jeudi 21 novembre 2024
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Kaya : L’enseignant Moussa Michaël Ima reçoit la reconnaissance de ses anciens élèves

Les anciens élèves de l’enseignant Moussa Michaël Ima lui ont rendu visite, le samedi 25 novembre 2023 au secteur de la ville de Kaya. Ils étaient environ une centaine à faire le déplacement de divers horizons du Burkina Faso, d’où ils servent, à faire le déplacement à Kaya pour dire merci à celui-là qu’ils appellent leur « père », leur « éducateur ». Ce moment de retrouvailles a été marqué par des partages de souvenir, dans une bonne ambiance de chants, le tout couronné par des remises de cadeaux pour matérialiser leur reconnaissance à l’enseignant à l’honneur. 

Les bras croisés en signe de respect, comme ça se fait dans les classes à l’école primaire, c’est dans cette posture que les anciens élèves de M. Ima se sont prosternés devant lui pour le saluer en chœur : « Bonjour missé! ». « Missé » qui est l’appellation des débutants à l’école primaire du mot « monsieur », quand ils ne maîtrisent pas encore la prononciation, exprime à souhait la reconnaissance qu’ils ont gardé pour celui-là qui a contribué à leur transformation. Comme pour confirmer cela, le technicien de presse à l’université Joseph Ki-Zerbo et membre du comité d’organisation, Marcel Valery Sawadogo, a déclaré : « il n’a pas fait de nous des diplômés. Il a fait de nous des hommes utiles pour nous-mêmes et pour la société. Il a été un père, un éducateur pour nous ».

Mieux, exprimera Martine Kabré/Ilboudo, la porte-parole des anciens élèves de M. Ima : « jeunes enfants, d’abord nous vous avons été confiés, d’abord adjoint à l’école de Tiwega. Ensuite, Directeur, vous avez su avec votre savoir, votre savoir-être et votre savoir-faire nous inculquer les valeurs cardinales et théologiques pour que nous soyons des instruments de bonheur pour nous-mêmes et pour la société. Des réprimandes et des châtiments corporels, nous les avons bien reçus. Des stimulations et les récompenses, nous les avons aussi bien reçues. Mais, en son temps, vous étiez mal compris voire incompris non seulement par vos jeunes élèves, mais aussi par certains parents d’élèves. Aujourd’hui (…), nous avons pris conscience de vos intentions qui étaient de former des hommes mûrs pour la vie. En faisant un regard introspectif, nous réalisons que vous n’avez pas été seulement un enseignant pour nous (…), vous avez été pour nous, un papa, une maman qui a voulu se sacrifier pour sa progéniture ». 

C’est donc ce sentiment qui a incité les anciens élèves de M. Ima à faire le déplacement chez lui pour exprimer de vive voix que « les arbres qu'[il a] plantés, protégés, entretenus ont grandi, ont même produit et les fruits sont mûrs grâce à [son] accompagnement magistral ». « Nous avons eu beaucoup d’enseignants, mais celui qui nous a impactés le plus, qui a fait de nous ce que nous sommes, du CP1 au CM2, c’est M. Ima », renchérira d’ailleurs Marcel Valery Sawadogo. 

Une vue de la centaine d’anciens élèves de M. Ima qui ont fait de déplacement

1977 à 2018, une quarantaine d’années au service de l’éducation 

En effet, tout a commencé un 15 septembre 1977 lorsque Moussa Michaël Ima prenait service à Kaya, à l’école évangélique Tiwéga. Il exercera dans ladite école pendant 17 ans 17 jours avant d’intégrer la fonction publique en 1994. D’Instituteur adjoint certifié (3 ans) à directeur, M. Ima a continué son parcours à la Direction provinciale de l’éducation du Sanmatenga, assumant des fonctions comme responsable des ressources humaines avant de finir responsable régional de l’alphabétisation, de la formation et des formules alternatives en éducation de base, poste qu’il occupera jusqu’au « 31 décembre 2018 à 17h 30 minutes ». Tout cela avec une seule et même mission : combattre l’ignorance et former des hommes utiles à eux-mêmes et à leur société. Sur ce point, M. Ima n’a pas caché sa satisfaction de voir ses « enfants » à tous les niveaux de l’administration burkinabè, dans les différents secteurs d’activités. 

Tout cela, dit-il, lui a valu d’être reçu au Palais de Kossyam par le président du Faso pour des échanges qui ont duré de 13h à 23h. À ce propos, Moussa Michaël Ima a signifié que l’Etat burkinabè, des services décentralisés de Kaya au ministère de l’éducation a reconnu son travail avec des attestations de reconnaissance et des décorations.

Moussa Michaël Ima ébloui par la reconnaissance de ses anciens élèves

Mais de toutes les reconnaissances qu’il a eues, cette visite de ses anciens élèves le marquera à jamais. C’est du reste ce qu’il dira. « Au cours de ces 46 ans [de service] j’ai connu plusieurs événements qui ont profondément marqué ma vie. Cette circonstance qui se présente aujourd’hui se présente en terme de meilleur résumé de ma vie ainsi que celle de la quasi-totalité de ma famille (…) C’est un acte qui me bouleverse, dans l’âme, la chair, l’imagination. En toute sincérité, ça fait frémir. Ils ont tout résumé, en ce qui concerne mon action à leur endroit. Je ne mérite pas. Mais ils ont osé, cru et ils ont eu la victoire », a laissé entendre l’enseignant à l’honneur, tout ému.

