Le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) est inquiet de la « persistance de la justice privée », après constat de plusieurs situations ayant conduit à la mort par représailles de plusieurs personnes dans différentes localités du Burkina. Dans un communiqué parvenu à www.minute.bf, le CISC appelle au renforcement des « capacités opérationnelles de la justice en donnant force à l’exécution des décisions de justice » pour contrer ce genre de pratique.
Le 28 août 2021, des agents du Centre de Contrôle des Véhicules automobiles (CCVA) étaient impliqués dans un accident causant la mort d’un enfant à Banlo, dans le Bouroum-Bouroum, région du Sud-Ouest. Les trois agents du CCVA étaient ensuite lynchés, provoquant une onde de choc dans tout le Burkina. Sauf que CISC a relevé que ce drame de Banlo ne constituait qu’un cas parmi tant d’autres, en plus, « en moins de 10 jours dans d’autres localités du Burkina Faso ».
À ce propos, le CISC a retracé la mort de deux civils non armés, tués par un Volontaire pour la Défense de la Patrie (VDP) qui a fait usage de son arme à feu, à Napadé, dans le Koulpelogo. En représailles, « les parents des victimes seraient allés tuer le papa du VDP », ce dernier ayant pris la poudre d’escampette, s’indigne le CISC. À l’origine de ces tueries, « une affaire de place dans un marché », regrette le président du CISC, Dr Daouda Diallo.
Le 5 septembre à Boudièri, commune de Kantchari, poursuit le CISC : « un agriculteur a tué un jeune berger de 12 ans au motif que ses animaux se seraient retrouvés dans son champ ». Là aussi, en réponse, les parents de la victime à leur tour sont allés « tuer l’auteur du crime au Centre médical de Kantchari malgré qu’il était sous escorte des éléments de la Brigade de gendarmerie de la localité », le 7 septembre dernier.
Ainsi, « foncièrement attaché aux principes d’un État de droit véritable, et inquiet de l’exacerbation de la violence, de la haine, de la justice privée, et du niveau l’intolérance », le CISC a souhaité que « toute la lumière soit faite sur ces différents crimes, car nul n’a le droit de se rendre justice dans un État de droit ».
Aussi, Dr Diallo et ses camarades dénoncent-ils « la diffusion sur des médias et réseaux sociaux des propos diabolisant et stigmatisant à l’encontre des populations du Sud-Ouest ».
Enfin, le CISC s’est réjoui de l’ouverture d’une enquête par la justice, ce qui concerne les cas les plus récents. Il l’invite d’ailleurs « à traiter avec célérité tous les dossiers de crimes dont le non-traitement participe à la fragilisation de la cohésion, l’unité nationale, mais aussi a pour conséquence le recours à la justice privée ». Dans ce sens, toujours, le CISC estime qu’il est « impératif de renforcer les capacités opérationnelles de la justice en donnant la force à l’exécution des décisions de justice ».
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