La CNSE a décidé de suspendre son mot d’ordre en cours pour compter du dimanche 03 février 2019 à 00 heure. Selon les premiers responsables de la Coordination, la suspension sera d’une durée maximum de deux mois.
En rappel, la CNSE avait lancé plusieurs mots d’ordre dont la suspension des évaluations dans tous les établissements du pays. Cette dernière a occasionné depuis quelques semaines des manifestations d’élèves un peu partout dans le pays.
VOICI LA DÉCLARATION LIMINAIRE:
DÉCLARATION LIMINAIRE.
Mesdames et messieurs de la presse,
La Coordination nationale des Syndicats de l’Education (CNSE) vous remercie pour votre présence à cette conférence de presse, la première de notre regroupement pour l’année 2019. Elle vous souhaite à tous et à toutes une année de santé, de paix et de réussite dans vos différentes entreprises. C’est aussi une occasion pour elle de vous remercier une fois de plus pour votre accompagnement sans failles dans le relais de ses activités et particulièrement depuis la lutte historique qu’elle a engagée pour un avenir meilleur de l’école dans notre pays.
Nous saisissons l’occasion pour présenter également à tous les travailleurs de l’éducation et de la recherche, nos vœux de santé, de sécurité et de victoire surtout. Puisse cette année consacrer la fin du dilatoire et de la procrastination afin que les travailleurs de l’éducation et de la recherche bénéficient enfin d’un statut véritablement valorisant pour une sortie définitive de crise.
Mesdames et messieurs de la presse,
L’année 2019 a démarré dans le monde de l’éducation avec des situations nouvelles dans les espaces scolaires. En effet, seulement au cours du mois de janvier, nos camarades ont été victimes de violence et de comportements moyenâgeux sur leurs lieux de travail. Ainsi, le 22 janvier 2019, deux de nos collègues ont été sauvagement agressés à l’école de Farakan à Bobo-Dioulasso, le 24 janvier, une directrice d’école fut agressée à Mogtédo dans le Ganzourgou. Et comme si le sort s’acharnait contre le monde enseignant, nous avons assisté le mardi 29 janvier 2019, à l’agression d’un enseignant à l’école Kwamé-N’Krumah C dans l’arrondissement 2 de Ouagadougou. Ces agressions à répétition, qui sont l’œuvre principalement de parents d’élèves, viennent exacerber les conditions déjà difficiles de travail des personnels matérialisées entre autres par les attaques terroristes, les écoles sous abris précaires, les mandatements tardifs et les lenteurs administratives de toutes sortes pour la prise des actes de carrière. Ces agressions sont inacceptables et la CNSE les condamne avec la dernière énergie. Elle exprime toute sa compassion aux travailleurs victimes de ces actes ignobles et les rassure de tout son soutien. En tout état de cause, elle se donnera le droit d’y répondre de manière appropriée si les mesures convenables ne sont pas prises pour assurer la sécurité des travailleurs et rendre justice aux victimes.
C’est l’occasion pour nous d’inviter les autorités administratives et judiciaires à prendre leurs responsabilités en vue de faire de l’école un cadre d’apprentissage des valeurs sociales et humaines en sanctionnant ces énergumènes de façon exemplaire.
Mesdames et messieurs de la presse,
Le 3 décembre 2018 dans cette même salle, nous vous informions que « nous sommes au regret de constater que l’éducation n’est une priorité pour nos gouvernants que dans le discours. C’est pourquoi, après avoir joué pleinement sa partition pour sauver l’année scolaire 2017-2018, après avoir donné tout le temps qu’il fallait au gouvernement pour réaliser l’acceptable, la CNSE constate malheureusement que cela semble être perçu comme une faiblesse ». Sur la base de ce constat, nous avons appelé les travailleurs de l’éducation et de la recherche, en attendant la fin de leurs Assemblées générales, « à suspendre toute forme d’évaluation pour compter du lundi 03 décembre 2018 à 00 heures sur toute l’étendue du territoire national ».
Cette décision est intervenue parce que le gouvernement a pris une position unilatérale de suspension des négociations en voulant nous imposer ses propositions. Par cette attitude, le gouvernement entendait discréditer les travailleurs de l’éducation et de la recherche en montrant de supposés« gros efforts » qu’il dit avoir déjà faits en insistant sur la proportion des bénéficiaires de sa proposition : plus de 80% verront leur situation améliorée. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a envoyé ses commis dans les différentes régions du pays pour expliquer le contenu du protocole et le niveau de sa mise en œuvre. L’objectif recherché était de monter la population contre les travailleurs de l’éducation en faisant croire qu’ils sont trop maximalistes.
