La répartition des vivres par le Conseil national de l’Economie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF) au profit des commerçants ne fait pas l’unanimité. La coalition des associations et syndicats des commerçants et artisans du Burkina Faso (CASCA-BF), dénonce cette démarche « inique » du CNEI-BF et estime que la faîtière des commerçants (CNEI-BF, ndlr) est politisée. Cette association, dans sa récente sortie médiatique, a demandé le départ du ministre du commerce Harouna Kaboré. En réponse aux membres de cette association, El Hadji Lassané Ouédraogo, président de l’Association Sougrinonma des Jeunes Commerçants et Ouvriers du Burkina (ASJCK), rencontré par Minute.bf le samedi 16 mai dernier, a appelé l’ensemble des commerçants à travailler dans la cohésion pour le développement de la nation.
Depuis l’apparition du coronavirus au Burkina Faso, le président du Faso a pris des mesures restrictives pour éviter la propagation de cette maladie connue à travers le monde par sa létalité sans conteste. Pour éviter ce décompte macabre au Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré avait, dans son adresse à la nation, demandé la fermeture des lieux de regroupement comme les marchés et yaars, les lieux de culte, de spectacles, etc. Des mesures qui ont durement touché les secteurs d’activités concernés. Le président a aussi appelé à une solidarité nationale pour traverser cette période difficile.
Dans le secteur du commerce, le Conseil national de l’Economie informelle du Burkina Faso (CNEI-BF), faîtière des commerçants exerçant dans l’informel, s’est organisé et a pu mobiliser des vivres pour ses membres vulnérables. Ainsi, le 27 mars dernier, après la rencontre des responsables des 36 marchés et yaars de la ville de Ouagadougou qui ont été fermés à cause du Covid-19, la faitière a remis des vivres à certains responsables au profit des commerçants vulnérables. Le 8 avril, ce sont plus de 121 tonnes de vivres qui ont été mobilisés pour soutenir les commerçants. Le 21 avril 2020, plusieurs tonnes de vivres ont été distribués par le CNEI-BF à ses membres des différentes régions du Burkina Faso.
Mais la répartition des vivres crée aujourd’hui des grognes au sein de certaines associations de commerçants qui dénoncent une politisation de la faîtière, et demandent une « réorientation des fonds alloués » pour la relance économique. Ces commerçants, faut-il le rappeler, avait aussi appelé à la démission du ministre en charge du commerce, Harouna Kaboré.
Le président de l’ASJCK appelle à la cohésion
El Hadji Lassané Ouédraogo, président de l’Association Sougrinonma des Jeunes Commerçants et Ouvriers du Burkina (ASJCK) est revenu sur ces dénonciations et a appelé les commerçants, sans aucune exception, à travailler dans l’unité et la cohésion, pour booster le secteur de l’économie afin d’aspirer au développement de la nation. Il a rappelé que la mise en place de la faitière s’est faite pour que les commerçants soient organisés afin d’avoir un répondant devant le gouvernement. Cette faitière, explique-t-il, n’étouffera pas les associations qui y sont membres. La preuve, confie-t-il, son association continue de mener des activités propres à elle pour le développement de l’économie burkinabè.
Jusqu’à ce jour, le bureau du CNEI-BF dirigé par Salifou Nikiema, n’a pas encore officiellement été installé à cause du covid-19. Mais, les membres de cette structure mènent déjà des activités en faveur des commerçants, depuis l’apparition de la maladie à coronavirus. C’est dans ce sens que plusieurs tonnes de vivres ont été mobilisés et distribués aux commerçants.
Alors que dans sa récente sortie, la CASCA-BF a appelé à la démission du ministre du commerce, El Hadji Ouédraogo a voulu jouer la carte du rassemblement appelant les membres de cette coalition, à travailler plutôt dans l’unité et à se départir des propos « politiques », car pour lui, il est difficile de demander la démission d’un membre du gouvernement sans tomber dans la politique.
« Nous devons tous nous donner la main. Nous ne devons pas travailler à tout détruire sous prétexte que nous n’avons pas été choisi pour diriger la faitière. Cette manière de travailler empêche le développement. Si le Burkina Faso existe aujourd’hui, c’est parce que nos devanciers ont lutté ensemble pour sa reconstitution. Si ces personnes avaient ce même raisonnement, nous ne serons pas là aujourd’hui, ensemble, dans ce même pays qui n’existait pas à une certaine époque », a fustigé le président de l’association Sougrinonma.
Pour rappel, l’association Sougrinonma des jeunes commerçants et ouvriers du Burkina a plus de 10 ans d’existence et est reconnue par l’Etat. C’est une structure membre de la faitière, qui travaille en partenariat avec l’Etat et les différentes structures œuvrant dans le domaine du commerce.
Armand Kinda
Minute.bf