Dans le village d’Ogossagou au centre du Mali, précisément dans la zone de Bankass, une centaine d’éleveurs peulhs ont été massacrés samedi 23 mars dernier par un groupe de chasseurs dogons. Un massacre qui a poussé le président malien Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) à prendre des mesures intransigeantes.
Le massacre qui a eu lieu le samedi 23 mars dernier a obligé le gouvernement malien à se réunir en session extraordinaire le 24 mars. De cette session, des mesures fortes ont été prises à l’endroit de l’association auteure supposée du massacre des 134 peulhs. Une dissolution pure et simple, c’est la fatale sanction qui a frappé l’association Dana Amassagou. Une mesure dissuasive selon le chef du gouvernement malien, Soumeylou Boubèye Maïga qui a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier les coupables dans cette affaire et les « circonstances de ces crimes ».
En plus de la dissolution de l’association Dana Amassagou, des chefs militaires ont été démis de leurs fonctions. En effet, le Chef d’état-major général des armées, M’Bemba Moussa Keïta, et ceux de l’armée de Terre et de l’Air ont été sacrifiés dans cette affaire. Des nouveaux chefs ont donc été portés à la tête de l’armée et le gouvernement les a exhortés à « respecter les ordres qui leur ont été donnés », à savoir l’interdiction de la circulation des véhicules à deux roues sur un certain nombre de routes, et le désarmement de toute personne qui ne doit pas détenir une arme.
Deux pays différents mais une situation à forte ressemblance
En effet, au Burkina Faso, la Saint Sylvestre 2019 a été célébrée à Yirgou, dans la région du Centre-nord, dans un bain de sang. Pour cause, des individus non identifiés ont dans un premier temps assassiné 6 personnes dont le chef du village. Accusés par le groupe d’auto-défense Koglweogo d’être les complices des assassins, les Peulhs ont été pris pour cible. Plus de 49 morts selon un bilan officiel du gouvernement et 210 morts selon le bilan dressé par le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) qui, dès les premières heures de ce massacre avait diligenté une enquête sur les lieux pour déterminer le nombre de victimes et les circonstances de ces crimes, appelant l’Etat burkinabè à appliquer toute la rigueur de la loi contre les Koglweogo.
Mais, à en croire les premiers responsables du CISC, pas grande chose n’a été faite dans le sens de la dissuasion des Koglweogo qui « circulent toujours avec leurs armes ». Il s’avère que le gouvernement burkinabè a annoncé des mesures fortes contre les fautifs qui devraient subir la foudre de la loi, mais où en sommes-nous jusqu’à ce jour ? Plus de trois mois après les évènements, il y a certes eu des auditions, mais aucune arrestation selon le CISC qui a d’ailleurs appelé l’Etat à agir le plus tôt possible pour stopper cette hémorragie.
Le président du Faso doit donc aller à l’école du président malien qui, au lendemain des évènements, a dû secouer toute l’armée et dissoudre l’association dont les membres sont soupçonnés d’être les auteurs de ce massacre. Sanctionner les fautifs à la hauteur de leur crime aidera à apaiser les cœurs et à marquer un pas vers la réconciliation tant attendue par les Burkinabè. L’Etat doit exprimer son autorité en recadrant toute dérive de quelle que manière qu’elle soit.
Par Armand Kinda