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jeudi 28 mars 2024

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Maire de Saaba: « La fermeture des marchés pose…problème » (Itw)

Dans une interview accordée à votre organe Minute.bf le 22 avril 2020, le maire de la commune de Saaba est revenu sur les dispositions prises par sa commune pour endiguer la propagation du virus. Il a appelé ses populations à plus de vigilance et à respecter le plus strictement possible, les meures barrières pour éviter la propagation du virus.

Minute.bf : A l’instar d’autres communes, celle de Saaba s’est dotée d’un plan de riposte contre le coronavirus. Vous avez installé, il y a quelques semaines, une coordination communale contre le Covid-19. Pouvez-vous nous présenter les missions de la coordination et les grands points de votre plan de riposte ? 

Joseph Dipama: Par rapport à la situation de la pandémie, nous avons jugé opportun, nous en tant que responsables de la commune de Saaba, de mettre une coordination au niveau de la commune, pour être en phase avec les autres structures dans la lutte contre le Covid-19. Avant la mise en place de cette structure, nous avons, conformément aux décisions du Chef de l’Etat pour cette lutte, réalisé des communiqués radiodiffusés pour sensibiliser les populations à l’observation des mesures barrières pour endiguer la propagation du virus dans notre commune. C’est pour répondre à cette situation que nous avons mis la coordination en place.

Au regard de ce qu’il se passe, il faut une structuration dans la lutte, pour ne pas laisser les ONG, les associations, etc., évoluer dans un désordre qui pourrait, peut-être amener les gens à ne pas se retrouver. Cette coordination a été mise en place avec toutes les composantes de la société (associations, religieux, coutumiers, représentation de l’administration, conseil municipal, etc.). Chacun dans la coordination représente une entité. Lorsque nous avons mis la coordination en place, rapidement nous avons essayé de voir quelles sont les autres mesures qui pouvaient l’accompagner. Raison pour laquelle nous avons mis en place, au niveau des différents villages, des comités villageois de lutte contre la pandémie, qui à leur niveau, sont des répondants de la coordination. Par rapport aux mesures, nous remontons tout ce qu’il faut faire au niveau de ces villages et nous recevons de leur part, les difficultés, les suggestions, lesquelles nous mettons en œuvre pour pouvoir répondre à cette lutte. Ce sont là, les missions de cette coordination.

Minute.bf : Pour éviter la propagation de la maladie, les rassemblements ont été interdits, ce qui a conduit à la fermeture des marchés, maquis, etc. Avez-vous prévu un accompagnement pour les commerçants ?

Joseph Dipama : Par rapport à l’accompagnement, je peux dire oui, parce que nous avons appelé à la fermeture des marchés, à l’instar de la commune de Ouagadougou. La commune de Saaba, quoiqu’on dise, a une population toujours en mouvement ; lequel mouvement pourrait engendrer des situations néfastes. Ainsi, nous avons appelé à la fermeture d’une douzaine de marchés dans notre commune. En plus de cela, nous avons essayé de lancer des demandes de soutien, pour pouvoir accompagner ces lieux. Comme ces marchés sont fermés pour le moment, l’installation des lave-mains, les gels hydroalccoliques, etc. n’aurait pas d’effet, et ce serait pousser les gens à repartir au marché.

Vidéo Extrait de l’interview:

Maintenant, par rapport à la situation difficile, nous en tant que collectivité, comme la situation de la pandémie n’a pas été prévisible, nous n’avions pas prévu de plan de riposte. Ce qui fait qu’au niveau de toutes les collectivités, si vous remarquez, c’est presque le silence radio, puisse que de nos jours il n’y a pas de sessions, il n’y a pas de regroupement. Donc, pour rassembler le conseil municipal et prendre des décisions étaient quasi impossible. Nous essayons par certaines stratégies de voir ce que nous pouvons faire pour parer à certaines difficultés. Nonobstant cela, au niveau de ces marchés, nous faisons des sensibilisations, des missions d’accompagnement par rapport au respect des mesures. Ce n’est pas facile, mais nous essayons tant bien que mal de juguler cela.