Des souvenirs d’anciens élèves de M. Ima

Tellement ému, que M. Ima a étonné en interrogeant ses anciens élèves : « quelle est votre source d’inspiration même ? Qui vous a conseillé à une telle action ? ». A ces interrogations, ses anciens élèves remontant dans le temps disent s’être inspirés de ses enseignements.

Issa Sawadogo alias Issa Manière a expliqué que c’est avec M. Ima qu’ils ont appris des valeurs, et même triché certains comportements. En réponse aux interrogations de M. Ima, à l’époque déjà, a fait remarquer, Issa Sawadogo : « on avait cette joie de revenir pendant les vacances rendre visite au maître et cultiver le champ du maître. Quand tu ne le faisais pas, tu n’étais pas content ». 

Issa Sawadogo alias Issa Manière replongeant ses camarades dans les souvenirs à l’école avec l’enseignant Ima

Il poursuit sur les valeurs reçues de M. Ima : « l’école Tiwéga nous a appris la socialisation. C’est la seule école où les élèves mangeaient en groupe. Dans les autres écoles, c’était l’individualisme (…) C’est la seule école où les élèves ne savaient pas insulter quelqu’un. Il nous a appris la gouvernance vertueuse et la démocratie sans qu’on ne s’en rende compte ». Il se souvient que chaque année, M. Ima leur faisait élire un chef de classe et répartir les tâches si bien que l’école était gérée par eux-mêmes. Entre chef de bureau, chef de tableau, contrôleur de la propreté des autres, entre autres, les anciens élèves de M. Ima se rappellent que chacun se bousculait pour assumer une responsabilité.

Toutefois, ne pouvait pas manquer dans les souvenirs des anciens élèves de M. Ima, cette anecdote que tous les élèves garde d’au moins un de leur enseignant de l’école primaire. « On n’aimait pas les mardis et les vendredis », a lancé Issa Sawadogo à son maître sous les rires de ses camarades qui savaient où il voulait en venir. « Les mardis, c’était système métrique et les vendredis, la géométrie. Le maître avait une chemise lacoste couleur orange avec un pantalon gris. Les vendredis, personne ne le devançait en classe. Le jour qu’il portait cette tenue, tout le monde savait que ça allait chauffer », a retracé M. Sawadogo, sous les rires de ses camarades qui confirment l’anecdote. Mais les anciens élèves de M. Ima gardent les meilleurs moments de ces souvenirs, témoignant qu’il leur distribuait de jolis habits à certaines occasions, preuve de la relation entre eux et celui-là qu’ils appellent affectueusement leur « père ».

Des cadeaux au couple Ima

Pour tout cela d’ailleurs, tout en insistant que ce n’est que « symbolique », car dans l’incapacité de payer à sa juste valeur M. Ima, pour ce qu’il a contribué à leurs vies, les anciens élèves de Tiwéga ont, outre la visite, couvert leur enseignant de cadeaux. Ils ont remis 4 complets du pagne local Faso Dan Fani, des T-shirt pour sport à M. Ima et son épouse et levé une enveloppe financière de 500 000 F CFA à l’orée de la fin d’année pour souhaiter leurs vœux de santé et de longue vie à leur enseignant. Tous les sacrifices consentis par M. Ima ont été sanctionnés d’une attestions de reconnaissance.

Un éducateur ne meurt jamais…

Touché par l’initiative de ses anciens élèves, M. Ima a salué « un acte immortel, un exemple pratique à imiter par beaucoup de générations pour d’autres générations à venir ». 

Éméline Ima, fille de Ima exprimant toute la reconnaissance de la famille

L’acte a également été loué par les enfants et petits-enfants de M. Ima. « Cette visite nous réjouit également parce qu’elle est la preuve que vous portez encore dans vos cœurs votre enseignant du primaire malgré le temps qui s’est écoulé. Elle témoigne du bon rapport que vous avez développé avec lui pendant votre cycle du primaire (…) Vous avez préféré oublier ses chicotes, les punitions pour retenir ses enseignements et la formation qu’il vous a donnés », s’est satisfaite Éméline Ima, au nom de ses frères et sœurs. 

C’est dans cette ambiance faite de partage de souvenirs, de remerciements, de reprises de chansons préférées de M. Ima et de danse que la cérémonie s’est déroulée pour finalement réunir les anciens élèves de Ima, sa famille et ses connaissances autour d’un repas. 

Les anciens élèves de M. Ima reprenant ses chansons préférées

Mais avant, alors que les anciens élèves promettaient de pérenniser la visite par des occasions individuelles ou collectives, M. Ima n’a pas manqué de les exhorter « à se souder davantage » en érigant une saine communication entre eux. Pour sa part, le geste de ses anciens élèves l’ayant convaincu qu’un « éducateur ne meurt jamais », M. Ima a fait savoir qu’il poursuit sa mission d’éducateur à travers les établissements qu’il promeut à Kaya comme à Ouagadougou.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

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