jeudi 12 décembre 2024
spot_img

Litige foncier à Ouidtenga : les populations « inquiètes du rétropédalage de la justice »

On aurait cru que la fumée blanche sortait de Ouidtenga, pour ce qui concerne le litige foncier entre la population et une société immobilière de la place. Après la première décision de justice donnant raison aux populations, l’appel fait par la société immobilière peine à connaître un dénouement. Mieux, le dossier en appel qui devrait être jugé le 28 novembre dernier a été retiré du jugement, sans aucune autre programmation. Au cours d’un point de presse, ce lundi 26 décembre 2022, ces populations ont pointé du doigt, « le rétropédalage de la justice ».

Depuis près de 3 ans, dans le village de Ouidtenga qui forme avec Balkuy le secteur 49 de l’arrondissement 11 de Ouagadougou, le conflit foncier qui oppose une société immobilière à la population est devant la justice burkinabè. Ce conflit, accusent les populations, est la résultante d’une « tentative d’accaparement des terres » par cette société immobilière qui revendique 666 hectares (ha) dont elle détient un titre foncier. Chose que les habitants de Ouidtenga « rejettent et dénoncent ».

Un premier jugement a eu lieu et le verdict rendu par les juges du Tribunal de grande instance Ouaga 2, le mardi 17 mai dernier, a déclaré la société immobilière « coupable de stellionat ». En répression, les juges ont condamné, la société immobilière à payer une peine d’amende ferme de cinq (05) millions de FCFA. 

Aussi, ils condamnent « la société à payer 5 millions aux plaignants au titre de frais exposés et non compris dans les dépens ». Cette société immobilière devrait donc restituer aux plaignants leur parcelle, une équivalence d’un peu plus de 129 ha sur les 666 ha. 

Gabriel Sawadogo exprimant l’inquiétude des habitants de Ouidtenga par rapport à la l’évolution du dossier en justice

Mais, la société immobilière en cause a interjeté appel de cette décision. Le jugement en appel qui devrait se tenir le 28 novembre dernier été, à la surprise des populations de Ouidtenga, déclassé. 

Selon Gabriel Sawadogo, propriétaire terrien, les populations de ce village sont inquiètes d’autant plus que des nouvelles enquêtes ont été ouvertes. « Notre ressentiment à l’heure actuelle va à l’endroit de nos autorités judiciaires. On n’a pas vraiment bien compris les raisons pour lesquelles on a eu à retirer notre dossier qui devait passer le 28 novembre et que par coïncidence on se retrouve dans une situation où on a l’impression qu’il y a un rétropédalage, puisqu’il y a d’autres dossiers qui sont en train d’être instruits dans le même laps de temps », a déploré Gabriel Sawadogo. Ce dernier ne cache pas son appréciation sur cette situation. « Parce que si on nous avait dit que le dossier a été renvoyé à une autre date et que nous savions qu’à telle date le dossier allait être vidé, cela tranquilliserait les esprits. Mais quand on dit que ça été retiré et que c’est sine die. Vous voulez qu’on pense quoi ? Quand derrière encore se profile des enquêtes et que nous savions d’expérience que toutes les plaintes portées à l’endroit de nos populations se sont soldées des embastillement », a-t-il poursuivi. M. Sawadogo précise que ce n’est pas une question de « manque de confiance » envers la justice, mais « une inquiétude ». « À partir du moment où nous avons des dossiers qui sont pendants en justice, qu’on ne les a pas encore tranchés et que d’autres dossiers viennent s’accumuler, nous sommes inquiets », a-t-il déclaré.

Isidore Bougouma a confiance en la justice mais veut surtout préserver le vivre-ensemble

Pour Isidore Bougouma propriétaire terrien et Secrétaire général de l’association Sidinwa pour le développement du village de Ouidtenga, c’est à la justice, dernier rempart, de trancher sur cette affaire. « Nous voulons régler le problème par la justice. Mais, nous entendons aussi préserver notre vivre-ensemble après le dénouement de cette affaire », a-t-il soutenu. Isidore Bougouma a invité la population à « l’union et la solidarité » pour que justice soit rendue une bonne fois pour toute.

« Nous souhaitons que l’appel soit reprogrammé dans les meilleurs délais et que ce dossier puisse être vidé. Cela même si, on va dire que nous (la population de Ouidtenga, ndlr) avons tort, nous sommes d’accord. Mais que l’on ne nous laisse pas dans cette situation impossible qui devient un cauchemar, parce qu’on ne sait plus à quel saint se vouer », a conclu Gabriel Sawadogo.

Mathias Kam

Minute.bf

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Publicité

spot_img

Articles connexes

Burkina : La région du Centre célèbre le 64e anniversaire de l’indépendance sous le signe de la résilience

Le gouverneur de la région du Centre Abdoulaye Bassinga a présidé, ce mercredi 11 décembre 2024 à la...

Terra madre day : Une journée pour célébrer la Terre mère

Les membres du réseau slow food Burkina Faso ont annoncé le 10 décembre 2024, en conférence de presse,...

Musique : « Tomorrow », un rêve pour un Burkina de paix chanté par Alif Naaba

Alif Naaba, artiste engagé de la scène musicale burkinabè, a présenté son nouveau single « Tomorrow » (demain...

Burkina : Le nouveau ministre de la communication, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo prend officiellement fonction

'Le Secrétaire général du gouvernement, Ousmane Ouattara a installé à son poste le nouveau ministre de la Communication,...