La Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) a organisé une immersion inédite, les 19 et 20 mars 2025 à Ouagadougou, dans ses services techniques de dépannage, de maintenance réseau et travaux, et le service conduite réseau. Cette initiative visait à lever le voile sur les réalités du terrain en cette période de forte demande énergétique, marquée par des températures caniculaires dépassant régulièrement les 40 °C. Elle a permis aux journalistes de mieux comprendre les défis rencontrés par les équipes techniques, et la riposte qu’ils apportent pour assurer la fourniture en continu de l’électricité aux populations.
La Société nationale d’électricité du Burkina (SONABEL) dispose de plus de 600 mégawatts pour la fourniture d’électricité aux populations. Malgré cela, un gap reste encore à fermer. 400 mégawatts sont nécessaires pour combler le vide. La nationale de l’électricité a besoin, en tout, d’environ 600 milliards de francs CFA pour pouvoir non seulement rattraper le retard, mais aussi avoir une marge de sécurité.

Nonobstant, ces difficultés, la société assure la permanence 7jours/7 ; 24 heures/24 pour disponibiliser l’énergie aux populations. C’est le constat qui a été donné de voir durant les 48 heures d’immersion des journalistes sur le terrain avec les agents de la SONABEL.
Les hommes de médias ont eu l’opportunité de découvrir le travail de terrain effectué pour garantir la continuité du service public de l’électricité.
Une plongée au cœur de l’urgence
À Kossodo, le mercredi 19 mars, le cap est mis sur la centrale électrique de ce quartier industriel. Accompagnés par des agents de la SONABEL, les journalistes ont pu observer le travail des équipes de maintenance réseau et travaux. Les « mécaniciens » de la SONABEL sont à pied d’œuvre pour la maintenance des groupes de la centrale. Il y a deux blocs dans cette centrale.

Dans le bloc « Ouaga S », les agents nettoient les vilebrequins de 3 groupes. Ces groupes produisent chacune 18,4 mégawatts et consomment environ 3 500 L de combustible HFO par heure et 3 000 L de combustible DDO.
Bientôt, une production de 6 mégawatts sera injectée dans le circuit grâce au groupe 4 du bloc « Ouaga S », dont la maintenance s’achève cette semaine, a souligné Adama Yougbaré, chef de service maintenance.
Le bloc « Ouaga Nord », compte 5 groupes électriques produisant 68 mégawatts en tout. Selon les techniciens de la société, après 18 000 heures de fonctionnement, les pièces des groupes ont besoin de maintenance à tour de rôle.
Cette immersion dans cette centrale de production d’énergie a mis en lumière les défis quotidiens auxquels font face les techniciens pour garantir un approvisionnement continu en électricité, malgré une demande qui a bondi depuis début mars 2025. « La chaleur augmente les pannes. Les transformateurs surchauffent, les lignes sont surchargées à cause de la température. Ce qui cause une baisse de la charge des groupes qui n’est pas sans conséquence sur la fourniture de l’électricité », nous explique Alain Lamoukiri, agent conduite de la SONABEL.
Fourniture d’électricité : La SONABEL ouvre les portes de ses centrales aux journalistes
Modernisation et sensibilisation, une course contre la montre
Après Kossodo, l’équipe rejoint Gounghin, dans le centre de réception des pannes, cœur névralgique du dépannage. Les journalistes découvrent un système de supervision en temps réel. Il s’agit du « Call center » de la SONABEL.

Ce centre moderne et équipé accueille l’ensemble des appels de signalisation des pannes et plaintes des populations. Il fonctionne H24 sur 7 jours. Pour le mois de mars 2025, les agents téléconseillers ont déjà reçu à la date du 19, 19 000 appels soit 1 000 sollicitations par journée, selon le chef du centre, Dieudonné Zoungrana.
Les opérateurs téléconseillers y gèrent les flux d’appels et anticipent les risques. La SONABEL dispose d’un numéro d’appel gratuit : 80 00 11 30
et d’un numéro WhatsApp pour les messages : 25 31 37 20
Burkina : La SONABEL présente son « call center » pour les appels et messages de dépannage
Y étant, un « client » appelle pour une panne à la Cité Yennenga à Kouba, sortie sud de Ouagadougou. L’équipe de journalistes suit les agents pour voir leur réactivité et aussi assister au dépannage. Une fois sur les lieux, les agents de la SONABEL identifient la panne. Des ouvriers dans leur manœuvre ont « blessé » le câble de la nationale de l’électricité, faisant fi de la « signalétique », un grillage rouge d’alerte quand on creuse le sol. La conséquence est sans appel : rupture du précieux jus dans la cité depuis 09 heures du matin. Il était à cet instant 16 heures à notre montre. Une fois, la première étape franchie, deux autres équipes de la SONABEL prennent le relais.
D’abord, l’équipe de la Haute tension aérienne (HTA) isole le câble de connexion pour permettre à l’équipe de la Haute tension souterraine (HTS) de prendre le relais. Minutieusement, les agents de l’équipe de la HTS relient les boîtes de jonction. Un travail minutieux qui prend du temps.

La moindre bévue peut coûter la vie, nous indique-t-on. Il faut attendre 22 heures pour que la panne soit réparée. Mais ce n’est pas fini. Les manœuvres ont fait un autre dégât identique à 5 m de la 1re panne. Jusqu’à 23 heures où nous quittons les lieux, les agents étaient à pied d’œuvre pour réparer le câble et permettre le retour de l’électricité au grand bonheur des habitants de la cité.
La SONABEL a profité de cette immersion pour montrer les efforts d’investissement de l’État dans l’acquisition du matériel, dans la construction de nouvelles Centrales, ainsi que dans la sensibilisation pour inviter les clients à prendre soin des installations.
Fourniture d’électricité : Voici la procédure de dépannage de la SONABEL
Une réalité complexe…
Le 20 mars, l’équipe débarque au centre-ville de Ouagadougou pour un dépannage. Ici, les agents feront face à la triste réalité : le client est acteur de la panne. En clair, la panne qui a causé la rupture d’électricité est du fait du client. Ce dernier, qui occupe anarchiquement l’espace public, s’est permis de mettre du ciment sur les câbles électriques l’endommageant. Les agents à pied d’œuvre ont eu un peu plus de 30 minutes pour venir à bout de la panne et rétablir l’électricité.
Fourniture d’électricité : Certaines pannes sont causées par les clients
L’équipe de journalistes a poursuivi son immersion à la centrale Ouaga 2. Cette centrale avec ces 5 groupes a une puissance de 28 mégawatts installés, dont 17,5 mégawatts sont exploitables. Ce déficit est dû, selon les techniciens à l’âge des groupes. Des groupes (le plus jeune date de 1982, sinon d’autres sont des années 1970) sont plus vieux que le Burkina Faso. Les techniciens ont ajouté qu’aller au-delà de 18 mégawatts, les groupes surchauffent et déclenchent (s’arrêtent). Ces 5 groupes ont besoin, par exemple, de 90 000 combustibles HFO et 70 000 combustibles DDO (l’équivalent de 2 citernes de 45 000 L/jour pour le HFO et 2 citernes de 35 000 L/jour pour le DDO).

Pour les médias présents, cette expérience a été révélatrice. Elle a montré l’ampleur des contraintes techniques et humaines de la SONABEL. « Ces agents méritent une reconnaissance publique », ont félicité les médias invités. Ils ont salué la transparence de la SONABEL, souvent critiquée « à tort » lors des coupures récurrentes.
Centrale électrique : La SONABEL présente son réseau de distribution
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Mathias Kam
Minute.bf