Ceci est le message du Ministre burkinabè en charge de l’Education nationale, de l’Alphabetisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN) à l’occasion de la Journée internationale de l’Alphabétisation (JIA)
« Depuis 1967, la Journée internationale de l’Alphabétisation (JIA) est célébrée chaque année à travers le monde pour rappeler au public, l’importance de l’alphabétisation en tant que facteur de dignité et de droits humains et pour faire progresser l’agenda de l’alphabétisation pour une société plus instruite et durable.
Malgré les progrès réalisés, les défis en termes d’alphabétisation persistent car plus de 617 millions d’enfants et d’adolescents n’ont pas un niveau minimum de compétences en lecture et en mathématiques et au moins 773 millions de jeunes et d’adultes à travers le monde n’ont pas aujourd’hui les compétences de base en alphabétisation.
C’est donc dans l’optique d’attirer l’attention de la communauté internationale et d’insuffler surtout un dynamisme aux activités d’alphabétisation et d’éducation que l’UNESCO a institué le 8 septembre de chaque année, la commémoration de la Journée internationale de l’Alphabétisation (JIA) dans tous les pays membres.
Cette année la célébration est placée sous le thème « Alphabétisation et son enseignement pendant et après la crise de la COVID-19 : rôle des éducateurs et évolution des pédagogies.»
En mettant l’accent sur les enseignements et les apprentissages en alphabétisation en période de crise liée à la COVID-19, la JIA 2020 met en avant le rôle des éducateurs et l’évolution des pédagogies en termes de réponse à l’impact négatif de la pandémie dans de nombreux pays sur les programmes d’éducation en général et en particulier sur les programmes d’alphabétisation et de formation des adolescents, des jeunes et des adultes qui n’ont pas ou peu de compétences en lecture et en écriture.
En effet, pendant la crise de la COVID-19, la majorité des programmes d’éducation déroulés aussi bien dans le formel que dans le non formel ont été suspendus dans plus de 190 pays, interrompant ainsi l’éducation de 91 % de la population scolaire mondiale estimée à 1.6 milliard d’élèves, ce qui affecte environ 63 millions d’enseignants du primaire et du secondaire.
Au plan mondial, la crise de la COVID-19 a mis en lumière le manque de préparation des infrastructures, des systèmes éducatifs, des programmes et des promoteurs et bénéficiaires des services d’éducation, y compris des décideurs politiques, des éducateurs et des formateurs, des familles et des apprenants eux-mêmes quant aux dispositions à prendre pour assurer la continuité de l’enseignement et de l’apprentissage dans une situation de crise et d’urgence.
Le choix du thème « Alphabétisation et son enseignement pendant et après la crise de la COVID-19 » constitue donc un rappel brutal de la nécessité de l’éducation, de l’alphabétisation dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie et permet par ailleurs de mettre en évidence l’impact de la crise de la COVID-19 non seulement sur les acteurs de l’alphabétisation mais aussi sur les enseignements et les apprentissages.
Ainsi, le thème suscite des interrogations : Quelles sont les enseignements dégagés ? Comment pouvons-nous positionner efficacement l’alphabétisation pour les adolescents, les jeunes et les adultes dans des réponses mondiales et nationales et dans des stratégies de reprise et de renforcement de la résilience ?
En explorant ces questions, la JIA 2020 sera l’occasion de réfléchir et de discuter de la façon dont il est possible de recourir à des pédagogies et à des méthodologies d’enseignement innovantes et efficaces dans les programmes d’alphabétisation, face à la pandémie et au-delà.
En réponse à la crise de la COVID-19, le Gouvernement du Burkina Faso et ses partenaires ont rapidement déployé, des solutions d’enseignement à distance, aussi bien au profit de l’enseignement formel qu’au profit de l’éducation non formelle. Dans le cadre de la poursuite des activités d’alphabétisation et d’éducation non formelle, diverses solutions ont été adoptées :
- l’organisation d’ateliers de réflexion sur des stratégies d’AENF en contexte de crises et d’urgence avec l’appui de la fondation KARANTA ;
- les réaménagements budgétaires pour la prise en charge des mesures de protection ;
- la numérisation des ressources pédagogiques ;
- la diffusion de contenus éducatifs par le biais de la télévision et de la radio ; PER (Programme d’éducation par la radio);
- la dotation des établissements en masques, en savon et en dispositifs de lave-mains ;
- la production des affiches en français et en langues nationales pour la sensibilisation sur les gestes barrières.
Cette réaction rapide de notre Gouvernement et de ses partenaires en termes de réponse à la crise de la COVID-19 résulte de la capitalisation des expériences en matière d’Education en Situation d’urgence (ESU) où plusieurs opportunités ont été exploitées afin d’assurer des apprentissages de qualité à tout âge dans des situations de crise.
Ainsi, en concertation avec ses partenaires, mon département a adopté des mesures spécifiques incluant le respect des gestes de prévention de la COVID-19 avant d’autoriser la reprise des activités administratives, pédagogiques et andragogiques y compris les évaluations pour la période du 04 mai au 21 juin 2020 et l’organisation des formations techniques spécifiques à partir du 22 juin 2020.
Ces différentes mesures ont permis d’une part de boucler les programmes d’ENF au titre de la campagne 2019-2020 qui a enregistré l’ouverture de 2 846 centres financés par l’Etat à travers le FONAENF avec 85 320 apprenant(e)s et d’autre part d’envisager la campagne 2020-2021.
A ce titre, je félicite l’ensemble des partenaires dont le courage, l’ingéniosité et le travail ont permis de parvenir à ces résultats sur fond de crises sécuritaire et sanitaire.
Je félicite également les animateurs, les superviseurs, les coordonnateurs et les acteurs tant du niveau central que déconcentré qui ont œuvré pour la reprise des activités et la continuité éducative.
Les enseignements importants à tirer sont la nécessité d’assurer un continuum de développement professionnel des acteurs d’ENF afin de disposer de formateurs motivés, capables de s’adapter plus facilement à des demandes et des défis imprévus.
Assurer la continuité éducative malgré les imprévus liés aux contextes de crise et d’urgence devient une exigence pour mon département. Par conséquent, cette dimension est intégrée dans l’élaboration en cours de la Stratégie nationale de Développement de l’Education non formelle (SNDENF).
Dans la même dynamique, toutes les dispositions utiles seront prises pour réussir la mise en œuvre du Programme d’Alphabétisation/Formation en faveur des Adolescents, des Jeunes et des Adultes (PAFAJA), du Programme de Renforcement des Capacités des Jeunes (PRCJ).
L’amélioration du niveau d’alphabétisation des communautés tant recherchée à travers la stratégie et les programmes ci-dessus citées sera renforcée par la validation des différentes innovations en ENF, l’intensification des activités de suivi-supervision, la finalisation du guide et des outils de certification des activités d’ENF, la capitalisation des expériences réussies en ENF et leur mise en réseau.
L’édition 2020 de la JIA est donc l’occasion pour nous, autorités de l’éducation, partenaires techniques et financiers, promoteurs de formules d’alphabétisation et d’éducation non formelle, opérateurs en alphabétisation, responsables des collectivités territoriales et bénéficiaires des services d’alphabétisation, de revoir les différentes approches de l’enseignement et de l’apprentissage ainsi que le rôle essentiel que jouent les éducateurs dans la promotion de programmes d’alphabétisation et d’éducation non formelle de qualité.
Vive la Journée Internationale de l’Alphabétisation !
Je vous remercie pour votre aimable attention.»
Pr Stanislas OUARO
Officier de l’Ordre des Palmes Académiques