L’étudiante Balkissa Zareï a soutenu son mémoire de fin de cycle Master en Sciences du langage, option Linguistique descriptive, le lundi 23 décembre 2024 à l’Université Joseph Ki-Zerbo. À l’issue de sa présentation, son travail a été jugé recevable par le jury, qui lui a attribué la note de 16/20.
C’est le Koromfé, particulièrement le parler d’Arbinda, que Balkissa Zareï a choisi d’explorer dans le cadre de son master en Linguistique descriptive. Son travail a porté sur la description du système phonologique de cette langue. Concrètement, il s’est agi pour elle d’identifier et analyser les phonèmes consonantiques et vocaliques, déterminer les structures syllabiques attestées dans la langue, et présenter les phénomènes morphophonologiques du Koromfé parler d’Arbinda.
Pour mener ses recherches, l’étudiante s’est appuyée sur la démarche méthodologique proposée en 1994 par le linguiste français Denis Creissels, spécialisée dans les langues négro-africaines. Ses analyses lui ont permis d’identifier, dans le système phonologique du Koromfé parlé à Arbinda, 31 phonèmes (21 consonnes et 10 voyelles), 9 structures syllabiques (dont 3 à rime légère et 6 à rime lourde), ainsi que 4 phénomènes morphophonologiques.
Un travail de valorisation du parler d’Arbinda
Si Balkissa Zareï a choisi d’étudier le Koromfé, c’est en raison du caractère minoritaire de cette langue au Burkina Faso. Le parler d’Arbinda, contrairement à celui de Pobé-Mengao, n’avait jamais été décrit linguistiquement. Selon elle, cette étude permettra d’élaborer une orthographe spécifique à ce parler et de le valoriser, notamment dans le cadre de l’alphabétisation au Burkina Faso.
« Le Koromfé comporte deux variantes : le parler de Mengao et celui d’Arbinda. Par manque de travaux, on transcrit souvent le parler d’Arbinda avec les phonèmes identifiés dans la variante de Mengao. Pourtant, ces deux parlers n’ont pas les mêmes sons. Par exemple, le parler de Mengao n’a pas de consonnes palatales, alors que celui d’Arbinda en comporte. Ce travail permettra donc d’élaborer une orthographe harmonisée pour mieux transcrire le parler d’Arbinda », a-t-elle expliqué.
A l’issue de sa présentation, Zareï a vu son travail jugé recevable par le jury qui lui a attribué une note de 16/20. Cette moyenne se justifie selon son co-directeur de mémoire, Dr Inoussa Guiré, par la qualité du travail et la pertinence du thème abordé.
A l’en croire, ce mémoire constitue une avancée majeure pour la transcription orthographique du Koromfé. « Elle a pris en compte les remarques reçues, analysé le parler d’Arbinda et confirmé scientifiquement l’existence de phonèmes spécifiques à ce parler. C’est un travail qui enrichira le guide orthographique du Koromfé », a-t-il souligné.
Dr Guiré a également souligné que cette étude contribuera à la promotion et à la valorisation du Koromfé qui est une langue minoritaire. L’analyse de Zareï offre notamment au Koromfé parler d’Arbinda, un statut de langue scientifique, ce qui permettra sa prise en compte dans les politiques linguistiques. « Avec ce travail, on pourra élaborer des documents sur le Koromfé dans son ensemble et c’est d’une grande utilité dans la promotion de cette langue », a-t-il relevé. Il a invité les étudiants à s’intéresser aux autres variantes de cette langue, comme celles de Pèla et de Terra.
Pour rappel, le 30 décembre 2023, l’Assemblée législative de transition (ALT) a adopté une loi officialisant 59 langues nationales au Burkina Faso. Ces langues devraient bientôt être intégrées dans les sphères politique, juridique, économique et administrative du pays.
Oumarou KONATE
Minute.bf
Bonjour et merci infiniment (baarkka neeh) à dooffret ndassi à paangan.
Je suis vraiment fiers de notre sœur pour cet excellent travail. Toute la communauté KOROMBA sont reconnaissant, félicitations et du courage