Jadis colonisée comme nombre de pays africains, la Chine a pu se défaire de ce boulet pour prendre son envol et devenir de nos jour une puissance mondiale. À l’occasion de la 6e session plénière du 19e comité central du PCC, l’ambassadeur du pays de Mao Zedong au Burkina, Li Jian, dans une tribune est revenu sur les difficultés bravées par son pays et les points qui ont servi de socle à la construction de cette puissance mondialement reconnue. Par ailleurs, il a évoqué la coopération que son pays entend mener avec ses partenaires africains en promettant de rester à leurs côtés pour les efforts de maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme.
La Chine a été un pays semi-colonisé et semi féodal. Comment elle a pu entamer son processus de modernisation ? Comment un pays très peuplé, divers a pu réaliser les deux grands miracles, soient la stabilité sociale à long terme et le développement économique à grande vitesse ? Le système politique chinois est différent de ceux des pays occidentaux.
Est-ce que juste que la Chine en subisse des préjugés ? Doit-on considérer la consolidation de la coopération sino-africaine comme une forme de « néo-colonialisme » ? Venue de très loin, qu’est-ce que la Chine souhaite obtenir de ses relations avec le Burkina Faso ?
Ce sont des questions que beaucoup de nos amis burkinabè se sont posées au début de la reprise des relations sino-burkinabè. Mais avec le développement de la coopération bilatérale et l’évolution des relations internationales, je suis sûr qu’on a déjà un aperçu consensuel plus objectif et plus complet des questions susmentionnées. Peu avant, le Parti communiste chinois a tenu sa 6e session du 19e comité central qui a adopté le projet de résolution sur les principales réalisations et l’expérience historique des 100 ans d’efforts du PCC. C’est un document important qui vous amènera à mieux comprendre la Chine et le PCC et à saisir les opportunités du développement de la Chine et des relations sino-burkinabè.
Une clé pour connaître la Chine
Après trois ans que j’ai vécus au Burkina Faso, plus je connais ce pays des hommes intègres, plus je m’y attache et le respecte. Je dis souvent à mes amis en Chine, qu’il ne faut pas tirer la conclusion ou se croire d’un connaisseur de la vérité à travers une incidence d’actualité, une histoire d’un individu ou des commentaires sur les médias. La même logique d’observation s’applique à mon pays.
La Chine qui a de longue histoire, de grande envergure et qui se développe très rapide, se voit malheureusement ternie par les médias occidentaux. Si quelqu’un regarde la Chine avec arrogance ou préjugé, il risque d’être de plus en plus éloigné de la vérité. Par ailleurs, pour bien connaître la Chine, il vaut mieux de commencer par son leader—le Parti communiste chinois(PCC). Et pour connaître le PCC, son histoire depuis cent ans constitue la meilleure école.
Créé en 1921, le PCC, à ce moment-là, qui n’avait qu’une cinquantaine de membres, s’est agrandi pour devenir un grand parti de 95 millions de membres. Il a dirigé le pays à réaliser un bond gigantesque qui a vu le peuple chinois se relever, devenir riche et puissant. Un des secrets de son épanouissement se trouve dans sa capacité de tirer la sagesse et la force de son histoire.
Le PCC a su, à des grands moments historiques, examiner les événements importants, les questions majeures et les grandes figures de façon approfondie pour mener à la conclusion qu’il fallait, ce qui a pour objectif d’acquérir d’enseignement des succès, des erreurs et même des échecs, de converger les idées, les volontés et les actions pour conduire le peuple de tout le pays à avancer dans l’unité.
Durant son parcours de cent ans, le PCC a déjà adopté deux « résolutions historiques ». La première, en 1945, avait tiré la conclusion sur un certain nombre de questions historiques, établi la position directrice de la pensée de MAO Zedong, et ainsi promu la révolution chinoise vers la victoire. La deuxième, en 1981 où la politique de réforme et d’ouverture est lancée, avait confirmé le rôle directeur de la théorie de DENG Xiaoping, fait le bilan des expériences acquises de la révolution et de la construction socialistes, rajusté le cap du socialisme de la Chine, et ainsi promu la réforme et l’ouverture, et la construction de la modernisation socialiste.
Cette troisième Résolution est née au moment historique de l’achèvement de la construction d’une société de moyenne aisance à tous égards et du lancement pour l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne et puissant. Le fruit le plus important de la Résolution est de confirmer la position centrale du camarade Xi Jinping au sein du Comité central et au sein du Parti ainsi que le rôle directeur de sa pensée sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère.
