Le samedi 27 août 2022 à Ouagadougou, se tenait une conférence publique organisée par la Société burkinabè de Géopolitique (SBG) autour du thème : « Lutte contre le terrorisme au Sahel : Comment construire une autonomie stratégique dans un contexte géopolitique en pleine mutation ? ». Cette conférence a été marquée par les interventions de personnes averties des questions de défense et de sécurité dont l’ancien ministre de la sécurité, le Colonel Auguste Denise Barry. Se prononçant sur le dialogue initié par les autorités en place avec « ceux qui ont pris les armes contre la Patrie », le Colonel pense que « la meilleure stratégie, c’est de gagner sans [les] combattre. »
Faut-il dialoguer avec ceux qui ont pris les armes contre la nation ? La question continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive et le moins que l’on puisse dire, elle ne fait pas l’unanimité. Cette divergence d’opinions a été remarquée à la conférence de la SBG.
« Certains pensent que parce que ce sont nos compatriotes qui ont porté le fer dans la chair de la nation, on devrait avoir un regard différent », a relevé le paneliste Kalifara Séré.
Pour lui, « dans toutes les écoles d’application puis de spécialisation, dans les écoles militaires, on ne dit jamais aux gens d’aller en négociation ou en dialogue avant de mettre en place (…) la force de violence d’une armée. » Il soutient à ce propos qu’ « au contraire, avant d’aller en négociation, vous assenez les coups les plus durs… »
Lire aussi : Lutte antiterrorisme : « C’est l’armée qui donne le ton : tuer et réconcilier » (Kalifara Séré)
Ainsi, ce paneliste en a-t-il mis en garde contre « les pensées tordues de dialogue local », arguant que « sans territoire, il n’y a pas de dialogue local » et « du dialogue stratégique [intervient] à la fin de l’activité de l’armée. » Concrètement, il a défendu que « c’est l’armée qui donne le ton : tuer et réconcilier. On ne réconcilie pas avant d’avoir tué. »
Toujours dans ce sens et partageant l’avis d’un averti des questions de guerre et de sécurité, M. Séré considère que « la guerre, c’est 49% d’armement, 39% d’engagement patriotique de la nation autour de l’armée et 2% d’incertitude… »
Contrairement à lui, le Colonel Auguste Denise Barry a postulé que « la guerre, ce n’est pas forcément les armes. »
« Je ne suis pas tellement d’accord lorsqu’on dit qu’il ne faut pas le dialogue », a-t-il réagi avant de s’expliquer en paraphrasant une figure des questions militaires pour qui « la meilleure stratégie, c’est de gagner sans combattre. » Cela, détaille-t-il, appelle à « l’utilisation d’un certain nombre de ressources, d’outils… »
Il pense qu’on peut également utiliser d’autres ressources « qui ne sont pas forcément matérielles ou humaines » pour atteindre des objectifs. Il parle par exemple de « l’opinion publique qui constitue, de son avis, un facteur de puissance » à même de contribuer à atteindre des objectifs.
Lire aussi : Lutte antiterrorisme : « Il y a de l’espoir » (Colonel-major Ousmane Traoré)
Comme pour lui donner raison, le paneliste Mahamoudou Sawadogo dans son exposé a fait savoir que « lorsqu’ils (les terroristes, ndlr) ont commencé à nous attaquer, ils ont détruit les facteurs de résilience endogènes de notre communauté. Ils ont détruit tous ceux qui pouvaient déconstruire leur discours : les leaders communautaires, les leaders religieux et les leaders politiques. »
Pour lui, les populations se retrouvent actuellement sans repères, la plupart d’eux se retrouvant « tous cantonnés à Ouagadougou parce que chassés ou visés, tués ou enlevés par ces groupes armés terroristes… »
Lire aussi : Terrorisme : Le Burkina Faso est le 4e pays le plus affecté au monde (Mahamoudou Sawadogo, expert)
Franck Michaël KOLA
Minute.bf
