Dans le cadre de la 13e édition des Universités africaines de la Communication de Ouagadougou (UACO), l’homme de médias burkinabè, Dr Cyriaque Paré, fondateur de l’Institut superieur de la Communication et des multimédias (ISCOM) et du journal Lefaso.net, a animé une communication sur la conception populaire de la responsabilité sociale du journaliste en situation de guerre. C’était le 09 décembre 2023 à Ouagadougou.
« Responsabilité sociale du journaliste en temps de crise au Burkina Faso : Analyse du discours populaire sur une problématique controversée », c’est sur ce thème que Dr Cyriaque Paré a été appelé à se prononcer. Il s’est agi pour l’enseignant-chercheur dans les écoles de journalisme, d’analyser le contenu que les citoyens burkinabè donnent de la notion de responsabilité sociale réclamée aux professionnels des médias.
Dans le développement de la thématique, Dr Paré a relevé que depuis un certain temps, les citoyens sont de plus en plus enclins à interpeller les hommes de médias sur leur responsabilité sociale, alors que de façon traditionnelle, la responsabilité sociale du journaliste est codifiée par les règles d’éthique et de déontologie qui fixent les comportements à adopter.
Ces règles de déontologie et d’éthique dans le journalisme sont elles-mêmes encadrées par des chartes qui, selon Dr Paré, s’appuient, sur la Déclaration universelle des droits de l’Homme et aussi sur les Constitutions des différents pays, en ce qui concerne la liberté d’expression. Ainsi, dit-il, qu’il s’agisse de la Charte de Munich (européenne) , de la Déclaration de Windhoek (africaine), de la Charte de l’AJB (nationale) ou encore de la Charte des médias en ligne du Burkina Faso, les grands principes déontologiques demeurent les mêmes. « Ce sont des règles qui sont assez précises en matière de comportements, à savoir que le journaliste a pour mission d’informer le public en respectant la vérité et surtout en respectant l’intérêt général, en étant impartial. Ce sont des règles que nous avons apprises et que nous enseignons à nos étudiants. Mais aujourd’hui, nous sommes dans un contexte spécifique où on nous dit d’agir autrement, de travailler autrement, j’allais dire d’être simplement des outils de relais de la communication officielle », a indiqué l’homme de médias qui se pose la question de savoir la légitimité d’une telle conception et le contenu que les populations donnent à cela.
Pour répondre à cette question, Dr Cyriaque Paré s’est intéressé aux commentaires des internautes sous les publications des pages Facebook et des plateformes comme la page du média Lefaso.net et du Service d’information du Gouvernement (SIG). Il a ciblé notamment les publications en lien avec la suspension de la radio Omega au Burkina Faso. « Il ressort de notre petite recherche que dans les innombrables déclarations, analyses d’experts ou commentaires de profanes, la déontologie et l’éthique nouvelles sont invoquées et réclamées presque par tous ; sans qu’on n’en ait un contenu très précis. Si les citoyens, de façon quasi unanime en appellent à la responsabilité sociale des journalistes, à une pratique du métier qui soit en phase avec les enjeux ‘patriotiques’ du moment, personne ne dit clairement quel est le contenu de cette responsabilité sociale, comment elle doit être pratiquée. Et cela est valable pour les responsables politiques qui exigent le respect d’une éthique et d’une déontologie spécifiques à la période de crise, au respect de ‘lignes rouges’ à ne pas franchir, sans toujours tracer clairement ces lignes », a noté l’homme de médias.
Poursuivant sa communication, M. Paré a souligné que le débat sur le rôle social du journaliste est aussi vieux que le métier du journalisme lui-même. En témoigne des faits d’histoire comme l’histoire de la Radio mille colline au Rwanda, l’incendie du siège de L’Observateur paalga en 1984, l’assassinat de Norbert Zongo en 1998 et le concept de « journalistes revolutionnaires » qui a émergé sous le Conseil national de la révolution (CNR). A l’en croire, le rôle social du journaliste a toujours fait l’objet de critiques à travers le temps et les pouvoirs, chaque régime désirant adapter le rôle du journaliste à ses intérêts du moment. « A travers le temps, on a toujours critiqué la responsabilité sociale du journaliste selon que ce qu’ils font ne fait pas l’affaire de ceux qui sont en place. Vous prenez le cas de Norbert Zongo qui enquêtait sur la mort d’un chauffeur. Est-ce que ce qu’il faisait n’était pas conforme à la justice sociale ? Ça l’est. Mais ceux qui étaient au pouvoir avaient décidé que ce n’était pas le cas, qu’il n’assumait pas correctement ce qu’ils pensaient être sa responsabilité sociale et ont donc décidé de mettre fin à sa vie de la manière la plus affreuse que nous connaissons. Voilà un peu comment, en fonction des intérêts, des puissants du jour, on peut adapter la responsabilité sociale à des causes qui n’ont rien à voir avec l’intérêt public et amener le journaliste à être au service d’intérêts qui ne sont pas l’intérêt général », a dit le communicant du jour.
Oumarou KONATE
Minute.bf
Non Dr Cyriaque Paré, on vous demande d’être surtout des journalistes africains au service de l’Afrique; pas des diplômés en journalisme. Le jour vous(les journalistes) répondrez de façon objective à la question » quel est le rôle fondamental du journalisme dans le développement de l’Afrique? vous comprendrez l’importance d’africaniser votre corps de métier.
J’ai beaucoup de respect pour le développement et la démarche scientifique dans la définition problématique des défis du moment. Cependant, l’exemple de Norbert Zongo ne me satisfait pas du moment où ce n’est pas le pays entier (soutiens et opposants au pouvoir d’antan) qui était menacé. De plus, ce n’est certainement pas une décision officielle qui avait décidé du sort de NZ. Je ne souscris forcément pas à un certain dirigisme de tout bord mais « comparaison n’est pas raison » ici. À moins que le développement n’ait pas permis d’élucider suffisamment ce point précis. Respects distingués 🙏
Face à une situation, il y a t’il vraiment une personne d’impartiale, journaliste soit-il ? Aussi, il n’y a pas de vérité, il n’y a qu’un point de vue.