L’Université Joseph Ki-Zerbo organise du 12 au 14 juillet 2023, ses doctoriales, pour le compte de l’année 2023, sous le thème : « Contribution de la recherche scientifique à la lutte contre l’insécurité ». Le top départ de cette manifestation scientifique a été donné, ce 12 juillet par Nicolas Barro, Conseiller technique représentant le Ministre de l’enseignement supérieur, de Recherche et de l’Innovation.
Ces doctoriales 2023 visent principalement à mettre en lumière les travaux de recherche des doctorants. Selon les organisateurs, il s’agira à travers la thématique de la présente édition, de montrer la contribution des résultats de la recherche scientifique à la lutte contre l’insécurité. Aux dires des organisateurs, plus de 300 communications seront développées durant ces doctoriales et les thématiques tourneront essentiellement autour de quatre axes notamment l’environnement et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la résilience et les urgences sanitaires, la dynamique des populations et de l’habitat et enfin, l’état de la recherche scientifique en contexte de résilience.
Pour donner la conférence inaugurale, c’est l’ancien Premier ministre, Dr Lassina Zerbo qui a été invité. Dans sa communication, il a indiqué que les sciences peuvent jouer un rôle crucial dans la résolution des crises en Afrique. A en croire le conférencier, les sciences peuvent contribuer dans l’évaluation de la menace sécuritaire, la prévention et la gestion des conflits, l’intelligence et l’analyse des données, les systèmes de communication d’urgence, la réponse aux menaces et bien d’autres.
Pour l’évaluation de la menace par exemple, les sciences fournissent selon celui qui fut secrétaire exécutif de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), des connaissances et des outils d’appréciation basés sur des preuves . « Qu’il s’agisse des sciences sociales, de sciences naturelles et des sciences de l’ingénieur, les sciences permettent d’identifier, d’évaluer et de comprendre les risques et les menaces spécifiques à la sécurité en Afrique. Cela inclut l’analyse des défis sécuritaires terroristes, la criminalité transnationale, les conflits ethniques, la cybercriminalité et ainsi de suite », a-t-il déclaré.
Pour ce qui est de la prévention et la gestion des conflits, Dr Lassina Zerbo a affirmé que les sciences sociales permettent la recherche et l’analyse des causes profondes des conflits des dynamiques sociales, des inégalités et des tensions ethniques. « La science joue un rôle crucial dans la prévention et la gestion des conflits. Elle permet de rechercher et d’analyser les causes profondes de la crise en vue de faciliter des prises de décisions éclairées et proactives à même de prévenir les incidents et minimiser les risques », a-t-il déclaré.
Il appelle donc, à une plus grande exploitation des résultats de la recherche scientifique dans la recherche des solutions aux crises que le pays traverse. « La science doit accompagner les politiques de décisions. La recherche doit venir avec des faits probants qui amènent les politiques a faire ce qu’il faut dans le cadre des programmes universitaires pour une recherche appliquée et soutenue », a-t-il dit. Des dires du Dr Zerbo, il serait erroné de limiter la contribution de la science à la lutte contre le phénomène insécuritaire, uniquement à la fabrication d’armes ou de machines de guerre. La science va plus loin que cela, de son point de vue, en mettant à la disposition des décideurs politiques, des données fiables dans plusieurs domaines tels que la sociologie, la sécurité, l’anthropologie, l’environnement, l’aménagement du territoire, la géolocalisation et la surveillance spatiale, dont l’exploitation peut permettre une meilleure gestion des crises.
« L’objectif c’est de voir comment ces données peuvent être mises à contribution dans un calcul intense des données et avec l’intelligence artificielle que nous connaissons, accompagner pour des solutions qui vont nous aider », a indiqué celui qui pilote actuellement les activités du Rwanda Atomic Energy Board. Il a de ce fait, appelé à la mise en place de conseillers scientifiques dans les gouvernements, les ambassades et les institutions. Les conseillers scientifiques, selon ses explications, auront pour missions d’accompagner les décideurs dans les prises de décisions sur des sujets en lien avec le domaine de la Science.
Procédant au lancement des activités, le représentant du ministre de l’enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation, Nicolas Barro, a salué les écoles doctorales de l’Université Joseph Ki-Zerbo, pour cette initiative qui, selon lui, « correspond à la vision du chef de l’Etat en ce qui concerne le rôle des institutions d’enseignement supérieur et de recherche ». De ses dires, la thématique de ces doctoriales combinée aux quatre axes qui découlent du thème central permettront de parcourir la question de la contribution de la recherche scientifique sous une dimension pluridisciplinaire.
« Compte tenu des compétences que regorgent nos universités et en l’occurrence la vôtre, une réflexion pluridisciplinaire sur la question était nécessaire. Si on reproche souvent aux chercheurs africains de ne pas trouver, c’est peut-être parce que ces derniers ne montrent pas toujours que leurs recherches prennent en compte les préoccupations de nos populations. Je voudrais donc ici saluer et féliciter les doctorants qui présenteront leurs communications durant ces deux jours et inviter leurs encadreurs à les accompagner », a dit Nicolas Barro au nom du ministre Adjima Thiombiano. Il a dit espérer que les réflexions au cours de ces doctoriales permettent d’aboutir à des conclusions intéressantes qui pourraient servir comme outils d’aide à la décision.
Oumarou KONATE
Minute.bf