Malgré cette option visant à saper notre lutte plutôt que de chercher des réponses aux revendications posées, nos vaillants militants et les populations burkinabè sont restés solidaires. L’homme reconnait instinctivement où se niche la vérité. Les parents d’élèves, les leaders d’opinions et le peuple d’une manière générale ont compris que cette lutte n’est pas égoïste et s’inscrit dans une dynamique de réforme et de recherche de la qualité de l’éducation au bénéfice du Burkina Faso tout entier. La tentative a alors lamentablement échoué. C’est le lieu d’exprimer nos remerciements au peuple burkinabé qui a bien compris que la lutte pour l’application des engagements est une action d’intérêt national.
C’est alors que le gouvernement, face à la réalité du terrain, a compris que seul le dialogue franc et constructif avec la CNSE constitue la seule voie de sortie de crise. Il s’est donc ravisé en invitant la CNSE à la reprise du dialogue le 4 janvier 2019 à la primature sous la présidence de son Excellence Monsieur Paul Kaba THIEBA, le Premier Ministre d’alors. Cela a permis à la partie syndicale de faire de nouvelles propositions prenant en compte d’importantes concessions qu’elle avait indiquées vouloir concéder. Le gouvernement a réagi à ces propositions en date du 24 janvier 2019.
La CNSE après analyse desdites réponses a invité le gouvernement à :
1. Ouvrir une séance de discussions directes sur la base des dernières propositions des deux parties ;
2. communiquer les dispositions qu’e le gouvernement a prises pour vider les nombreux engagements qui sont en retard de mise en œuvre consignés dans la lettre ouverte transmise à son Excellence Monsieur le Premier Ministre en décembre 2018.
Dans une correspondance en date du 29 janvier 2019, le gouvernement a apporté des réponses à ces sollicitations dont la reprise des travaux du comité de rédaction d’un statut valorisant du 04 au 10 février 2019 et la soumission dudit projet en conseil des Ministres deux semaines plus tard.
Il a aussi indiqué les mesures d’opérationnalisation d’un certain nombre d’engagement dont entre autres ceux relatifs à la bonification d’échelon, la correction des indemnités, le dossier des personnels des ex-garderies populaires, etc.
Prenant en compte ce nouvel esprit de dialogue, que la CNSE espère sincère pour une issue fructueuse, analysant le contexte national et la demande des milliers d’élèves relatives à la reprise des évaluations mais faites dans des cadres pas toujours organisés avec tous les risques inhérents à une telle situation, la CNSE décide de la suspension de son mot d’ordre en cours pour compter du dimanche 03 février 2019 à 00 heures. Cette suspension, aura une durée maximum de deux mois. Cette mesure, d’une grande responsabilité doit être comprise par le gouvernement comme la volonté des syndicats à entamer les discussions du 04 février dans un esprit de dialogue sincère en vue d’aboutir à un statut véritablement valorisant pour les personnels de l’éducation et de la recherche.
En tout état de cause, nous avons indiqué dans une correspondance en date du 01 février 2019 que nous exigeons la mise en œuvre des engagements pris et en retard dans un délai de deux mois à compter du 1er février 2019. En fin mars 2019 donc, la CNSE évaluera l’application des engagements y compris la question du statut valorisant et prendra une décision définitive sur la suite des événements et cela en fonction des conclusions de l’analyse qu’elle aura faite.
Tout en félicitant l’ensemble des travailleurs de l’éducation et de la recherche pour leur détermination, la Coordination les invite à poursuivre le travail de mobilisation en profitant de la période de suspension pour faire le bilan des actions menées en vue de la correction des faiblesses constatées dans leur mise en œuvre. En outre, la suspension doit donner juste lieu à une reprise normale des activités dans l’attente de l’évaluation définitive de la situation en fin mars 2019. Seule la lutte organisée paie.
Je vous remercie pour votre attention.
Vive l’unité des travailleurs !!!
Vive la CNSE !!!
Ouagadougou, le 02 février 2019
La coordination
COORDINATION NATIONALE DES SYNDICATS DE L’EDUCATION (CNSE)
FESEB – F-SYNTER – SATEB- SNEA-B – SNEP/PD – SNESS- SPESS- STAGE – SYNAPAGER-SYNAPEP- SYNATEB- SYNATRAS – SYNATRENF – SYNAVS – SYNTAS.