D’ailleurs, nous pouvons dire que la Résolution est une autobiographie, qui vous raconte pourquoi le PCC et même la Chine ont réussi dans le passé et comment ils continueront à réussir à l’avenir; la Résolution est un guide, qui vous présente quel genre de pays deviendra la Chine et comment elle développera ses relations avec le Burkina Faso, l’Afrique et le monde entier; la Résolution est aussi une référence, qui vous décrit comment un pays en développement comme la Chine explore une voie de développement qui convient à ses propres conditions et comment réaliser son magnifique virage de la pauvreté et du retard vers la modernisation.
La voie qui nous amène au succès
Ce rapport a énuméré dix aspects importants de l’expérience historique d’un passé de 100 ans, ce qui fait réussir le parti communiste chinois.
Maintenir le leadership et l’orientation unifiés du Parti. Pour un pays comme la Chine qui a une population de 1,4 milliards d’habitants, une diversité ethnique de 56 nations et une grande différence géographique à son intérieur, un leadership fort est une précondition pour la bonne gouvernance. Ce n’est qu’en adhérant à la direction générale du Parti, en particulier à la direction centralisée et unifiée du Comité central du Parti, qu’il serait possible de prendre en charge la situation globale, de coordonner tous les acteurs politiques, économiques et sociaux, et de toujours maintenir la bonne direction du développement du pays. C’est le parti au pouvoir qui mobilise et unit les localités décentralisées, les différentes ethnies, l’armée et la population dans la même direction. Sans un leadership unifié et ferme, le pays tombera inévitablement dans le bourbier des luttes à l’intérieur. La stabilité politique, le développement économique, l’unité nationale et la cohésion sociale ne sont que des rêves.
Mettre les intérêts du peuple au premier plan. Le plus grand avantage politique du Parti communiste chinois est son intégration avec la masse populaire. Le PCC représente rien d’autre que le peuple lui-même et n’a pas d’autres intérêts que ceux du peuple. Il considère la séparation de la masse populaire comme le plus grand danger. Au cours de 100 ans d’histoire, le PCC a expérimenté et développé une démocratie populaire durant tout le processus. Il considère la satisfaction et le consentement du peuple comme son crédo et fait tout son possible pour résoudre les problèmes qui touchent les préoccupations du peuple et pour partager les fruits du développement avec le peuple. Pour beaucoup de partis politique occidentaux, « servir au peuple » n’est qu’une déclaration électoraliste et formelle pour camoufler leurs vrais intérêts politiques et capitaux. L’expérience centenaire du PCC montre que la Chine a réalisé son objectif d’une société de moyenne aisance en poursuivant sa propre voie de démocratie au lieu de tomber sur le piège du formalisme « démocratique ».
Mettre en avant l’innovation théorique du parti. Le Parti communiste chinois insiste sur le renforcement de la construction philosophique et théorique du parti. Il considère que la pratique est le seul critère pour tester la vérité d’une théorie. Il a ainsi réussi à intégrer les principes de base du marxisme à la réalité spécifique de la Chine et à la culture traditionnelle chinoise. Il faut être courageux de combiner continuellement de nouvelles pratiques dans l’innovation théorique et en retour, d’utiliser de nouvelles théories pour guider la pratique. C’est une condition nécessaire pour former un excellent et irremplaçable leadership du parti afin de mener et de réaliser avec succès des changements sociaux à chaque étape historique de la nation. Qu’il s’agisse du développement national ou de la construction de parti, on a toujours besoin des soutiens théoriques pour nous guider dans le travail. Ces théories doivent être enracinées dans le sol du pays, servir au développement du pays, maintenir la continuité par la transmission de génération par génération, et ouvrir de nouveaux horizons à travers l’innovation.
Maintenir l’indépendance de la nation. Aucun pays ne peut se développer en s’appuyant sur des forces extérieures et en copiant des modèles étrangers. Le Parti communiste chinois est ouvert à apprendre de l’expérience utile des pays étrangers, mais reste toujours le seul maitre de son destin sur sa propre voie en toute indépendance. Rester indépendant ne veut pas dire être xénophobe, mais la Chine dit fermement non à certains pays occidentaux qui prétendent être son « instituteur ». C’est une auto-confiance accumulée dans le sang spirituel de la civilisation chinoise. C’est aussi la logique interne pour qu’un pays parvienne à se rajeunir et à devenir plus fort.
Rester sur sa propre voie de développement. Le système politique doit se conformer aux conditions nationales pour avoir de la vitalité. Depuis plus de cent ans, de nombreuses forces politiques en Chine sont apparues à tour de rôle, expérimentant divers régimes démocratiques à l’occidentale, mais elles ont finalement toutes échoué. La Chine a également appris des modèles d’autres pays dans son développement, mais a vite découvert qu’elle ne correspondait pas aux conditions nationales et était incompatible avec sa culture. Heureusement, le Parti communiste chinois a exploré et formé une voie de socialisme aux caractéristiques chinoises conforme à la réalité chinoise, amenant le pays dans une nouvelle ère. C’est une expérience qui pourrait inspirer d’autres pays en développement d’atteindre leurs propres objectifs de modernisation. Elle prouve aussi pleinement que chaque pays peut s’appuyer sur ses propres moyens, en galvanisant la sagesse du peuple et harmonisant les ressources internes et externes, pour enfin trouver sa propre voie de développement.
