L’heure est aux constitutions de partie civile dans le cadre du procès de l’affaire détournement de fonds humanitaires. Prenant la parole, Me Prosper Farama, avocat du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), a insisté sur la gravité des faits et appelé la population à une prise de conscience collective.
Dans son discours, l’avocat est revenu sur les faits. Il s’est dit persuadé que les accusés seront condamnés, mais il a aussi profité de cette tribune pour adresser un message au peuple burkinabè en général.
« M. Tiégnan et les autres prévenus sont la représentation en miniature de notre société. C’est un peu la caricature de notre société », a estimé Me Farama.
Pour l’avocat, cette affaire révèle des maux profonds, notamment l’impunité et la culture de la corruption qui gangrènent le pays. Il a souligné que la société toute entière est concernée. « Quand on suit les commentaires des uns et des autres, on a l’impression que les Burkinabè sont surpris de découvrir qu’il y a des voleurs dans notre société. Pourtant, nous sommes tous responsables », a-t-il dénoncé.
Me Farama a aussi souligné l’importance de l’honnêteté et de l’intégrité dans une société où ces valeurs semblent selon lui devenues des obstacles. « Ce n’est pas parce que M. Tiégnan a détourné 3 milliards qu’il est plus coupable que le policier qui prend 2 000 francs sur la voie publique », a-t-il relevé. Il a appelé chaque citoyen à une introspection. « C’est pour cela que j’interpelle, à titre individuel, tous les Burkinabè. Notre société a mal à son intégrité », a-t-il regretté.
Me Farama a également dénoncé le système qui fait de l’honnêteté un handicap. « Aujourd’hui, quand vous êtes nommé à un poste, c’est la joie dans la famille, c’est la fête à la maison. Être honnête est devenu un handicap aujourd’hui », a-t-il déploré.
L’avocat a également insisté sur le fait que la nomination à un poste de responsabilité ne doit pas être vue comme une occasion d’enrichissement personnel. « Être nommé, ce n’est pas une occasion pour se sucrer. C’est un combat, une responsabilité. Et si vous échouez, vous serez frappé durement », a-t-il averti.
Son appel s’est également adressé aux autorités, qui, selon lui, devraient privilégier des nominations fondées sur la compétence et l’intégrité. Il a critiqué le favoritisme qui semble prévaloir à chaque changement de régime, où selon ses propos, chaque nouveau gouvernement cherche à placer ses hommes, au détriment de la compétence et du mérite.
Me Farama a fini son discours en posant des questions morales : « Comment peut-on voler de l’argent pour envoyer sa mère à la Mecque ? Comment peut-on voler pour construire une maison à sa mère ? Quel parent serait fier de voir son enfant voler pour lui faire plaisir ? ».
Le REN-LAC dans cette affaire a réclamé la somme de 1F symbolique et la condamnation des prévenus.
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Minute.bf
Je valide maître, rien que la vérité dans vos propos.