Minute.bf : Il n’y a donc pas eu de réaménagement de budget à Saaba pour lutter contre cette maladie. Nombreux sont ceux qui vous apportent leur soutien dans cette lutte. Pensez-vous que ces différents soutiens sont liés à la circonstance ou à votre leadership ?

Joseph Diapama : Comme vous le dites, c’est « bonnet blanc, blanc bonnet ». Il faut savoir que dans cette coordination communale, selon la composition, le préfet, responsable de l’administration du département de Saaba, est le coordonnateur ; le maire, président de la collectivité, est le président et en tant que président, vous comprendrez que je suis au four et au moulin. Nous avons fait appel à l’aide et par rapport au communiqué et aux informations, plus d’une personne a appris que nous avons mis le comité en place pour pouvoir lutter contre la pandémie. Chacun se sent interpellé et beaucoup de personnes viennent avec leurs contributions. Il faut aussi reconnaitre que le conseil municipal de Saaba a des partenaires qui travaillent avec elle. Ces partenaires apportent directement leurs contributions à la mairie. Lorsque nous recevons ces genres de contributions, nous informons au moins le bureau du conseil municipal et ensemble, nous essayons de voir ce que nous pouvons en faire. La plupart de ces dons, nous les avons transférés au niveau de la commission communale pour utilisation. Chaque lundi, nous faisons la mise au point de la gestion hebdomadaire de ces dons.

Minute.bf : Vous avez reçu les responsables des marchés le 21 avril 2020. C’est dire que des démarches sont menées pour la réouverture des marchés de Saaba. Comment cette réouverture va-t-elle s’opérer ?

Joseph Dipama : Etant donné que la situation sanitaire est nationale, il faut que nous essayions aussi de suivre le rythme, l’évolution de certaines situations. Nous avons constaté que la fermeture des marchés pose réellement un certain nombre de problèmes. Comme on le sait, dans toutes les régions, les communes, les gens s’affairent pour trouver des stratégies, pour voir comment l’on arrivera à faire revivre les localités. Nous avons appelé les responsables des marchés et ceux des comités de lutte, qui sont concernés. Nous avons eu des entretiens avec ces derniers, dans la perspective d’une éventuelle ouverture de ces marchés. Il s’est agi de voir, à la date d’aujourd’hui, quelles sont les mesures et stratégies que nous pouvons utiliser pour arriver, au moins, à rouvrir les marchés, avec certaines structures des marchés pour que la vie minimum puisse être observée. Au cours de ces échanges, il a été question de donner la possibilité à ces responsables d’échanger avec les acteurs directs sur place et de voir qu’est-ce qu’ils peuvent apporter comme contribution, aussi bien sur le plan matériel que sur le plan stratégie, pour que nous, en tant que commission communale, nous puissions appuyer. Nous leur avons donné 48 heures de réflexion, et demain (jeudi 23 avril ndlr), nous devons les rencontrer pour voir la stratégie que chaque marché a mis en place pour éviter la propagation du virus. C’est ainsi que nous pourrons identifier les marchés qui peuvent être ouverts. Nous avons été clairs. Si réellement un marché n’arrive pas à observer les mesures et n’arrive pas à une discipline quelconque sollicitée, nous ne permettrons pas sa réouverture.

Il y a un autre point que nous n’avons pas abordé. L’administration moderne et locale évoluent ensemble et doivent aller de pair. Mais malheureusement, dans la prise de décision pour lutter contre la pandémie, il y a un certain nombre de choses qui n’ont pas été observées. Vous avez dû apprendre que l’on ne devrait pas fermer subitement le marché de Rood-Wooko parce qu’il y a des rites, des situations qui devraient être observées avant toute action. Au niveau de la commune de Saaba, il y a aussi ces aspects. Donc nous avons approché les coutumiers et nous leur avons demandé de voir ce qui peut être fait avant ces réouvertures, de sorte à éviter d’exposer les gens à d’autres situations parce que je sais que le marché de Saaba observe aussi des rites comme le marché de Rood-Wooko. Saisonnièrement, il y a des choses qui se font. Nous avons fermé précipitamment le marché, est-ce qu’il y a un enjeu ou un problème ? Les coutumiers sont actuellement en concertation et nous attendons de voir ce qu’ils vont nous dire. Nous souhaitons que d’ici dimanche prochain, s’il se trouve qu’il n’y a pas de souci, et que les responsables des marchés sont prêts à observer et à suivre la discipline, nous pouvons procéder à la réouverture des premiers marchés.