Avoir une vision mondiale. La civilisation chinoise a une histoire de milliers d’années. L’idée « d’absorber la différence en harmonie » une philosophie très importante et une source spirituelle pour la politique étrangère de la Chine qui insiste sur la recherche d’un terrain d’entente tout en mettant de côté les différences et la coexistence pacifique. Nous croyons que la Chine avancera que si le monde avance. Il faut donc assumer les responsabilités d’un grand pays. Nous croyons fermement que nous ne pouvons aller loin qu’avec les autres. Il faut donc adhérer à un véritable multilatéralisme et adhérer à la coopération à l’ouverture, aux bénéfices mutuels et gagnant-gagnant. Nous nous opposons farouchement à l’hégémonisme et appelons à la construction d’une communauté de destin pour toute l’humanité.
Promouvoir l’innovation avec l’évolution du temps. L’innovation est un moteur inépuisable pour le développement et le progrès d’un pays. Innover, ce n’est pas prendre des risques aveuglément mais suivre la tendance historique et répondre aux nouvelles exigences du peuple pour réaliser des miracles. Le Parti communiste chinois ne cesse de promouvoir l’innovation théorique, l’innovation pratique, l’innovation institutionnelle, l’innovation culturelle et l’innovation technologique sous divers aspects, et a frayé un nouveau chemin que personne n’a emprunté.
Il faut savoir oser lutter. La lutte est une source importance de la force du Parti communiste chinois et du peuple chinois. C’est avoir le courage d’affronter les difficultés sans crainte de sacrifice. C’est saisir les opportunités pour prendre l’initiative et la capacité d’analyser et de résoudre les problèmes. Le but de la lutte est de rechercher le bonheur pour le peuple, pour le rajeunissement de la nation, et pour ne jamais reculer sur des questions comme la sauvegarde de sa propre souveraineté, de sa sécurité et de ses intérêts de développement. Ce n’est pas pour chercher une hégémonie quelconque qu’on lutte. La lutte n’est en aucun cas « agressif » comme certains médias occidentaux ont mal comprise. C’est la résolution et la conviction de vaincre face au défi.
Consolider le front uni du peuple. L’union fait la force et unir toutes les forces possibles est un moyen important pour le Parti communiste chinois de gouverner le pays. Le PCC s’est engagé à promouvoir les relations amicales entre les partis politiques, les ethnies, les religions et les couches sociales différents. Il réunit la force conjointe du peuple chinois entier afin de maximiser la force de la lutte commune. Il a entamé des consultations pour promouvoir l’unité, des communications pour former un consensus, et reste ouvert pour écouter des opinions différentes. C’est ainsi qu’il a pu mobiliser tous les milieux de participer à la réalisation d’une cause commune. Pour un parti au pouvoir, c’est une étape obligatoire pour passer à une gouvernance moderne.
Poursuivre le processus d’auto-révolution. C’est la nature politique la plus distinctive du Parti communiste chinois. C’est aussi son plus grand avantage qui le démarque d’autres partis politiques. Le PCC n’est pas un parti saint qui n’a fait aucune erreur mais il est plus important d’affronter le problème de front et d’avoir du courage à critiquer et à s’autocritiquer pour retrouver la vérité et corriger ses erreurs. Il considère la corruption comme la plus grande menace pour la gouvernance à long terme et la punit avec tolérance zéro. Il travaille à améliorer constamment le système du contrôle disciplinaire du parti et à renforcer la surveillance de l’exercice du pouvoir. Cette auto-révolution est la raison fondamentale pour laquelle le Parti communiste chinois a toujours reçu le soutien sincère du peuple et a toujours maintenu une forte crédibilité.
Un parcours de cent ans n’est pas quelque chose de facile. Mais ce parcours du PCC montre une possibilité de rester toujours à l’avant-garde de l’époque et de poursuivre un combat qui dépasse des siècles !
La perspective de la coopération dans l’avenir
J’invite donc mes amis burkinabè à repérer dans ces dix leçons les principes qui régissent la diplomatie chinoise et son développement de relations d’amitié et de coopération avec le Burkina Faso.
