samedi 14 décembre 2024
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Éboulement à Imyiré : 13 personnes « enterrées » dans les décombres (témoins)

Les orpailleurs de Imyiré, dans le Bam, ont vécu une nuit atroce ce samedi 27 février 2021. En effet, un éboulement a causé la mort de 11 personnes, selon le communiqué officiel du gouvernement. Mais à Imyiré où une équipe de Minute.bf a pu se rendre pour plus d’informations ce lundi 1er mars, les habitants parlent de 14 morts. Que s’est-il passé exactement?

Il était dix neuf heures environ, au moment où les musulmans exécutaient leur prière du soir, une série de bruits assourdissants resonnaient à l’ouest du village de Imyiré. La première impression des villageois était: « nous sommes attaqués ». Quelques minutes plus tard, le constat est tout autre. Il s’agissait d’un éboulement dans le site d’orpaillage artisanal du village.

C’est un village « mort » et une jeunesse complètement abattue que les reporters de www.minute.bf ont rencontré à Imyiré le dimanche matin. Sur le site d’orpaillage, les activités étaient quasiment arrêtées. Sur les visages se lisait un regard contrarié par les évènements. Mais que s’est-il passé? « Ce sont des trous abandonnés par leurs propriétaires et les victimes sont des orpailleurs rentrés pour chercher leur pitance. Malheureusement, sept d’entre eux (les trous) ont cédé ce samedi nuit vers 19 heures », a relaté Mahamoudou Zoungrana, habitant du village.

Plusieurs trous se sont affaissés sur des orpailleurs causant leur mort

Les efforts de sauvetage

Juste après l’éboulement, selon un témoin, tous les travailleurs du site et les villageois ont accouru pour sauver les victimes. Nos sources ont signifié que durant toute la nuit de samedi jusqu’à la première demi-journée de dimanche, l’effort de sauver les victimes est resté constant. « Mais au fur et à mesure qu’ils gagnaient de profondeur, le risque d’éboulement était grand », a confié Lassané Zoungrana, représentant du Conseiller Villageois de Développement (CVD). Néanmoins, ajoute t-il: « nous avons pu sauver quatre personnes dont deux légèrement blessées ont pu être prises en charge au CSPS de Lourgou. Nous avons pu extraire aussi un corps sans vie ». Puis, à Mahamoudou Zoungrana d’ajouter que treize personnes ont été enterrées dans les décombres, ce qui fait un total de quatorze morts.

Ignorant le nombre et les identités de ceux qui étaient dans les trous abandonnés, le groupe d’autodéfense qui assure la sécurité des usagers du site a lancé un appel à identification de victimes qui pourraient être dans les trous, assure Mahamoudou Zoungrana. C’est ainsi, dit-il, qu’ils ont pu savoir qu’il y a parmi les regrettés, un jeune du village Badinogo, trois jeunes de Bogonam, cinq jeunes de Temnaoré, tous des villages de la commune de Kongoussi et cinq jeunes de Dafiré dans la commune de Tikaré.

La plupart des orpailleurs ont déserté les lieux pour le moment

Un grand désarroi à Bogonam

Landaogo Salam Ouédraogo est venu pour témoigner la reconnaissance de la famille Ouédraogo de Bogonam à tous ceux qui ont tenté de sauver leurs fils. L’équipe de www.minute.bf a pu le rencontrer. « Nous avons été informés au téléphone de ce qu’il y a eu un éboulement mais nous n’imaginions pas le pire. C’est dans cette incertitude que nous avons appris avec les rescapés que trois de nos enfants sont restés. Comment annoncer cette nouvelle à des jeunes femmes qui n’ont qu’un enfant chacune? », balbutie-t-il, le visage pâle avec un regard perdu.

Mais, les envoyés de Bogonam se disent être consolés par la solidarité des uns et des autres à leur égard. « L’humanisme qui a prévalu dans cette affaire nous a réconfortés. A notre arrivée, certains parents voulaient se donner la mort dans les trous voisins », explique Salam Ouédraogo.

Des mesures pour éviter d’éventuelles pareilles situations

Pendant ce temps, d’autres orpailleurs concassent les pierres incrustées d’or

En plus du passage de la gendarmerie et de l’agent de santé dimanche, les orpailleurs ont reçu la visite des représentants du syndicat des orpailleurs. Ensemble, un certain nombre de règles de bonne conduite ont été instaurées sur le site selon les témoignages de Mahamoudou Zoungrana. « Avec le syndicat, nous avons arrêté comme décision, d’entreprendre des plaidoyers auprès des détenteurs de trous pour qu’il soit mis des supports pour bloquer et securiser davantage les trous abandonnés de sorte à y éviter tout accès », a-t-il confié.

Soixante douze (72) heures après l’éboulement, les autorités locales et sécuritaires ainsi qu’une équipe de l’Agence Nationale des Exploitations Minières Artisanales et Semi-mécanisées (ANEEMAS) se sont rendues sur les lieux du drame ce mardi 2 mars pour constater l’ampleur des dégâts et encourager les populations.

Jacques SAWADOGO, correspondant

Minute.bf

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