Les membres de l’association Tabital Pulaaku Burkina (TPB), une association à caractère culturel de la communauté peule, se sont réunis ce samedi 20 juin 2020 à Ouagadougou pour examiner la situation sécuritaire du pays et faire des propositions pour « sauver notre cher Faso ». A l’issue de cette rencontre, les responsables de cette association étaient face à la presse pour le compte rendu.
Cette conférence est le résultat d’une réflexion par rapport à la situation sécuritaire qui interpelle tout le monde, car elle met à rude épreuve la cohésion sociale en dressant les différentes communautés les unes contre les autres, a d’emblée, fait savoir Amadou Sidibé, président de l’association Tabital Pulaaku Burkina (TPB). Ainsi, l’association, dans un premier temps, a dénoncé le terrorisme, et a signifié que ce fléau n’épargne aucune communauté. « Toutes les communautés sont victimes de terrorisme », a affirmé M. Sidibé. La rencontre de ce matin avait aussi pour but, en plus de dénoncer le terrorisme, de proposer des solutions pour permettre au Burkina Faso de sortir de ces attaques.
« Aucun livre saint ne justifie les violences meurtrières des actes terroristes… »
Amadou Sidibé a estimé important de situer les origines de cette crise sécuritaire, dans les évènements tragiques de Yirgou de janvier 2019, où, a-t-il regretté, « des groupes d’autodéfense ont planifié, organisé et massacré des membres d’une communauté sans que la puissance publique ne réagisse ». TPB dit demeurer attentive aux manifestations concrètes de cette crise et espère que la justice sera rendue tôt ou tard sur cette tragédie.
L’association reste aussi convaincue qu’aucune croyance religieuse, aucun livre saint ne justifie les violences meurtrières des actes terroristes que les différentes communautés subissent. « Il est important de se départir des raccourcis dangereux qui tendent à ramener la cause du terrorisme à une communauté », a réagi M. Sidibé.
Les membres de l’association Tabital Pulaaku Burkina restent convaincus que la stratégie des terroristes qui vise à diviser la communauté nationale en opposant des groupes ethniques, ou en opposant des disciples de croyances religieuses différentes ne pourra pas prospérer si l’Etat et les acteurs non étatiques s’impliquent davantage dans la sensibilisation.
Ainsi, l’association lance « un appel patriotique » à l’Etat, à la société civile, aux différentes communautés qui composent le Burkina Faso, à se mobiliser davantage pour lutter contre le terrorisme. « Nous voulons dire aux Burkinabè que ce qui fait la beauté de notre pays, c’est notre diversité, et cette diversité, nous devons la maintenir. Nous ne devons pas sombrer aux mains des extrémistes qui développement un discours de haine », a soutenu Amadou Sidibé qui, dans son appel, réitère à l’Etat que « les populations ont besoin de sa présence ». Les populations ont besoin de justice, a-t-il aussi insisté.
« Seule une solution judiciaire peut apaiser les cœurs … »
Le président de TPB a souhaité que tous les crimes commis depuis Yirgou puissent connaitre un épilogue judiciaire pour panser les meurtrissures des survivants, des parents et communautés dont sont issues les victimes. Il s’agit des massacres survenus à Arbinda en avril 2019, Banh, Kain-Ouro en février 2019, Silgadji, Nagraogo en janvier 2020, Barga en mars 2020, tanwalbougou en mai 2020, a-t-il rappelé. « Seule une solution judiciaire peut apaiser les cœurs des parents des victimes innocentes », est convaincu Amadou Sidibé qui rappelle que le terrorisme n’a pas de visage ni d’ethnie.
Il appelle donc les autorités « à faire cesser immédiatement les arrestations arbitraires et à respecter les droits des détenus qui ne sont que des présumés coupables ; à faire arrêter immédiatement toutes les tueries pouvant être considérées comme des exécutions extrajudiciaires et de crimes contre l’humanité ; à s’engager résolument dans le traitement diligent du volet judiciaire de ces tueries qui gangrènent notre vivre ensemble ; à prendre toutes les mesures idoines pour protéger les témoins et tous ceux qui œuvrent pour la justice ».
Amadou Sidibé a souhaité l’institution d’une commission d’enquête spéciale avec l’appui d’une expertise internationale pour une meilleure recherche de la vérité sur tous les cas de crimes de masse. Pendant le recrutement des Volontaires de défense de la patrie (VDP), TPB a invité les autorités à éviter l’exclusion d’une communauté spécifique et demande que ce recrutement se fasse conformément à l’esprit de la loi votée par l’Assemblée nationale…
Armand Kinda
Minute.bf
