Demain, à partir de 6 h 00 (GMT), les bureaux de vote s’ouvriront aux Burkinabé pour le double scrutin présidentiel et législatif. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a ainsi la lourde tâche de travailler pour des élections transparentes. Mais jusque là, le constat que l’opposition politique nationale a pu faire est qu’il y a des « faits et gestes » de la part du parti au pouvoir qui pourraient « porter atteinte à la sérénité et à l’intégrité des résultats des élections». C’est pourquoi le Chef de file de l’opposition politique ( CFOP) a réuni les médias ce 21 novembre, veille du scrutin, pour dénoncer et interpeler les acteurs du processus électoral sur toutes les manigances pré-électorales de la majorité au pouvoir avec preuves à l’appui.
Entouré de ses co-candidats à la présidentielle, signataires de l’accord politique de l’opposition, Zéphirin Diabré, président du CFOP, a laissé entendre aux agents de presse que : « Nous sommes inquiets sur la manière dont les préparatifs du scrutin se passent. Il est clair qu’il y a une grande opération orchestrée par le pouvoir en place d’une fraude massive pour légitimer un certain coup K.O au soir du 22 novembre ».
À l’en croire, l’un des éléments de cette fraude c’est le fait que des agents du MPP (parti au pouvoir) se promènent au vu et au su de tout le monde dans les marchés et les quartiers, munient de sacs remplis de billets de banque et achètent des cartes d’électeurs notamment des femmes. « Nous avons des éléments sonores et visuels pour la confirmation», a-t-il soutenu, tout en présentant aux agents de presse effectivement une vidéo montrant les manoeuvres qu’il tient à denoncer.
Le CFOP renchéri également en détaillant que « des gens sillonnent le territoire, remettent de l’argent aux femmes, prennent leurs cartes d’électeurs, récupèrent leur numéro de téléphone et leur promettent de leur envoyer de l’argent par une téléphonie mobile le samedi ».
Pour aller un peu plus loin dans ses propos, il indique qu’un parti membre de la majorité à savoir l’ODT est même sortie pour dénoncer le faite que des bulletins de vote pré-fabriqués ont été imprimés et que ce bulletin modifiait la place du parti en question.
Le CFOP n’acceptera pas des résultats entachés d’irrégularités
« Nous avons même été approchés par des étudiants qui nous ont dit avoir voté à l’avance pour le candidat au pouvoir», déplore-t-il, tout en signalant que « nous avons déposé une plainte contre X au près du procureur du Faso pour qu’une enquête soit ouverte ».
Pour ce qui est de la carte d’électeur, Zephirin Diabré fait savoir que la liste des bureaux de vote et des villages dans lesquels l’on doit voter a été établie depuis longtemps et qu’en principe cette liste ne doit pas être modifiée. « Or, il nous revient que depuis quelques jours, l’on assiste à des modifications intempestives de zones où l’on doit voter par des ajouts de villages qui n’étaient pas concernés et des soustractions de villages qui étaient concernés », a-t-il dénoncé. Pour lui, tout cela se passe dans une démarche qui a pour ambition de faire en sorte que des zones où l’opposition est fortement représentée soient minorées en termes d’électorat, et les zones où la majorité est forte que les gens puissent voter.
Et, toujours selon lui, le fait le plus frappant est que dans la province de l’Oudalan, « il est dit que des bureaux de vote seront ouverts dans des zones dites rouges telles que Koreselan, Douamam, et Saouga dans la commune de Gorom-Gorom. Des villages voisins qui n’ont jamais connu d’attaques eux, ils ne voteront pas parce que ces zones là sont acquises à l’opposition ».
Le président du CFOP n’en reste pas là avec ces révélations. En effet, poursuit-il, « nous recevons également beaucoup de plaintes dans la région de l’Est et cela pause un véritable problème d’équité pour les élections ».
Eu égard à tous ces manquements ainsi observés par l’opposition dans l’organisation des élections, le CFOP ainsi que tous les partis membres signataires de l’accord politique de l’opposition font croire qu’ « ils ne vont jamais accepter des résultats entachés d’irrégularités ».
Et, selon M. Diabré, contrairement aux affirmations du président de la CENI, il ne « paraît pas raisonnable ni possible de proclamer les résultats à partir du 23 novembre. Au regard des difficultés qu’il y a à acheminer les résultats des bureaux de votes vers les centres de compilation, il sera risqué et même dangereux de donner les résultats le 23; sauf à donner des résultats erronés qui vont ouvrir la voie à une crise post-électorale ». Puisque, dit-il, « il nous revient que la CENI éprouve des difficultés à acheminer le matériel dans les centres de vote et nous avons appris ce matin même que certaines urnes qui sont arrivés dans la province du Boulkiemdé n’ont pas de numéro, cela est une porte ouverte à une fraude possible ».
Une plainte contre X
Par ailleurs, le CFOP tient à interpeler la CENI pour qu’elle prenne toutes les dispositions afin que les élections se tiennent dans les délais sur toute l’étendue du territoire national et dans tous les bureaux de vote ouverts. Il exige également pour cela, « qu’une cartographie claire et fixe soit présentée et communiquée aux différents acteurs du processus de votes ».
Aussi, le CFOP n’a pas manqué de demander au gouvernement de communiquer sur la prise en charge des délégués des bureaux de vote. « Jusqu’à l’heure où nous vous parlons (15h34), alors que le scrutin doit démarrer demain à 6h, nous n’avons aucune information sur cette obligation qui incombe au gouvernement », a fait savoir le président du CFOP. Il trouve par là, qu’il s’agit d’un acte de sabotage pour s’assurer qu’il n’y ait pas dans certains bureaux des représentants de l’opposition ni de la majorité laissant ainsi libre cours à toutes opérations de manipulation possibles.
Au regard de tous les manquements relevés plus haut, les différents candidats signataires de l’accord politique de l’opposition, ont décidé de porter plainte contre X.
Hervé KINDA
Minute.bf