Le principe de la primauté du peuple. La Chine insiste sur la priorité absolue accordée au peuple et s’y en tenir également dans le cadre du développement de ses relations avec l’Afrique et le Burkina Faso. Nous estimons qu’il est important d’aider le Burkina Faso à relever de véritables défis tels que la sécurité alimentaire, l’emploi des jeunes et l’accès du peuple aux soins de santé. Nous avons construit plus de 100 écoles primaires au Burkina Faso et sommes sur le point de construire un hôpital à Bobo-Dioulasso. Nous avons envoyé une dizaine d’équipe d’experts chinois au Burkina Faso pour partager leur expérience dans de différents domaines y compris l’agriculture, au bénéfice de dizaines de milliers d’agriculteurs, de jeunes et de femmes. En accordant des bourses du gouvernement chinois et des bourses d’ambassadeur chinois à près de 400 jeunes étudiants et en organisant plus de 100 cours de formation technique, nous avons accompagné l’épanouissement des jeunes burkinabè. Nous donnons la priorité à la vie et combattons fermement l’épidémie aux côtés du Burkina Faso. Nous avons fait don d’une grande quantité de matériel antiépidémique et d’environ 2 millions de doses du vaccin contre la Covid 19 au Burkina Faso. Nous sommes prêts à continuer d’écouter les aspirations de la population burkinabè, à réaliser davantage de projets à votre profit, à aider davantage d’enfants locaux à grandir heureusement et à soutenir davantage de jeunes et de femmes à réaliser leurs rêves.
Le principe de l’égalité. La Chine et l’Afrique sont depuis toujours liées par une communauté de destin, et nous avons des histoires similaires, des tâches de développement communes et des intérêts stratégiques communs. Dans ses échanges et sa coopération avec l’Afrique et le Burkina Faso, la Chine préconise le respect mutuel, le dialogue sur un pied d’égalité, les avantages réciproques et la coopération gagnant-gagnant, respecte et soutient les pays africains dans leur efforts pour chercher des voies de développement adaptées à leurs réalités nationales. Elle respecte les volontés et les intérêts des pays africains dans la coopération pragmatique sans imposer de conditions politiques, et défend le concept de consultation, de construction conjointe et de bénéfices partagés dans le cadre de l’initiative « la ceinture et la route ».
La Chine reste à côté de l’Afrique dans ses efforts de maintenir la paix régionale et dans la lutte contre le terrorisme. Face à certains malentendus ou calomnies à l’encontre de la coopération sino-africaine, la Chine fait preuve de réalisme pour améliorer constamment la qualité de la coopération et résoudre de manière pragmatique les problèmes spécifiques, et demande toujours aux entreprises chinoises en Afrique de se conformer strictement aux lois et réglementations locales, de respecter les coutumes et habitudes locales, et de faire des efforts pour rendre service à la communauté locale. Face aux déclarations lancées par certains pays de « concurrencer » la Chine en Afrique, Elle garde l’esprit d’ouverture et appelle tous les pays à abandonner la compétition géopolitique, l’exclusivisme et la pensée du jeu à somme nulle, à écouter les voix des amis africains, à respecter les choix du peuple africain et à travailler ensemble pour le compte du peuple africain.
Le principe d’innovation. L’innovation apporte non seulement une dynamique inépuisable au développement chinois, mais aussi une forte vitalité à la coopération sino-africaine, comme en témoigne le succès de la récente conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine à Dakar. Nous continuons à innover en matière de nos stratégies de développement pour promouvoir une interaction stratégique.
La Chine a mis en avant des Objectifs à long terme à l’horizon 2035 et un nouveau modèle de développement à « double cycle », nous sommes disposés à coordonner l’Agenda 2063 de l’UA et les stratégies de développement socio-économique du Burkina Faso pour promouvoir une meilleure complémentarité et renforcer la synergie des deux parties.
Nous continuons à innover dans le sens de l’exploration de nouveaux domaines de la coopération pour être en phase avec le temps. Dans le contexte actuel, la Chine et l’Afrique ont mis l’accent sur la coopération dans des domaines tels que la santé et la lutte contre l’épidémie de la Covid 19, la réduction de la pauvreté, le commerce et l’investissement, et ont élargi leur coopération dans des domaines émergents tels que l’économie numérique, l’économie verte et l’enseignement professionnel. Nous continuons à innover au sens de la diversification des acteurs de coopération pour renforcer la force de la coopération sino-africaine. La Chine encourage et soutient davantage de secteurs, de provinces, d’entreprises et d’institutions financières chinois, à travers le crédit commercial, l’investissement et de différents financements, à contribuer à la coopération sino-africaine.
Chers amis du Burkina Faso, j’espère que nous pouvons tirer la sagesse et la force de l’histoire de l’amitié Chine-Afrique et Chine-Burkina Faso et œuvrer ensemble à maintenir l’unité, à dégager le consensus et à innover, afin de rendre la coopération bilatérale plus dynamique en faveur du peuple et de créer un avenir plus radieux.
Minute.bf