À partir de cette rentrée 2024-2025, l’éducation civique et morale (ECM) fera son grand retour dans les programmes d’enseignement des lycées burkinabè. Une initiative annoncée par Dr. Boubakar Savadogo, ministre en charge de l’Enseignement secondaire et de la Formation technique et professionnelle. Conformément à cette note, une équipe de Minute.bf a recueilli, le mardi 1er octobre 2024, les avis des responsables d’établissement, des enseignants et des parents d’élève sur le sujet.
Signé le 3 septembre 2024 par le ministre en charge de l’enseignement secondaire, l’arrêté sur l’Éducation civique et morale (ECM) vise à renforcer les valeurs citoyennes et la responsabilité sociale des jeunes, préparant ainsi une génération engagée et consciente des enjeux civiques de demain.
Selon Bayili Augustin, Administrateur des lycées et collèges, par ailleurs, Proviseur du lycée municipal de Signoghin, c’est une satisfaction de voir le retour de cette matière dans les lycées et collèges du Burkina Faso. « On attendait, depuis très longtemps, l’instauration de cette discipline. Tout le monde appelait à ce qu’il y ait l’instruction civique parce que nous voyons comment notre jeunesse s’adonne à des comportements un peu déviants », a-t-il relevé.
Même s’il reconnait que l’instauration de l’EMC ne se fera pas sans difficultés sur l’organisation pratique des activités pédagogiques, il rassure avoir déjà donné des instructions à ses collaborateurs, afin d’anticiper sur les éventuelles difficultés. Il s’agit par exemple, de la réorganisation des emplois du temps en insérant cette nouvelle matière. « Nous allons appuyer cette décision de l’administration centrale qui a bien voulu que cette année, nous puissions débuter les cours de l’ECM », a-t-il signifié.
Pour l’enseignant d’Histoire-Géographie en poste au Lycée mixte de Gounghin, Sayouba Sawadogo, « l’enseignement de l’ECM va permettre d’avoir un citoyen qui a des valeurs morales et un citoyen qui est prêt pour défendre la nation ». Il a appelé à outiller les enseignants sur le contenu à enseigner afin de faciliter leur travail. « Cette matière est vraiment capitale pour la société burkinabè », a affiché M. Sawadogo qui invite par ailleurs le gouvernement à recycler les enseignants chargés de dispenser le cours d’éducation civique et morale, et d’impliquer tous les enseignants dans le projet. « À défaut de cela, il faut recruter des enseignants qui seront formés initialement à dispenser l’ECM », a-t-il suggéré.
Son collègue professeur d’allemand, Ousmane Kaboré, qui a salué l’initiative du gouvernement, pense qu’il faudrait plutôt impliquer l’armée dans le projet. Cela permettra, pense-t-il, d’impacter positivement la vie des enfants dans la société. « On regroupe les enfants par classe et les soldats dispensent le cours d’ECM. Je pense que les soldats ont plus de valeurs à inculquer aux enfants que les professeurs et ce serait vraiment mieux si on pouvait associer l’armée à cela », propose M. Kaboré.
Pour Jean Baptiste Ouédraogo, parent d’élève, cette initiative est à saluer, « parce que, non seulement, ce que nous ne pouvons pas donner aux enfants à la maison, désormais, ils pourront l’avoir à l’école ou au lycée ». Et pour lui, le retour de cette initiative dans les établissements scolaires répond à un « besoin très crucial de la société ».
Il a saisi l’occasion pour inviter les autres parents d’élève à accompagner les enfants. « Aux usagers de la route, je les appelle à être indulgents envers les enfants, car ils ne sont pas comme nous, ils n’ont pas de réflexion comme nous ; tout ce qui les traverse à l’esprit, ils veulent l’appliquer. Donc, je demande aux usagers d’observer la prudence avec les enfants dans la circulation », plaide M. Ouédraogo.
Amsetou Kabré est élève en classe de terminale D, au lycée mixte de Gounghin. Pour cette élève, l’instauration de l’ECM dans les lycées et collèges est une bonne idée. Cette discipline, de son avis, va « améliorer l’éducation de certains camarades et diminuer les cas d’indiscipline dans les classes ». « Si la matière est bien enseignée comme le souhaite le gouvernement, certains élèves impolis deviendront sages », estime-t-elle.
Pour information, la rentrée scolaire, dans son ensemble, s’est bien passée, selon les responsables des établissements que nous avons rencontrés. Certains ont relevé des difficultés liées au manque d’infrastructures scolaires ou d’enseignants, des classes à effectifs pléthoriques, etc.
Guibrina KABORE (stagiaire)
Minute.bf