021» qui ont donné lieu à de « nombreuses violations et/ou abus des droits humains ». Dans ce contexte, sans distinction, poursuit la CNDH, « l’ensemble des droits humains (civils, politiques, économiques, sociaux et culturels) » ont été affectés.
En effet, avec une hausse du taux d’accroissement du nombre de Personnes déplacées internes (PDI) de l’ordre de 46,98% en l’espace d’une année, soit 1 579 976 en 2021 contre 1 074 993 en 2020, la CNDH a souligné que malgré les efforts de prise en charge, de nombreux défis liés aux « violences basées sur le genre, à l’alimentation et aux services sociaux de base, à l’assainissement, à l’accès à l’eau potable, au logement, à la santé, à l’éducation (…) méritent une attention soutenue. »
Pour étayer son postulat, la CNDH argumente : « la commission lors de sa mission d’évaluation de la prise en charge des PDI qui s’est déroulée en juin 2021 à Fada N’Gourma, a recueilli des témoignages de femmes PDI alléguant des violences basées sur le genre. Il est ressorti de leurs déclarations qu’un certain nombre d’être-elles ont fait l’objet de chantage sexuel de membres des comités de distribution des vivres et dons. »
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Pis, révèle le rapport CNDH 2021 : « certaines femmes ont déclaré avoir été victimes de viol. Ces viols seraient survenus sur les lieux de distribution des vivres au regarde de la nécessité pour elles de passer la nuit sur place afin d’être parmi les premières à être servies le lendemain. » Et comme pour appuyer cela, un responsable humanitaire a fait cas à la commission du « nombre élevé de grossesses non désirées parmi les femmes PDI. »
En outre, de Solhan, à Kodyèl en passant par Inata, Markoye et Yirgou, la CNDH a, en amont, dénoncé les violations des droits humains et les pertes en vies humaines du fait des Groupes armés terroristes (GAT). En aval, « la commission note que les opérations de riposte contre les actes terroristes ont souvent donné lieu à des allégations de violations des droits humains (droits à la vie, et à l’intégrité physique et morale) généralement attribuées aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et aux Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) par plusieurs sources. »
Su ce point notamment, la rapporteure de la CNDH a indiqué que « la période 2021 a connu des cas de dénonciation de personnes disparues en lien avec les opérations de sécurisation du territoire », citant nommément des cas sur les sites de PDI de Ouahigouya, Barsalogho et Fada N’Gourma…
Franck Michaël KOLA
Minute.bf