Nous sommes actuellement en phase avec la direction nationale du volontariat et nous avons demandé dans la mesure du possible, dans le cadre de la possibilité de réouverture, de nous aider avec des volontaires bien aguerris, pour qu’ils puissent nous accompagner aux premières heures de la réouverture, dans la mise en œuvre des mesures barrières.

Minute.bf : Le gouvernement a décrété le port du masque obligatoire à partir du 27 avril prochain. Est-ce qu’au sein de votre coordination communale, il y a un plan pour doter les administrés de masques ?

Joseph Dipama : Nous sommes en concertation pour essayer de voir ce que nous pouvons faire. Mais une chose est sure, nous, en tant que coordination communale, nous ne pourrons pas donner des masques à tout le monde le 27 avril prochain. La commune de Saaba n’a pas moins de 600 000 habitants et avec le recensement qui n’est pas encore finalisé, il y a de forte chance que nous ayons un boum en matière de population. Nous allons faire ce que nous pouvons. Mais, pour l’heure, nous faisons des sensibilisations, nous interpellons les populations à tout faire pour être au rendez-vous le 27 avril.

Au Burkina Faso, tout le monde vit avec la politique de la main tendue. On ne veut même pas fournir un moindre effort. Même ceux qui sont nantis refusent d’accompagner ceux qui n’en ont pas. C’est regrettable ! Si réellement les gens étaient en phase, si tout le monde acceptait de se donner dans le cadre du développement de la nation, en principe, on ne devrait pas avoir de problème. Il y a des gens qui ont des millions d’habitants mais ils arrivent à s’organiser et à s’en sortir. Ce n’est pas l’Etat seulement qui doit tout faire. Mais au Burkina Faso, vous allez voir quelqu’un qui a peut-être un ou deux millions dans sa poche et qui vous demandera de lui offrir gracieusement un cache-nez. C’est la réalité de notre pays. Mais nous travaillons à cette sensibilisation et nous nous disons que la cause sera entendue. Nous nous disons que petit à petit les gens vont comprendre et chacun va mettre sa main dans la pâte pour qu’ensemble, on puisse relever ce défi. Sinon, nous sommes prêts à faire de notre mieux pour qu’un certain nombre de personnes, surtout des zones non loties, puissent en bénéficier. Samedi et dimanche, nous allons faire sortir des équipes pour la distribution des masques, mais à la hauteur de nos possibilités.

Minute.bf : Votre dernier mot ?

Joseph Dipama : Depuis la mise en place de la coordination, nous recevons beaucoup de dons, d’accompagnement en nature comme en espèce, ce qui a permis à la commission de mener un certain nombre d’activités, et jusque-là, de sillonner tous les 27 villages de la commune et de pouvoir donner des lave-mains, des gels, des cache-nez, etc. Chose qui a permis à la commission de pouvoir doter les centres de santé, les différents services et certains milieux publics de kits de protection. Nous demandons toujours aux bonnes volontés de continuer à nous accompagner, parce que c’est à ce seul prix que nous allons pouvoir venir à bout de cette lutte, de cette vision que la commission s’est assignée. Nous disons merci aux différents donateurs et nous leur assurons que leurs dons sont toujours matérialisés et sont utilisés à bon escient. Du reste, à l’issue de ces activités, nous allons dresser un tableau, nous sommes même en train de faire des actes de reconnaissance pour les décerner à tous ceux qui nous accompagnent et nous allons rendre publics tous les dons et surtout montrer à l’opinion nationale comment nos activités ont été menées.

Propos recueillis par Armand Kinda
Minute.bf

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