Le chef traditionnel de Ouargaye, Sa majesté le Naaba Sanem, a assigné en justice les sieurs S.M. instituteur de profession, et N.E , chauffeur de camion, pour des faits de « diffamation et mise en danger de la vie d’autrui » . Il leur est reproché d’avoir produit et relayé en juin dernier sur les réseaux sociaux, un message dans lequel ils allèguent, photo à l’appui, qu’il est un complice des terroristes et qu’il a été arrêté par les forces de défense et de sécurité.
A l’issue du procès qui s’est tenu ce mardi 12 septembre 2023, les deux prévenus ont écopé chacun d’une peine d’emprisonnement de 12 mois dont 06 ferme et une amende de 1 million de FCFA avec sursis.
Des faits, il ressort que le 12 juin 2023, N.E. a relayé dans le groupe WhatsApp de l’organisation de la société civile ( OSC) Coalition Burkina – Russie, un message avec une image du chef de Ouargaye qui stipule que : « Le chef de Ouargaye, chef terroriste, est entre les mains de nos FDS ». Message qui a, par la suite, été transféré à plusieurs reprises dans d’autres groupes WhatsApp. Appelé à la barre, le prévenu N.E. a plaidé coupable. Il a affirmé avoir reçu le message de S.M. qui est son ami, et que, sans chercher à vérifier l’information, il l’a balancé dans le groupe.
Mais il a indiqué avoir supprimé ledit message dès qu’il a su que l’information était fausse. Son co-prévenu, S.M., a aussi plaidé coupable. Il a reconnu que c’est lui qui a envoyé le message à N.E, mais a dit n’avoir pas pensé que ce dernier l’enverrait dans des groupes WhatsApp. « J’ai reçu un message dans notre groupe de famille avec une photo où on disait que le chef de Ouargaye est dans les mains de nos FDS. Comme souvent je partage des informations avec N.E qui est mon ami, je lui ai partagé le message. Il m’a dit qu’il n’a pas fait l’école et m’a demandé de lui expliquer les écritures et l’image. Je lui ai expliqué, mais je ne savais pas que pour lui, c’était son information comme cela et qu’il allait le balancer dans un groupe WhatsApp », a-t-il expliqué. Il a aussi indiqué avoir effacé le message dès qu’il a su que l’information n’était pas vérifiée.
Les deux prévenus ont dit regretter amèrement leur acte et ont, séance tenante, formulé des excuses à l’endroit du chef de Ouargaye et de sa cour. Du reste, ils ont aussi affirmé avoir initié des démarches avec certains membres de leurs familles auprès du chef, afin d’obtenir son pardon, aux lendemains de l’affaire. « Je voudrais demander sincèrement pardon au chef, à sa famille et à toute sa communauté. Je suis un instituteur et je me suis laissé aller sur un truc (une affaire) que je regrette beaucoup. Je le regrette amèrement sinon moi-même je ne suis pas trop réseaux sociaux » s’est remis en cause M.S.
Après avoir écouté les deux prévenus, le chef de Ouargaye, prenant la parole, a laissé entendre qu’il a initié cette procédure judiciaire, pour que toute la lumière soit faite et qu’il soit blanchi. Il a dit vouloir également que ce procès serve de leçons aux relais de fausses informations sur les réseaux sociaux. « Avant-hier c’était le Mogho Naaba, hier c’était le chef de Boussouma, aujourd’hui c’est le chef de Ouargaye. C’en est trop. Et nous pensons qu’il faut que ça cesse. Sinon effectivement des gens m’ont approché pour me dire qu’il y a un instituteur qui veut me demander pardon. Mais je leur ai dit que l’affaire a déjà été confiée à la justice et qu’il faut qu’on laisse la justice faire son travail (…) Moi je suis un chef et j’ai prêté serment pour le devenir. Depuis que j’ai appris cette information, c’est tout le royaume de Ouargaye qui est malade. Ce qu’ils ne savent pas c’est que c’est moi-même qui ait envoyé les VDP à Ouargaye. A cause de cela, il y a des terroristes qui ont même mis ma tête à prix. J’ai des cousins, des enfants et des membres de ma famille qui sont des VDP. Moi-même je suis militaire avant d’être chef de Ouargaye. », a relaté le chef coutumier.
En outre, il a dit avoir accordé son pardon aux prévenus et a même imploré la clémence du tribunal à leur égard. En guise de réclamation, le chef a demandé une somme de 1F symbolique. Le parquet quant à lui, ne sest pas inscrit dans cette dynamique du pardon. Il a soutenu que l’action posée par les deux prévenus mérite d’être « sévèrement punie » d’autant plus que l’un d’entre eux, est un instituteur. « Si c’était quelqu’un d’autre, on pouvait comprendre. Mais, il est inconcevable que celui à qui on confie l’éducation de nos enfants soit celui-là même qui s’adonne à de telles pratiques », a-t-il fustigé en avançant aussi le fait que la peine qui sera prononcée doit permettre de dissuader d’autres personnes qui seraient tentées par des actes similaires.
En conséquences, le procureur a requis que les deux prévenus soient condamnés, chacun, à une peine d’emprisonnement de 12 mois dont 06 ferme et une amende de 2 millions de francs CFA également ferme. Il a aussi requis qu’il leur soit décerné un mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de Correction de Ouagadougou. Dans sa décision finale, le tribunal a prononcé une peine d’emprisonnement de 12 mois dont 06 ferme et une amende de 1 millions assorti de sursis à l’endroit des deux prévenus.
Ces derniers disposent de 15 jours pour faire appel si la décision ne leur convient pas.
Oumarou KONATE
Minute.bf
Ça fait pitié. De nos jours nous devrions faire très attention à de divulguer une information
Nous devons avoir un respect envers les autorités politiques, religieuses, coutumières, juridiques …. Car elles représentent un pays, une communauté, un peuple…. Et les diffamer porte atteinte à l’honneur de ces Leaders mais surtout à celui de la communauté qu’ils représentent.
Justice a été rendue mais j’implore toujours la clémence des juges si possible.